Manque d’argent, endettement, mauvaise stratégie…ces nids de poules dans le programme routier de Paul BIYA

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Travaux routiers

Alors qu’il préside depuis quelques jours les travaux de la traditionnelle revue des projets inscrits dans le portefeuille du Ministère des Travaux Publics, Emmanuel Nganou Djoumessi doit avoir la tête ailleurs. Le département ministériel qu’il dirige depuis 2015 clôturera l’année 2025 sans atteindre tous les objectifs fixés en début d’année.

Ceux de construire 754,76 km de nouvelles routes bitumées (dont 149,56 km dans le cadre du Volet PLANUT), de réhabiliter 1789 km de routes bitumées, d’entretenir 504 km de routes bitumées, et, s’agissant des routes en terre, d’entretenir un linéaire de 2561,32 km.

Cette contre-performance, qui dure depuis quelques années (en 2024 par exemple, 397 km de nouvelles routes bitumées avaient été achevés sur les 869,85 km prévus) est imputable à plusieurs facteurs. Notamment le nombre trop élevé des projets en cours d’exécution, l’insuffisance des ressources budgétaires allouées au programme routier, les faibles capacités financières des entreprises, et, les crises (nationales et internationales) qui ont secoué le Cameroun.

Trop de projets dans le Programme routier

A ce jour, 83 marchés de travaux et de maîtrise d’œuvre sont signés avec des entreprises de BTP. Dans un environnement où une grande partie des contrats sont couverts par le Budget d’Investissement Public (BIP), les ressources disponibles ne suffiront pas à satisfaire la demande.

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Pour 2025 par exemple, l’enveloppe budgétaire allouée est d’environ 549 milliards de FCFA. Celle-ci inclut les ressources internes et les financements conjoints avec les bailleurs de fonds.  À un mois de la fin de l’année, 99,7 % des ressources internes sont engagées. En effet, sur une dotation finale (en ressources internes) de 232,601 milliards, les engagements effectués sont de 232,601 milliards.

Ce taux d’engagement satisfaisant dissimule la conséquence d’un espace budgétaire réduit, présentant des décomptes sans couverture budgétaire. Défendant son projet de budget devant les membres de la Commission des Finances et du budget de l’Assemblée Nationale, Emmanuel Nganou Djoumessi a révélé un endettement important.

Endettement

« En effet, le volume des décomptes qui ne peuvent être engagés du fait de l’épuisement des crédits budgétaires de l’exercice 2025 se chiffre au 25 novembre 2025 à 60,618 milliards, dont six milliards de reliquat des arriérés résultant des travaux complémentaires de l’Autoroute Yaoundé–Douala (phase 1) », a-t-il lancé.

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Par ailleurs, les paiements effectifs des dépenses engagées au cours de l’exercice 2025 sont de 71,74 milliards, contre un engagement de 232,601 milliards, soit environ 30,84% seulement.

L’année 2026 sera donc compliquée pour ce département ministériel placé au cœur du programme présidentiel de Paul BIYA. Malgré les 651,952 milliards de FCFA en crédits de paiement (dont 539,74 milliards en dépenses d’investissement et 112,212 milliards de FCFA en dépenses de fonctionnement), l’argent ne suffira pas. Et ce n’est pas Nganou Djoumessi qui pourra le démentir.

Pistes de solutions pour 2026

Au cours de son passage devant les membres de la Commission des Finances et du Budget de l’Assemblée Nationale, l’Ingénieur de l’Etat avait lâché le mot. « Nous entrons en 2026 avec 160,81 milliards de FCFA d’arriérés de paiement au Trésor Public, 25 milliards de FCFA au Fonds Routier. Les allocations du Budget d’Investissement Public, bien qu’importantes, couvrent 46% des besoins, tandis que les ressources internes ordinaires couvrent 35% de la demande ».

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Pour inverser la tendance, le MINTP a d’ores et déjà trouvé la solution. Inscription de plusieurs projets dans une exécution au long cours ; et concentration des priorités sur les projets à fort impact socio-économique ou « projets emblématiques stratégiques ». A l’instar de la phase 2 de l’autoroute Yaoundé-Douala, la pénétrante Nord de Yaoundé, ou encore la route Ebolowa-Akom2-Kribi. Mais ces projets inscrits dans une exécution au long cours cachent mal une situation critique : dans le court terme, le Cameroun n’a pas de solution.

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