Cameroun-Enquête : La Douane face au marché de la contrebande du carburant

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Saisie de véhicule transportant du carburant de contrebande

19 janvier 2022. A Pakete (département de la Bénoué, région du Nord-Cameroun),  les équipes de l’opération Halte au Commerce Illicite (HALCOMI 3) interpellent deux véhicules suspects. Après interrogation des conducteurs et fouille du véhicule, les douaniers constatent une activité illicite de transport de 2000 litres de lubrifiants. Deux jours plus tard, à Limbé, dans la région du Sud-Ouest, les éléments de la Brigade Mobile des Douanes font la saisie de 1480 litres de carburant de contrebande.

Dans la nuit du 1er au 02 février 2022, à Maroua, les éléments de la Zone 3 de l’opération HALCOMI 3 réalisent ce qui reste aujourd’hui considéré comme la plus importante saisie. 168 bidons de 40 litres contenant du carburant de contrebande, soit au total, 6720 litres. Les réseaux de contrebande prennent un coup, mais ne lâchent pas prise. Le 05 février 2022, à Karata, 755 litres de carburant de contrebande sont saisis.

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Une semaine presque jours pour jours (samedi, 12 février 2022), au même poste de contrôle de Karata, les éléments de la Brigade Mobile des Douanes de Limbé saisissent 1680 litres de gasoil, et 1590 litres de carburant de contrebande le lendemain.

Circuits

Calculatrice en main, depuis le début de l’année, c’est plus de 17 825 litres de carburant qui ont été saisis dans le cadre de l’Opération Halte au Commerce Illicite (HALCOMI 3). Ce qui représente près de 25,46% du stock de carburant d’une station-service comme celle de TRADEX EKOREZOK, située dans l’arrondissement de YAOUNDE 7ème (elle a une capacité de stockage de 70 000 litres de carburant).

Dans une administration qui n’enregistrait jusqu’ici que 50 000 litres de carburant saisis par an (selon le dernier rapport de la Direction Générale des Douanes portant sur l’année 2019 et publié en 2020), ces saisies inquiètent. D’autant plus que ces derniers mois, les régions du Nord et du Sud-Ouest ont montré une activité particulièrement importante. Avec des pics de saisie dans localités de Karata (Limbé, région du Sud-Ouest), et Pakete (dans la région du Nord).

Quels sont leurs circuits ? Quels sont les modes opératoires des contrebandiers ? Pour comprendre ce phénomène, il faut interroger le passé et le présent. Dans son rapport (2019), la DGD cite les pirogues spécialement aménagées, les motos, et les Camion-citerne comme principaux moyens de transport du carburant.

Mais, apprend une source généralement bien informée, depuis ce temps, les contrebandiers ont changé leurs modes opératoires. Du fait notamment durcissement des contrôles sur les camions citernes. Après les nombreux accidents, à l’instar de l’hécatombe de janvier 2020, où 53 personnes avaient perdu la vie au niveau de la falaise de Dschang. Après une collision entre un bus de transport interurbain et un camion-citerne transportant du carburant de contrebande.

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« Désormais, les réseaux de contrebande utilisent des fourgonnettes, certains véhicules de transport de personnes, et parfois aussi, des plus petits véhicules comme des Toyota Starlet », décrit un douanier impliqué dans une importante saisie de carburant.

Une information que BOUGNA a pu vérifier sur le terrain. Pour transporter les 168 bidons d’une contenance de 40 litres chacun (saisis dans la nuit du 02 février à Maroua par la Douane), les contrebandiers avaient utilisé plusieurs petits véhicules de type Toyota Tercel, et Toyota 92. De même, le 12 février dernier, à Karata, c’est un véhicule de type Toyota Picnic qui avait été interpellé avec à son bord 1590 litres de carburant de contrebande.

Riposte

Pour répondre efficacement à ce marché de la contrebande du carburant qui fait perdre 32 milliards de FCFA à l’économie nationale (selon le Ministère du Commerce), la Direction Générale des Douanes a opté pour un renforcement des équipements de ses éléments. A travers l’acquisition de nouveaux matériels roulants, le renforcement du personnel, mais aussi l’adoption de nouveaux outils de contrôle, comme le Big data.

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« La fraude douanière et la contrebande se sont complexifiés. A l’aune aussi des développements technologiques, il est important que nos douaniers soient déjà préparés à la science des données. A la gestion des données de plus en plus massives qui nous parviennent pour que nous ayons des interventions intelligentes », constatait déjà Eric Gervais NDO, Chef de division des enquêtes douanières et de la surveillance à la DGD.

En janvier 2020 dernier, lors de la célébration de la Journée Internationale des Douanes, FONGOD Edwin NUVAGA, le Directeur Général des Douanes donnait des précisions sur la stratégie de lutte contre ce fléau. « Pour atteindre ses objectifs, la Direction Générale des Douanes va procéder à une optimisation du contrôle des flux aux frontières dans le cadre notamment du renforcement de  la surveillance maritime et des plans d’eau ».

Deux projets sont en étude dans ce sens. L’un porte sur l’utilisation des drones pour les opérations de surveillance. L’autre porte sur la surveillance du plan d’eau, grâce à un contrat en étude avec Marina Plaisance.

 

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