Gaëlle TCHATAT : « Ma ceinture de sécurité m’a sauvée la vie dans un accident de la circulation »

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Image du bus transportant Gaëlle TCHATAT couché au niveau de la Dibamba

Cette chef d’entreprise d’une trentaine d’années a été victime d’un accident de la circulation sur la route Yaoundé-Douala. Son bus appartenant à l’agence de transport interurbain de personnes (la plus réputée du pays) s’est renversé, une partie du véhicule suspendu dans le vide, au sommet d’un ravin, aux encablures de la Dibamba, sur la route Yaoundé-Douala. Pendant les manœuvres engagées par le conducteur pour esquiver un camion fou qui tentait un dépassement en troisième position, plusieurs passagers (n’ayant pas porté leurs ceintures de sécurité) ont été éjectés de leurs sièges. L’une des passagères a d’ailleurs été projetée à l’extérieur, après avoir brisé la vitre pendant son passage. Celle-ci finira d’ailleurs avec une partie du corps sous le bus, avant d’être tirée par des ouvriers d’une entreprise de BTP engagée dans les travaux de réhabilitation de cette route nationale. Dans son témoignage, Gaëlle TCHATAT nous fait revivre ces secondes au cours desquelles elle a failli perdre sa vie.

Il est 8h16 minutes quand le bus Vip de l’agence de transport interurbain FINEXS Voyages quitte son agence de Yaoundé pour se rendre à Douala. A son bord, près de 70 passagers s’y trouvent y compris Gaëlle Tchatat, une jeune dame allant en mission à Douala. Nous sommes alors le mercredi, 16 Février 2022. Moins d’un quart d’heure plus tard, les passagers sont soumis à premier contrôle de police à Mbankomo. Tout ce qui leur est demandé, c’est de décliner leur identité au moyen d’une carte nationale d’identité. Au moment d’embarquer à nouveau, l’hôtesse leur soumet à un autre contrôle. Cette fois ci, des bagages à mains. « Elle veut s’assurer que personne ne monte avec une boisson alcoolisée ou un aliment à forte odeur », lance ainsi Jacques (un client fidèle de l’agence), à sa voisine de Gaëlle, qui semble perplexe par cette fouille.

Accident

Le voyage suit son cours. Au bout de trois heures et quarante-cinq minutes plus tard, le bus se renverse à contre bas d’un ravin, fauché par un camion benne rouge à dix roues immatriculé « LT 585 EY ». Ce dernier tentait un dépassement en troisième position et s’est retrouvé nez à nez avec le bus de l’agence de transport interurbain. Le chauffeur du bus voulant éviter une collusion, a braqué le volant à sa droite et a foncé vers la broussaille. C’est ainsi que le bus s’est retrouvé au sol. L’arrière posé sur une motte de terre tandis que l’avant suspendu dans le vide. Gaëlle étant sortie idem de cet accident raconte : «  Le chauffeur étant à l’avant du bus avec d’autres passagers, leur a demandé de migrer doucement vers l’arrière pour éviter que leur poids ne fasse basculer le bus dans le ravin. Peine perdue, ils ont cédé à la panique et comme un troupeau de bœufs, ils couraient pour nous rejoindre nous, qui étions tombés sur la terre. Heureusement pour nous, l’accident a eu lieu à environ 2 km du pont de la Dibamba, où s’effectuent les travaux routiers sur cette nationale n°3. Les manœuvres du chantier ont aussitôt accouru à notre rescousse. Tandis que certains essayaient de retenir le bus pour éviter qu’il bascule dans le vide, d’autres s’activaient à élargir l’une des vitres brisées durant la chute, pour nous évacuer ». Mission difficile pour ces sauveteurs de fortune car la plupart des passagers voulaient sortir tous en même temps par cet orifice. L’ordre habituel « femmes et enfants d’bord » comptait pour du beurre.

Cause des blessés

En fin de compte, ces sapeurs-pompiers improvisés ont réussi à évacuer tous les passagers du bus n°87 de la compagnie de voyage inter urbain. Aucune perte en vie humaine n’est enregistrée. En revanche, nous notons plusieurs blessés plus ou moins graves parmi lesquels l’hôtesse de la compagnie.

« Je remercie Dieu parce que je n’ai rien eu. Même pas une égratignure et ce, grâce à la ceinture de sécurité», nous confie Gaëlle avant de poursuivre. « La plus part des blessés sinon la quasi-totalité sont ceux qui n’avaient pas attaché leurs ceintures de sécurité. Durant la chute, j’ai vu les gens planer. Ils ont été éjectés de leurs sièges (situés sur la rangée du chauffeur ndlr) pour se retrouver de notre côté (rangée opposée à celle du chauffeur, côté couché sur la motte de la ndlr) ». Certains s’en sortent avec des foulures, des hématomes sur la tête, des courbatures. Pire, le bus renversé sur les jambes d’une passagère. « C’est le cas d’une jeune fille éjectée. Elle s’est retrouvée hors du bus avant la chute en brisant la vitre par laquelle nous sommes sortis, et le bus s’est couché sur elle. Heureusement, elle a pu être dégagée ».Nous relate Gaëlle.

Pour éviter de se retrouver dans un cas similaire, Gaëlle en plus de vérifier sa ceinture de sécurité, a attrapé de toutes ses forces la barre de fer devant elle (étant assise juste après les marches du bus), a rapproché la tête de ses genoux. Voilà l’action qui l’a aidée elle et son voisin qui l’imitait, à échapper à toute blessure ou commotion. D’autres par contre, ont eu le réflexe de s’agripper fortement sur le siège avant pour éviter toute chute.

Problématique

Pour ce cas, les passagers et divers niveaux de contrôle ont prêché par le mauvais exemple. Ils n’ont pas eu le bon réflexe. Celui d’attacher ou de veiller à l’utilisation de la ceinture de sécurité présente sur tous les sièges. En revanche, dans certains autres cas, certains sièges ne sont pas équipés de cet élément de base, y compris dans les bus Vip, comme nous le confirme Alain ; « Je me souviens avoir voyagé via cette agence il y a deux ans. Prenant toujours le Vip, j’ai été surpris que mon siège ne soit pas équipé de ceinture de sécurité. Pareil pour celui de mon voisin direct. En fait ils considèrent comme Vip, les bus étant doté de climatisation ». Interrogé sur la question, Henri nous répond : « ça sert à rien de dépenser 1500 ou 2500fcfa de plus pour prendre leur Vip là. C’est cher juste à cause de la climatisation. Je ne prends que le classique et je me rafraîchis en ouvrant la fenêtre parce qu’en dehors de la clim là les bus sont pareils. Les sièges du classique n’ont presque jamais de ceinture de sécurité ».

A qui la faute ? Les propriétaires ? Les différentes missions de contrôle ? Les passagers ? Des questions fusent sur ce point central de la sécurité routière. Pourquoi cette notion élémentaire de sécurité est-elle bafouée ? Comment réintégrer cette base dans les mœurs des usagers de la route ? Compte tenu de l’importance de la ceinture de sécurité et de son efficacité dans la réduction des traumatismes en cas d’accident, il est indispensable d’agir immédiatement pour réduire les blessés et morts sur nos routes camerounaises.

 

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