Le Cameroun achève la construction de la route Babadjou-Bamenda et fait un pas vers la résolution de la crise anglophone

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Route Babadjou-Bamenda achevée

Le Premier Ministre, Chef du gouvernement, Dr Joseph Dion Ngute, a procédé ce 17 septembre 2025 à la mise en service officielle de la section Babadjou-Welcome to Bamenda. Le parcours de l’itinéraire qui relie les régions de l’Ouest et du Nord-ouest, sur le corridor transfrontalier Yaoundé-Bafoussam-Bamenda-Ekok-Enugu a permis de découvrir une infrastructure routière construite dans le strict respect des normes en la matière.

L’infrastructure routière mise en circulation s’étend sur 35 km, entre Babadjou et Welcome to Bamenda, non compris les sections qui permettront la connexion entre cette route nationale et le réseau routier urbain de la ville de Bamenda. Les travaux ont coûté 171,4 milliards de FCFA.

« Elle comporte toutes les garanties de qualité et de durabilité requises, conformément aux normes techniques en la matière. Sa durée de vie est de vingt (20) ans », a expliqué Emmanuel Nganou Djoumessi, le Ministre des Travaux Publics (MINTP).

La structure de chaussée comporte une couche de forme en matériaux recyclés de la chaussée en place sur une épaisseur de 30 cm, une couche de fondation en grave concassée de 20 cm, une couche de base en grave bitume de 13 cm et une couche de roulement de 5 cm en béton bitumineux.

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Il s’agit d’une chaussée bidirectionnelle de 35,050 km comprenant : 1,2 km de chaussée unidirectionnelle en 2 x 2 voies aménagée sur la traversée urbaine de Babadjou, y compris l’éclairage public ; 2,1 km de chaussée unidirectionnelle en 2×2 voies aménagée sur la traversée urbaine de Santa, avec la mise en œuvre de l’éclairage public ; 69 ouvrages hydrauliques reconstruits et 29 551 ml de fossés construits.

Outre ces deux lots, les itinéraires Bamenda up-hill station by-pass sur un linéaire de 4,930 km et Ecole des champions Amour Mezam Junction (5,5 km) viennent donner plus d’envergure au projet. Dans la logique de reconstruction de la region du Nord-ouest et partant, de la ville de Bamenda, le projet d’aménagement de la traversée de la ville de Bamenda, sur l’itinéraire : Amour Mezam Junction – Finance Junction -Veterinary Junction – Hospital Roundabout – Food Market – City Chemist Roundabout-Veterinary Junction (6,538 km).

Un pas vers la fin de la crise

L’histoire de la route Babadjou-Bamenda est étroitement liée à celle de la crise anglophone qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis 2016. Face à l’état de dégradation avancée dans laquelle se trouve la route au début des années 2000-2010, le gouvernement lance les travaux de réhabilitation.

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Début mai 2017, le chantier est confié au français SOGEA SATOM pour environ 37,076 milliards de FCFA. Mais sur le chantier, l’entreprise fait rapidement face aux tensions sécuritaires. Ses engins sont notamment mis à feu par des inconnus, présentés comme faisant partie de la milice sécessionniste ambazonienne.

Devant l’entreprise qui demande des garanties sécuritaires et des dédommagements financiers, l’Etat du Cameroun engage des négociations. Durant trois ans, aucun accord n’est trouvé pour un retour de SOGEA SATOM sur la route Babadjou-Bamenda. Décision est alors prise de procéder à une réattribution du marché à d’autres entreprises, cette fois avec des innovations.

Le sectionnement du linéaire en plusieurs lots (Babadjou-Matazem, Matazem-Welcome to Bamenda, la traversée urbaine de Bamenda, etc.) ; et l’attribution des chantiers aux entreprises camerounaises, à l’instar de BUN’S.

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Dans une interview accordée à BOUGNA fin mars en 2021, Emmanuel Nganou Djoumessi, le Ministre des Travaux Publics, adresse un message clair. « Ce que je vais donner comme garantie, c’est qu’il y a cette mobilisation citoyenne des populations qui veulent la route. Vous et moi, nous voulons la route. Les Comités de vigilance sont organisés. Je ne vais pas vous dire qu’on va mettre des gendarmes, des policiers ou des militaires en tenue derrière chaque conducteur d’engin pour construire une route. Mais il y a aussi des malfaiteurs, des bandits qui viennent poser des actes, qui, malheureusement, sont toujours imputables à la violence socio-politique qu’on enregistre dans cette partie de notre pays », déclare-t-il.

Confortés par la Banque mondiale, les entreprises se mettent à l’œuvre. Babadjou-Matazem est achevée fin 2023, puis, Matazem-Welcome to Bamenda en 2025. La route, qui constituait le point de rupture le plus visible entre le Cameroun francophone et le Cameroun anglophone est de retour. Ouvrant la voie à une résolution totale de la crise.

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