La phase 2 du Port de Kribi, mise en service début mai dernier devrait booster les recettes du Port Autonome de Kribi (PAK). C’est en tout cas l’analyse faite par Patrice MELOM, Directeur Général, dans une interview accordée au journal EcoMatin.
« Dès la fin de cette année, nous espérons bénéficier d’une augmentation de 30% de nos recettes liées à nos redevances marchandises, 20% de nos recettes liées à nos redevances navires et 15% de nos autres sources de recettes », a-t-il anticipé.
Des ressources financières qui seront générées d’une part grâce à l’augmentation des capacités de traitement des marchandises du terminal à conteneurs (elles passent de 350 000 EVP à 1 million d’EVP) ; et des effets induits sur l’accroissement des capacités de traitement du terminal polyvalent (elles passeront de traitement d’1,2MT à 4 MT).
Et d’autre part, par l’augmentation des capacités d’accueil, avec dans la partie Onshore du Port de Kribi, le terminal polyvalent (exploité par Kribi Multipurpose Terminal, filiale de ICTSI) de 615 ml de quai doté de 23 hectares de terreplein ; et le terminal à conteneurs (exploité par Kribi Conteneurs Terminal, filiale d’Africa Global Logistics) de 715 mètres linéaires de quai, doté de 41 hectares de terreplein.
« Dès lors nous passons de deux postes à quai en phase 1 à quatre postes à quai disponibles pour des navires de référence de 200 000 tonnes de port en lourd (TPL). Sept portiques STS, une grue mobile MHC, 25 portiques RTG et 48 tracteurs portuaires permettent dès lors l’exploitation du terminal à conteneurs, ce qui va fortement contribuer à l’amélioration des services logistiques du Port de Kribi », a analysé Patrice MELOM.
L’hinterland
Les pays de l’Hinterland devraient contribuer fortement à tirer ces recettes vers le haut. En 2024, le trafic en tonnes en provenance ou à destination du Tchad (premier client africain du Cameroun avec 149,1 milliards de FCFA de marchandises importées) et de la RCA a progressé de 34%. « Nous constatons une tendance similaire sur le 1er semestre 2025 », a noté Patrice MELOM.
Motivée par cette hausse du trafic, la RCA (troisième client africain du Cameroun avec 34 milliards de FCFA de marchandises importées (selon l’Institut National de la Statistique) a d’ores et déjà renforcé les pouvoirs de son Antenne Extérieure des Douanes de Kribi.
Désormais « Antenne des Douanes de plein exercice » (suite au changement de dénomination), le nouveau centre douanier de la RCA a les coudées franches dans la réalisation des opérations douanières des marchandises à destination de la RCA.
Elle sera désormais chargée de centraliser les flux des données portant sur les marchandises importées ou exportées via le Port de Kribi, et assurer la traçabilité dans le processus d’acheminement du dédouanement ; d’améliorer la collecte et la sécurisation des droits et taxes de douanes ; de sécuriser le transit des marchandises à destination ou en provenance de la RCA ; de fournir les informations requises à la Direction Générale des Impôts et des Domaines, en vue de l’élargissement de l’assiette fiscale ; et de développer l’échange d’informations entre les administrations douanières du Cameroun et de RCA.
Phase 2
Lancée en 2019, grâce à un financement d’environ 392 milliards de FCFA supporté par Eximbank Chine et l’Etat du Cameroun, la phase 2 du Port de Kribi portait essentiellement sur l’extension du quai du terminal à conteneurs de 715 ml supplémentaires (pour le porter à 1 100 mètres).
Les travaux réalisés par la China Harbour Engineering Company-CHEC (sous le constrôle du tunisien Studi International), ont également permis des avancées majeures en termes d’infrastructures et d’équipements. A ce titre, on note la prolongation de 675 m de la digue de protection ; l’aménagement de 30 ha de surface attenante au quai, la construction de bâtiments techniques et administratifs supplémentaires ; l’installation d’un Vessel Traffic System (VTS) complet intégrant un radar, un système automatique d’identification (AIS) et des équipements de vidéosurveillance.
Pour Patrice MELOM, la mise en exploitation de la phase 2 du port de Kribi soulève plusieurs enjeux de compétitivité cruciaux, tant à l’échelle du terminal lui-même que dans le contexte régional, national ou international.
« Tout d’abord elle nous permet de renforcer notre attractivité en modernisant notre infrastructure et en accueillant de nouveaux services maritimes ainsi que des armateurs de premier plan. Et elle nous permet de réduire les coûts et les délais de passage en optimisant le temps d’escales des navires et en améliorant la productivité portuaire à l’aide de nos nouveaux équipements », a-t-il réagi.
Avant de conclure qu’« ainsi le Port de Kribi se positionne désormais comme un hub logistique stratégique de la région du Golfe de Guinée grâce à sa capacité à accueillir des navires géants d’une part et favorise le repositionnement des principales routes maritimes mondiales vers le Cameroun en particulier ».