C’est un pari un peu fou que fait le Cameroun dans son « document de programmation économique et budgétaire à moyen terme 2023-2015 ». Dans cette feuille de route qui fixe la stratégie du pays pour les trois prochaines années, le gouvernement met tous ses espoirs sur la fin de la guerre en Ukraine.
Bien que ce conflit lui ait déjà contraint à anticiper sur une baisse de ses dépenses (hors service de la dette) à 15,2% du PIB (et 15,1 en moyenne jusqu’en 2025) contre 16,1% du PIB actuellement, le gouvernement veut jouer à la roulette russe.
« Du point de vue macroéconomique, la dynamique de croissance projetée à 4,6% en 2023 et à 5,3% en moyenne entre 2024 et 2025, repose sur le pari d’un apaisement dès cette année de la crise russo-ukrainienne », a expliqué Louis Paul Motaze, le Ministre des Finances (MINFI) lors de son passage devant les députés à l’Assemblée Nationale.
La baisse des bombes au pays de Volodymyr Zelensky, devrait également permettre au Cameroun de maintenir un taux d’inflation sur la barre des 3%, (seuil de convergence de la CEMAC), et tirer profit de la baisse des cours du pétrole, qui devraient passer de 89,1 dollars US en 2023 pour s’établir à 66,5 dollars US le baril en 2024 et 2025.
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Mais, comme l’a précisé Louis Paul MOTAZE, « toutes ces perspectives restent fortement tributaires des incertitudes inhérentes à la durée de la crise Russo-ukrainienne ». Et, reconnaît-il, « tout enlisement de cette crise pourrait compromettre les projections de croissance, et de reprise de l’activité économique attendue entre 2023 et 2025 ».
Pour contourner cette incertitude, le gouvernement annonce une batterie de mesures destinées à relancer l’économie. La mise en œuvre de l’import-substitution, la reconstruction des régions affectées par les crises sécuritaires et la finalisation des grands projets d’infrastructure dans les secteurs de l’électricité, routier et de transport.
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Le gouvernement annonce la mise en place de mesure d’austérité. Elles passeront par la réduction de moitié des subventions des prix du carburant à la pompe, la « suppression progressive des exonérations fiscales sur certains produits qui grèvent la balance commerciale comme le riz, le poisson et le blé.