C’est peut-être l’administrations la plus résiliente face à la crise sanitaire mondiale. Le Port Autonome de Kribi, qui dépend à plus de 60% de la Chine, achève l’année 2020 « sur une note de satisfaction », se réjouit Patrice MELOM. Le DG, qui dit avoir atteint les objectifs « et parfois même dépassé », cite deux indicateurs de cette vitalité économique. Le nombre d’escales : « Nous espérions 376 escales navires en 2020 et ce chiffre a été dépassé s’établissant ainsi à 457 escales », et les recettes notamment douanières qui « sont de l’ordre de 70 milliards en fin 202 ». Dans cette interview, le DG présente les remèdes qui lui ont permis de résister au Coronavirus.
Monsieur le Directeur Général, sur quelle note est-ce que le dirigeant que vous êtes, pense avoir clôturé l’an 2020 ?
Je ne vais pas être modeste parce qu’à la vérité, l’année s’est clôturée sur une note de satisfaction. De manière générale, nous avons atteint nos objectifs et parfois même, les avons dépassés. Il y a donc lieu d’être satisfait. Je souligne par ailleurs que le PAK n’est encore qu’une jeune structure, qui pose encore ses fondations. Nous expérimentons diverses approches qui donnent de bons résultats. Beaucoup reste encore à faire mais ce que nous avons posé comme fondations nous permet de croire que la construction sera viable.
On peut se permettre quelques chiffres ?
Evidemment ! Nous espérions 376 escales navires en 2020 et ce chiffre a été dépassé s’établissant ainsi à 457 escales. Les recettes issues de l’exploitation sont celles qu’on attendait et par extension, les recettes douanières qui sont un excellent indicateur de la vitalité économique des flux transitant par le port sont de l’ordre de 70 milliards de FCFA en fin 2020. Ce n’est absolument pas négligeable, puisqu’on est parti d’un milliard de recette annuelle sans le port en 2017, pour passer à 9 milliards en 2018. Une première année où on a fonctionné que neuf mois. En 2019, qui a été la première année de fonctionnement pleine du port, la douane a quand-même enregistré 24 milliards. Pourtant c’était une année très difficile pour le PAK à cause de la fermeture du service maritime connecté en direct avec l’Asie sur lequel nous fondions beaucoup d’espoirs. Il a fallu faire d’énormes investissements en termes de promotion pour maintenir la tête hors de l’eau. Et cette fois, fin 2020, elle fait 70 milliards. Cette progression montre à suffisance qu’il y a de l’activité au port de Kribi.
Est-ce à dire que le PAK n’a pas été impacté par le COVID-19 ?
Le PAK n’a pas échappé à la secousse mais nous avons réussi à mitiger l’effet de la crise sanitaire. Comme je disais plus haut, les indicateurs les plus illustratifs démontrent que les prévisions de trafics ont été au rendez-vous, de nouveaux opérateurs ont continué à s’installer, qu’ils soient amodiataires ou préposés et enfin, de nouveaux chargeurs et réceptionnaires ont fait confiance au port de Kribi. C’est grâce au fait que nous avons rapidement mis en place un plan de riposte englobant un réajustement stratégique, qui a permis que les réalisations rejoignent les prévisions. Il ne faut cependant pas croire que la pandémie ne nous a pas impacté, bien au contraire. On aurait voulu et on aurait pu faire mieux, si le mal n’était pas intervenu. Parce que nous travaillions à augmenter les trafics domestiques en import/export et également à accélérer le déploiement des industriels et prestataires logistiques sur la zone péri-portuaire.
L’année 2020 avait débuté avec l’implémentation du Système d’Information Portuaire (SIP). Peuton dire aujourd’hui que le Port de Kribi est un port connecté à toute sa communauté ?
Absolument ! Le SIP est d’ailleurs l’une des fiertés du PAK à ce stade. Nous n’en parlons peut-être pas encore assez mais cela se fera. Je peux déjà me réjouir de ce qu’en très peu de temps, le PAK ait réussi à mettre en place des outils numériques qui vont lui permettre d’être performant et de maitriser son environnement sur la place portuaire. Le SIP à Kribi est désormais une réalité. Sa mise en œuvre se fait progressivement, module par module mais il y a déjà beaucoup d’activités qui passent par ce canal : les accès ; la gestion des navires ; la gestion marchandises et autres. Il y a des interfaces avec Camcis de la Douane et E-GUCE du guichet unique.
Tous les acteurs sont informés et utilisent cette plateforme qui devient incontournable. Nos collaborateurs s’attèlent à former tous les partenaires à son utilisation et les suivent. Nous travaillons très étroitement à élaguer les difficultés qui se présentaient au début et tout le monde voit comment les choses se simplifient au fur et à mesure. Nous avons de réels motifs d’être optimiste au regard des potentialités de cet outil qui n’est pas figé mais s’améliore au fil du temps. Il est adaptable aux besoins des utilisateurs et facilite les conditions de travail. En termes de conduite de chargement, c’est une révolution profonde qui redéfinit les métiers et les missions des opérateurs, nous sommes convaincus que ce choix irréversible qui implique forcément une période de transition et d’assimilation difficile et usante, est le prix à payer pour permettre à notre port de faire le saut le qualitatif de la modernité.
Quid de la connectivité physique via les routes ?
C’est le gros point d’amélioration, le maillon faible de notre place portuaire. Bien que notre influence soit plutôt limitée sur ce domaine, nous allons continuer à multiplier les recherches de solutions et les actions de lobbying car c’est un domaine qui relève des prérogatives du gouvernement. Et nous savons tous que notre pays, à l’instar de tous les autres pays de la planète, subit les contrecoups d’une crise financière internationale. Il y a lieu, cependant, d’espérer que l’Etat tiendra jusqu’au bout ses engagements, notamment en améliorant de manière plus ou moins pérenne la desserte Edéa-Kribi. D’ailleurs, le ministère des Travaux publics nous a encore récemment réitéré ses assurances quant au confortement des routes à court terme. A plus long terme, il sera question de conduire à sa finalisation les travaux de construction de l’autoroute Lolabe-Kribi-Edéa. On va également citer le projet de construction de la route Kribi-Ebolowa dont les travaux devraient démarrer cette année. Voilà autant de perspectives qui, à coup sûr, permettront de retenir le flot d’investisseurs qui chaque jour se presse ici à Kribi.
2021 étant lancée, quel est le challenge annuel du PAK ?
Il va s’agir de maintenir les acquis. Progressivement, les gens apprennent à compter avec le Port de Kribi. C’est un acquis à maintenir. Ça passe par la qualité de service que nous devons continuer à améliorer. Nous devons satisfaire les demandes de nos clients qui sont de plus en plus nombreux. Le challenge va donc être d’exister de mieux en mieux, d’attirer plus de volumes, de faire plus de trafic domestique que de transbordement, afin que le port puisse être à flot et contribue davantage à l’émergence de l’économie nationale. Nous avons plusieurs projets à suivre, notamment celui de création de la zone logistique et industrielle qui est un projet phare. Il y a la phase 2 d’extension du port que nous suivons afin qu’elle évolue de manière optimale, de même que les projets d’adduction en eau et en énergie. Ce sont de gros challenges parce que les investisseurs frappent de plus en plus à la porte et réclament tous ces services de base pour pourvoir investir et s’installer à Kribi. Enfin je n’oublie pas les actions RSE qui nous tiennent particulièrement à cœur, une attention encore plus marquée que les années d’avant sera mise pour mettre en œuvre des actions qualitatives, bénéfiques et favorable à toutes communautés riveraines.
Où en êtes-vous vous avec le projet de zone franche ?
Il faut déjà comprendre qu’une zone logistique et industrielle c’est de l’aménagement pour l’installation des opérateurs. La zone franche ou zone économique va être un statut qu’on donne à cette zone logistique. Le PAK travaille effectivement avec le gouvernement pour obtenir ce statut, en même temps que nous recherchons des financements pour l’aménagement physique de la zone. L’idée est que les investisseurs qui souhaitent s’installer trouvent des facilités conséquentes. Ils l’exigent d’ailleurs, en faisant des comparaisons avec d’autres pays qui leur offrent tellement d’avantages. Le marché Camerounais est manifestement attractif mais il reste encore des facilités et divers abattements fiscaux pour booster les installations.
Quel message adressez-vous aux partenaires du PAK pour 2021 ?
Déjà, nous les remercions de nous faire confiance. Nous les encourageons à continuer à travailler avec nous. En retour, nous nous engageons, dans la mesure de nos moyens, à améliorer la qualité des services, à maintenir la flexibilité que nous avons instaurée dans nos relations. Des relations de proximité qui vont être renforcées. A ceux qui ne travaillent pas encore avec nous, nous les invitons à venir découvrir la place portuaire de Kribi, les assurant qu’ils y trouveront des arguments pour rester.
Un dernier mot en direction de vos collaborateurs en entreprise…
Ils méritent d’être félicités parce qu’ils ont permis que la structure existe. Ils y ont contribué, chacun à sa manière. Ils doivent donc être félicités pour les résultats qui sont le produit d’une action icollective. Ensuite, il faut qu’ils sachent que ce n’est pas facile de se maintenir quand on commence à s’élever. Le défi est de se maintenir, éviter la chute. Donc, que chacun redouble d’effort, surtout que cette année apportera un important volume de travail qui va exiger que chacun y mette encore plus d’énergie. Ils doivent donc se préparer à cela. Enfin, je vais évoquer les petits soucis de discipline que nous rencontrons ci et là. Il faut que les uns et les autres se reprennent afin que le rendement du PAK soit meilleur. Quant à nous à la Direction générale, nous ferons le nécessaire pour améliorer les conditions de travail qui jusque-là ont été minimales.
Cette interview a été publiée dans « La Lettre du PAK »