Il représente peut-être le projet le plus éclatant réalisé conjointement par le Cameroun et le Nigéria, mais aussi le signe d’un éventuel réchauffement des échanges économiques entre les deux pays. Pourtant, le projet de construction du Pont sur la « Cross River », construit grâce à un prêt de 21,128 de FCFA obtenu de la BAD (guichet FAD) a failli capoter.
Du fait notamment de la rencontre de cinq contraintes majeures qui ont d’une part retardé le démarrage des travaux, et d’autre part, du fait de la crise sanitaire mondiale, qui a contraint plusieurs pays à l’instar du Cameroun, à procéder à la fermeture pure et simple de toutes les frontières terrestres.
Démarrage tardif
Lorsque les travaux de construction du Pont et ses voies d’accès sont lancés le 26 avril 2017, la durée d’exécution est fixée à 47 mois. Mais des insuffisances techniques relevées dans le design initial du pont font retarder le démarrage des travaux.
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A côté de cette première contrainte, s’ajoute une autre. Le climat sécuritaire qui règne dans la région avec pour conséquence des arrêts intermittents des travaux du fait des villes mortes, et des attaques ponctuelles des sécessionnistes à proximité du chantier. L’impact de ces facteurs est surtout visible sur les travaux de nuit pourtant sollicités par CGCOC Group, l’entreprise en charge des travaux pour rattraper les retards causés par les insuffisances techniques.
Problèmes d’argent
Au-delà de ces deux premières contraintes, les travaux de construction du Pont frontalier sur la « Cross River » ont pris un coup du fait de la libération tardive de l’emprise des travaux. Mais aussi du retard accusé par le bureau de la BAD au Nigéria à notifier son Avis de Non-objection sur le projet d’Avenant N°2 transmis le 03 mars 2021, prescrivant les travaux supplémentaires et prorogeant le délai contractuel au 31 mars 2021.
Ce retard a impacté négativement la trésorerie de l’Entreprise du fait que les travaux supplémentaires prescrits par ledit Avenant n’ont pas pu être facturés en temps réel. Par ailleurs, la finalisation par le bureau de la BAD à Yaoundé, de la revue et l’approbation du projet d’Avenant N°3 en vue du démarrage des aménagements connexes côté Cameroun.
Coronavirus
La pandémie liée à la COVID-19, avec la fermeture de la frontière Nigériane le 24 mars 2020 à toutes activités transfrontalières, le personnel de chantier y compris, malgré la volonté du Cameroun à ne pas entraver l’exécution des travaux en ne laissant traverser la frontière d’Ekok que le personnel de l’Entreprise et de la Mission de Contrôle dûment identifié (cf. PV des réunions hebdomadaires de chantier). Ceci a eu pour conséquence, un arrêt des travaux sur le chantier du 24 mars 2020 au 20 août 2020, soit cinq (05) mois.
Comment les contraintes ont été levées
C’était le premier blocage à l’exécution du chantier. Le démarrage tardif des travaux, du fait des insuffisances techniques relevées dans le design initial du pont. Cette contrainte a été la première à être levée. Et pour y parvenir, les études d’exécution réalisées par CGCOC GROUPont conduit à un redimensionnement de l’ouvrage et au démarrage effectif des travaux. Par ailleurs, la sécurité a été renforcée à Ekok. Les travaux se sont poursuivis dans un climat serein.
S’agissant de la libération des emprises, qui a fortement ralenti l’exécution des travaux, le Décret d’indemnisation a été signé le 13 février 2019 et les populations ont été invitées à recevoir leurs indemnisations le 13 février 2020.
La notification de l’Avis de Non-objection par la BAD sur le projet d’Avenant N°2 est intervenue le 04 décembre 2020. Ce qui a permis d’une part, à l’Entreprise de facturer les travaux supplémentaires exécutés.
La reprise des travaux côté Cameroun, après concession faite au personnel de chantier par le gouvernement de la République Fédérale du Nigéria. Les travaux ont repris côté Nigéria le 22 juin 2020. Le personnel de la Mission de Contrôle qui réside à Ekok a été autorisé à traverser la frontière Nigériane à pied pour contrôler les travaux à Mfum. La Présidence de la République Fédérale du Nigéria a donné l’autorisation le 04 août 2020 aux autorités frontalières pour la traversée de la frontière Nigériane au profit du personnel de chantier. Les travaux ont effectivement repris côté Ekok le 20 août 2020.
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