Quelques années après la signature des MOU avec les mairies de Fotokol, Bourha, Kolofata et Mora, vous voici à nouveau à Maroua, cette fois, pour confirmer cette promesse faite par le Chef de l’Etat, à travers la Douane camerounaise. Quelle symbolique accordez-vous à cet événement ?
C’est avec une immense joie doublée d’un sentiment de profonde satisfaction que je prends la parole dans ce beau cadre de « WOILA VISION », après les mots aimables à notre endroit, de Monsieur le Maire de la Ville de Maroua, dans le cadre du parachèvement d’un processus débuté longtemps à l’avance à travers cette cérémonie de signature des conventions constitutives des centres de négoces entre la Direction Générale des Douanes et les communes partenaires de BOURHA, FOTOKOL, KOLOFATA et MORA.
Permettez-moi avant tout propos d’exprimer toute ma déférente gratitude à Monsieur le Ministre des Finances, Louis Paul MOTAZE, qui a bien voulu présider cette cérémonie malgré son agenda fort intense, dont l’implication et l’encadrement personnel en vue de l’aboutissement heureux de cette réforme nous ont été d’un grand réconfort.
Je tiens à saluer avec beaucoup d’honneur et de déférence les membres du Parlement avec à leur tête le Très Honorable Président de l’Assemblée Nationale, les membres du Gouvernement, les partenaires techniques et financiers, le « Nigeria Customs Service » et les autorités de la ville de Maroua dont la présence en ce lieu réhausse l’éclat de cette cérémonie et témoigne de leur indéfectible engagement vis-à-vis des initiatives de développement local.
La présente cérémonie de signature des conventions constitutives des Centres de Négoces entre la Direction Générale des Douanes et les quatre Communes concernées de la Région de l’Extrême-Nord est historique à plus d’un titre.
D’abord, elle est le fruit d’un ancrage législatif et règlementaire qui a traversé le temps et parcouru l’espace. Consacré pour la première fois dans les dispositions de la Loi N°2010/015 du 21 décembre 2010 portant Loi de Finances de la République du Cameroun pour l’exercice 2011, et le Décret N°2014/2946 du 12 septembre 2014 portant création, organisation et fonctionnement des Centres de Négoce dans les zones frontalières, cet aménagement avait pour objectif initial de lutter contre la contrebande, la fraude douanière et le commerce illicite.
En second lieu et à la faveur du renforcement de la politique gouvernementale de décentralisation et de développement local, elle est l’aboutissement d’un long processus d’échanges et de négociations avec les communes ayant manifesté le plus d’intérêt à ce nouvel instrument, avec pour résultat la signature en janvier 2024 à Limani, des Protocoles d’Accord entre la Direction Générale des Douanes et lesdites communes, relatifs à la mise en place d’un cadre de collaboration et d’accompagnement réciproque.
C’est quoi un centre de négoces, et quelle est leur importance, à la fois pour la Direction Générale des Douanes, mais aussi pour les communes bénéficiaires ?
Les Centres de Négoces sont des points uniques d’entrée et de sortie des marchandises dans les localités frontalières de l’hinterland, des magasins ou aires de dédouanement aménagés dans le cadre d’un partenariat entre l’Administration des Douanes et les Communes intéressées. Ils ont pour but de promouvoir le commerce licite par la mise en œuvre des moyens propres à permettre l’organisation, la sécurisation, la facilitation et la régulation des échanges.
Véritables nœuds logistiques, les Centres de Négoces sont des personnes morales de droit public constitués sous forme d’un Groupement d’Intérêt Public (GIP), dotés de la personnalité juridique et de l’autonomie financière. Ils participent à l’amélioration de la prise en charge des marchandises, grâce à la canalisation des flux aux frontières et à la réduction des délais de passage.
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L’implémentation des Centres de Négoces entre l’Administration des Douanes et les Communes s’inscrit dans une démarche suffisamment ancrée de renforcement de la décentralisation et surtout d’accompagnement des Communes dans la recherche de leurs ressources de financement. Déjà proche de ces dernières à travers la liquidation et le recouvrement pour leur compte des Centimes Additionnels Communaux (CAC) et plus récemment du Droit d’Accises sur les Ordures ménagères (DAO), la Direction Générale des Douanes fait la promotion des Centres de Négoces comme un levier supplémentaire pour sortir de la logique des CAC et y entrevoir une nouvelle source de revenus.
Que prévoient les conventions que vous venez de signer avec ces quatre collectivités territoriales décentralisées ?
Loin de vous faire un exposé exhaustif, il est question pour moi de porter à votre attention qu’il s’agit bel et bien de contrats gagnant-gagnant entre les parties prenantes. Pour la Direction Générale des Douanes, ce partenariat participe de l’amélioration de la prise en charge des marchandises aux frontières terrestres et partant de l’accroissement et la sécurisation des recettes de l’Etat.
Pour la Commune ayant aménagé le centre de négoces, elle bénéficie en guise d’appui à l’investissement réalisé d’une allocation financière annuelle équivalant à 40% des recettes budgétaires réalisées par les Bureaux de Douane installés sur le territoire de ladite commune, plafonnée à 500 millions de FCFA par exercice budgétaire.
C’est dire au-delà des autres aspects non négligeables de mutualisation des actions de lutte contre le commerce illicite et frauduleux, que les Centres de Négoces se profilent comme de véritables catalyseurs de croissance et de bien-être social au sein des Communes.
Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder les performances budgétaires réalisées par les Bureaux des Douanes installés sur les territoires des communes de Bourha, Fotokol, Kolofata et Mora.
Les statistiques des quatre derniers exercices budgétaires 2021-2024 affichent un montant cumulé de recettes douanières de 11 milliards 556 millions 540 mille 624 FCFA, et ce malgré les contingences d’une Région économiquement sinistrée en proie à différents facteurs endogènes et exogènes.
Il apparait clairement que le choix des Communes concernées n’est pas anodin, il est basé sur un potentiel réel qui va s’accroître à la faveur de l’implémentation des centres de négoces qui bien plus que des infrastructures logistiques, sont de véritables instruments de relance économique.
Je ne saurais clore mon propos sans une fois encore féliciter nos partenaires Messieurs les Maires des Communes de Bourha, Fotokol, Kolofata et Mora, parties à ces différentes conventions constitutives des Centres de Négoces, qui devraient en ce jour se sentir particulièrement fiers de participer à cette nouvelle dynamique d’autonomisation financière de leurs localités à travers des pôles de développement, construits pour certains avec l’appui de nos partenaires techniques et financiers à l’instar du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), à qui nous réitérons nos sincères remerciements. A nos nouveaux partenaires, je leur remercie vivement, et leur affirme qu’ils ont refusé d’être à la remorque de l’histoire de l’implémentation des Centres de Négoces dans la Région de l’Extrême-Nord. Ils ont plutôt choisi d’écrire l’histoire d’une politique de renforcement de la décentralisation porteuse d’espoir et d’épanouissement pour leurs territoires, et cette histoire retiendra qu’ils ont été les pionniers en la matière.












































