EDITO : Le train de l’Etat vit bien !

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Frégist Bertrand TCHOUTA Directeur de Publication BOUGNA

Expliquer aux camerounais comment il n’est plus capable de subventionner les prix du carburant à la pompe, mais continue à mener un train de vie princier, c’est une tâche à laquelle le gouvernement actuel aura beaucoup de peine à accomplir.

Surtout qu’à côté de la hausse des prix du carburant annoncée, le timbre fiscal, la vignette automobile (elle précède la vignette de visite technique), et les timbres de visa pour les étrangers ont eux, déjà subi une augmentation. Pour le timbre fiscal par exemple, la hausse a été de 50% (de 1 000 FCFA à 1 500 FCFA). Le prix de la vignette automobile quant à lui est passé du simple au double. Pour les véhicules de 08 à 13 chevaux passe de 25 000 à 50 000 FCFA.

En effet, pour le compte de l’exercice budgétaire 2023, le gouvernement anticipe sur des dépenses courantes d’environ 58,376 milliards de FCFA pour les frais de transport et de mission du personnel de l’Etat. Cette enveloppe est en hausse de 5,79% par rapport à l’exercice 2022 qui vient de s’achever.

Une vie de prince…

En lisant en profondeur la Loi de Finances 2023, on observe une augmentation généralisée des dépenses (ou charges) de personnel par rapport à 2022. Plus d’1,256 milliard de FCFA est budgétisé contre 1,187 milliard de FCFA pour l’exercice précédent.

La plus grosse part de cette enveloppe (autour d’1,184 milliards de FCFA) sera destinée aux traitements bruts du personnel sous statut particulier de la fonction publique. Environ 86,762 millions de FCFA seront versés au personnel sous forme de primes, gratifications et autres indemnités de solde.

L’Etat va aussi débloquer plus d’argent (8,199 milliards de FCFA en plus) dans le confort de son personnel. Pour 2023, plus de 70,149 milliards de FCFA sont budgétisés pour l’eau, l’électricité, le gaz et les autres sources d’énergie du personnel. En 2022, cette enveloppe n’avait pas dépassé les 63,950 milliards de FCFA.

Cette portée de l’Etat vers la dépense, au moment où il affirme n’avoir plus l’argent irrite des experts comme Babissakana. Dans une lettre adressée au Président de la République, l’ingénieur financier, Chairman & CEO, Prescriptor Ltd annonce un « Déraillement du train de l’émergence du Cameroun ». Avant d’énumérer quatre mesures fortes pouvant servir de bouée de sauvetage.

Premièrement, définir en urgence absolue un régime intelligible, lisible et prévisible de planification stratégique de l’Etat du Cameroun. Deuxièmement, opter à très court terme pour un subventionnement sélectif (uniquement pour les segments des opérateurs et agents économiques vulnérables) et proportionné des prix des carburants et du gaz qui permettraient de restaurer les ressources nécessaires à affecter pour l’investissement public.

Mais…

Mais affecter plus de ressources à l’investissement public serait-il une solution. Dans la région du Littoral (qui compte la capitale économique du Cameroun) par exemple, le taux de réalisation physique des projets se situait au 30 novembre à 50%. Lors des exercices précédents, il n’avait pas dépassé les 66% en 2021, et était resté en deçà des 59 % pour le compte de l’exercice 2020.

Ce lundi, 16 janvier, lors du lancement du budget pour l’exercice 2023 à Douala, Louis Paul MOTAZE, le Ministre des Finances, explique que « Cette performance est la conséquence de l’insuffisante appropriation des procédures par certains acteurs de la chaine d’exécution du budget (Maîtres d’ouvrage, Maitres d’ouvrage-délégués), du dysfonctionnement des certaines commissions de passation des marchés ; de la non implication des ingénieurs de l’Etat dans le suivi des projets, et de l’insuffisante implication des maires dans le suivi des investissements de leurs Collectivités ».

Frégist Bertrand TCHOUTA

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