Sur les accidents de la circulation, j’ai déjà tout dit, tout écrit, tout montré.
Par exemple, que la Route Nationale N3 n’est pas seulement dépassée, elle est surtout dans un mauvais état. Vous voulez encore que je dise quoi ? Qui ne sait pas ça ? Nous la traversons tous les jours. Il ne faut pas être expert pour le constater. Il faut seulement qu’on fasse quoi ?
Sur les routes nationales, un accident de la circulation sur trois est causé par des camions. Problème, 80% du parc automobile est constitué de camions qui ne devaient plus se retrouver sur une route. On le sait, tout le monde le sait. Il faut seulement parler comment ?
En plus, la plupart des chauffeurs de ces camions n’ont suivi aucune formation dans une auto-école. Simplement parce que les auto-écoles n’ont pas de camions pour former leurs apprenants.
Depuis le début de cette année, 80% des accidents de la circulation ont lieu dans la zone Edéa-Pouma-Boumnyebel. Mais rien n’a été fait depuis pour stopper l’hémorragie.
Je viens de faire une semaine dans la région de l’Ouest, pour m’assurer de l’efficacité de la campagne de prévention et de sécurité routieres que vient de lancer le Ministre des Transports. J’ai voyagé dans des Hiaces de 15 places, transportant 18 Passagers. Le record a été battu lorsque j’ai quitté Foumban pour Foumbot. 20 passagers. Quatre par rangée. Même le chauffeur n’avait pas sa place assurée… Nous avons traversé des points de contrôles mixtes, des points de contrôle des agents du Ministère des Transports, en toute impunité. On pleure, ça fait quoi ?
Ils sont à Yaoundé avec les gros mots. «Limitation de vitesses ; contrôle du certificat de visite technique du véhicule ; Port obligatoire de ceinture de sécurité pour tous les passagers ; lutte contre la surcharge et les transports clandestins», et patati patata.
Les jours passent, les morts s’entassent, rien ne change. Si oui, leurs costumes cravates. Le gouvernement du mannequinat. C’est à qui sera le plus beau ! C’est à qui aura le tailleur le mieux cousu. Ils font le défilé à la télé, les morts, eux, défilent sur les routes. Eh Dieu !
A Bafoussam, j’ai pris une Hiace. Je souhaitais rallier Bafang. Le chauffeur est passé par Baham-Batié-Bangang. Je ne sais pas comment décrire cette route… Quelle n’a pas été ma surprise de tomber sur un poste fixe de péage routier. ça fait rire et pleurer à la fois. Si on paie pour emprunter une route, pourquoi n’y a-t-il donc pas de route ? On part pleurer chez qui ?
Regardons notre programme de développement des infrastructures routières. Il n’y a pas de route normale entre les deux capitales (Yaoundé et Douala). Je ne parle pas d’autoroute. Je parle d’une route où on circule sans esquiver les nids de poules, sans être secoué par les ornières, ou simplement bloqués par les arbres. Qui n’a pas vécu ça ? Il faut quel type de lunettes pour nous faire voir ça ?
Il n’y a pas de route normale entre Yaoundé et Maroua, Douala et Bafoussam… Les routes qui contribuent le plus à l’économie nationale, qui rapportent le plus d’argent dans les caisses de l’État ne tirent aucun profit de leur productivité. Qui ne sait pas ça ? Il faut se jeter dans le Wouri pour qu’on comprenne ?
Quel est ce gouvernement qui ne comprend pas que c’est mauvais ? Qui ne voit pas que ça ne marche pas ? Qui ne sait pas reconnaître/accepter l’échec ?
Dans la famille Ngallè BIBÈHÈ, on a un mauvais souvenir des accidents de la circulation. Le cortège de Nganou DJOUMESSI, a eu un accident de la circulation dans le Nord. Célestine KETCHA COURTES est sortie indemne d’un accident, après que son véhicule soit tombé dans l’eau. Je ne compte pas les anciens premiers ministres (comme Inoni Ephraïm), les anciens ministres, les députés, hauts cadres de l’administration, victimes, ou tout simplement morts dans des accidents de la circulation.
Comment font-ils pour dormir avec tous ces morts sur leur conscience ?
Frégist Bertrand TCHOUTA
Journaliste, Directeur de la Publication BOUGNA
Secrétaire Exécutif de l’Observatoire Indépendant des Transports