Cameroun : Le rail en pleine mutation pour soutenir le boom minier et le commerce sous-régional

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Consultattion préliminaire Programme Quinquennal N°2

Le réseau ferroviaire camerounais, longtemps considéré comme le pilier du transport intérieur et sous-régional, s’engage dans une phase de modernisation sans précédent. Deux chantiers majeurs, représentant plus de 319 milliards FCFA d’investissements, repositionnent le rail comme un levier stratégique pour le commerce et l’intégration en Afrique centrale.

Ce 23 septembre 2025 à Douala, CAMRAIL, concessionnaire du Chemin de fer au Cameroun, a organisé la Consultation Préliminaire du Marché portant sur la réhabilitation de deux projets phares pour le Cameroun. Le Projet Régional d’Amélioration de la Performance du Corridor Douala-N’Djamena (PCDN), financé par la Banque Mondiale ; et le Projet de Renouvellement de la Ligne de Chemin de Fer Belabo-Ngaoundéré (PRBN), cofinancé par l’Union Européenne, la BEI et l’AFD.

Le Projet de performance du corridor Douala–N’Djamena (PCDN), soutenu par la Banque mondiale, l’Union européenne et la Banque européenne d’investissement, constitue l’épine dorsale de cette réforme. Sa composante ferroviaire, financée à hauteur de 152 milliards FCFA, cible la réhabilitation de 238 km entre Douala et Yaoundé. Des rails UIC54, des traverses béton bi-bloc, l’automatisation des passages à niveau ainsi que la remise en état de ponts et tunnels sont prévus. Ces aménagements porteront la charge à l’essieu de 17 à 20 tonnes, permettant de faire passer la capacité quotidienne de 11 à 16 trains sur l’axe Pangar–Ngaoundal. La vitesse atteindra 70 km/h pour les trains de fret et 90 km/h pour les voyageurs, réduisant ainsi délais de livraison et coûts logistiques.

« La banque mondiale avait été sollicitée il y a quelques années par le gouvernement camerounais pour un appui à la mise en œuvre de la vision du chemin de fer camerounais sur notamment la réhabilitation de la voie ferrée entre Yaoundé et Douala et également une vision plus large de la réhabilitation de la voie avec d’autres partenaires techniques et financiers entre Douala et Yaoundé avec notamment l’agence française de développement, la banque européenne d’investissement, l’union européenne et donc la banque mondiale sur le tronçon Douala et Yaoundé », a rappelé un représentant de la Banque mondiale présent à Douala.

« C’est dans cette optique que la banque mondiale a travaillé avec le ministère des transports qui assure la maîtrise d’ouvrage de ce projet et CAMRAIL qui assure la maîtrise d’ouvrage déléguée, de façon à matérialiser cette vision à travers la réhabilitation de cette voie entre Douala et Yaoundé de 138 km ; et à pouvoir améliorer le transport des marchandises et des passagers dans un contexte plus sécurisé et réduire le temps de trajet notamment », a-t-il ajouté.

C’est l’état du Cameroun qui est maîtrise d’ouvrage et donc dans le cadre du contrat de concession, du plan d’investissement quinquennal de CAMRAIL, il est prévu qu’un certain nombre d’investissements soient faits par CAMRAIL et d’autres par la partie publique.

« On est effectivement en face de deux projets financés par des bailleurs de fonds différents. On a le projet entre Douala et Yaoundé, qui est financé par la Banque mondiale, et le projet entre Belabo et Yaoundé, qui est cofinancé par l’AFD, la Banque européenne d’investissement et l’Union européenne. Le coût global de ces deux opérations tourne autour de 500 millions d’euros. Les innovations concernent, nous l’avons dit tout à l’heure, le remplacement de l’actuelle voie, notamment les rails, les traverses et le balast. Il y a également la modernisation du système de signalisation entre Douala et Yaoundé, pour se rapprocher des normes internationales en la matière », a expliqué Claude MISSE NTONE, Directeur des transports ferroviaires au Ministère des Transports.

En parallèle, la ligne Bélabo–Ngaoundéré, véritable artère du corridor reliant le port de Douala au Tchad et à la République centrafricaine, bénéficie d’un ambitieux programme de renouvellement. Le Projet de renouvellement Bélabo–Ngaoundéré (PRBN), financé à hauteur de 167,3 milliards FCFA par l’AFD, la BEI et l’UE, couvre 330 km de voie ferrée. Outre l’application des mêmes standards techniques que le PCDN, le projet intègre des retombées sociales significatives : seize forages d’eau potable, la réhabilitation d’écoles et de structures sanitaires, ainsi que des initiatives de lutte contre le paludisme et de soutien aux activités génératrices de revenus pour les populations riveraines.

Ces investissements arrivent à un moment critique. Le corridor Douala–Ngaoundéré concentre déjà l’essentiel du trafic vers l’hinterland tchadien et centrafricain, mais ses infrastructures vétustes limitent vitesse et capacité. À cela s’ajoute la perspective de l’exploitation de la bauxite de Minim-Martap, qui nécessite un transport lourd et régulier vers le port de Douala. La modernisation du rail devient ainsi une condition incontournable pour absorber cette future demande et préserver le rôle du Cameroun comme hub logistique de la CEMAC.

Au-delà des chiffres et des rails, ces projets traduisent une ambition : replacer le chemin de fer au cœur de la compétitivité économique nationale et régionale. Avec une enveloppe de plus de 319 milliards FCFA et un calendrier de travaux aligné sur les besoins miniers et industriels à venir, le Cameroun veut bâtir un réseau ferroviaire moderne, durable et inclusif, moteur de croissance pour l’Afrique centrale.

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