Cameroun-Covid Gate : Quand les ambulances du Minsanté donnent l’AVC à la Chambre des Comptes

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Ambuance Milele Motors. Crédit Photo: Milele Motors FZE

Dépassement des crédits, attribution des marchés à des entreprises n’ayant aucune expérience, surfacturations, soupçons de détournement de deniers publics…la gestion des fonds Covid-19, notamment pour l’acquisition des ambulances médicalisées est de nature à donner du tournis à a Chambre des Comptes. Dans son rapport d’audit du Fonds spécial de Solidarité Nationale pour la lutte contre le coronavirus et ses répercussions économiques et sociales, cette chambre de la Cour Suprême relève près d’une demi-dizaine d’irrégularités commises par le Ministre de la Santé Publique (Minsanté).

Pour acquérir les 16 ambulances, un marché avec Mediline Medical Cameroon S.A. et YAO PHARM SARL, d’un marché de 880 millions de FCFA pour l’acquisition de 16 ambulances à un prix deux fois supérieur au prix du concessionnaire.

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Concrètement, écrit la Chambre des Comptes, chacun des deux marchés portait sur huit ambulances pour un montant de 440 millions de FCFA chacun au prix unitaire de 55 000 000 FCFA. Or « le prix unitaire du même modèle d’ambulance auprès du concessionnaire MILELE Motors de Dubaï (photo) est de 48 000 USD, soit 26 millions de FCFA, transport inclus », s’étonne la Chambre des Comptes. Ainsi, le prix facturé au MINSANTE était supérieur de 29 millions de FCFA par ambulance, soit plus du double que le prix en vigueur chez ce concessionnaire.

Fractionnement des prestations

La Chambre des Comptes s’interroge en premier lieu sur le recours à 2 prestataires au lieu d’un prestataire unique, alors que les deux marchés apparaissent strictement conformes dans leur objet, le nombre d’ambulances commandées auprès d’un même fournisseur et le prix, ce qui a eu pour effet mécanique d’engendrer des surcoûts en augmentant le montant des frais de gestion facturés par ces intermédiaires.

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Elle observe en outre qu’un des deux prestataires, MEDILINE MEDICAL CAMEROON S.A, n’avait jamais eu d’activité avant le 1er janvier 2020, n’avait aucune expérience en matière d’importation d’ambulances et a été par ailleurs attributaire d’une commande de 1,4 millions de tests de dépistage, qui a donné lieu à des surfacturations anormales. Dans ces conditions, le fractionnement par l’attribution de la commande à deux prestataires apparaît peu pertinent.

Lenteurs dans les urgences

Pourquoi avoir attribué des marchés spéciaux à des entreprises inconnues, sans expérience, et à des prix deux fois plus élevés que ceux du marché ? En raison de l’urgence que revêtait ce besoin, répond le Ministère de la Santé. Une version que la Chambre des Comptes juge erronée.

Deux exemples lui permettent d’ailleurs de le confirmer. « Les deux marchés datent des 20 et 21 août 2020, les ordres de service de démarrage des prestations, qui auraient dû intervenir dans un délai de 18 jours selon la procédure ordinaire, c’est-à-dire non urgente, ne sont intervenus que le 29 décembre 2020, soit cinq mois après la signature desdits marchés », constate la Chambre des Comptes, qui en conclut que « le recours à la procédure dérogatoire des marchés spéciaux, au motif de l’urgence, a ralenti de 4,5 mois la commande d’ambulances par rapport à une procédure ordinaire, ce qui la rend injustifiable ». Comble de la procédure, au 31 décembre 2020, les ambulances commandées n’avaient toujours pas été livrées.

Mais les nombreuses irrégularités ne s’arrêtent pas là. La Chambre observe en outre que la procédure suivie n’a pas permis un travail approfondi sur l’étude des besoins. « Les modèles commandés sont des ambulances haut de gamme pourvues d’un équipement médical sophistiqué qui nécessitent un personnel médical formé et capable d’utiliser ces équipements. Or, la commande a été passée sans que personne ne s’inquiète de la disponibilité du personnel médical à affecter à cet équipement », regrette-t-elle.

L’utilisation pérenne de ces véhicules, adaptés à des malades très lourds nécessite que le MINSANTE conduise une réflexion sur la formation des personnels à leur affecter. Au demeurant, il apparait que les hôpitaux ont surtout manqué des moyens de transport rapides légèrement équipés, conclut-elle.

 

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