Assis dans la tribune érigée à l’honneur de la cérémonie de lancement de la Journée internationale de la Douane (JID), Norbert BELINGA, chef du Secteur des Douanes du Sud 2 (qui couvre la zone portuaire de Kribi) peut se réjouit de l’honneur à lui accordé par la Direction Générale des Douanes (DGD), et à travers elle, le Ministère des Finances, pour accueillir l’édition 2023 de cet événement devenu traditionnel.
Lui qui a été porté à la tête de cette structure au début de sa création en mars 2018, a su transformer le petit poucet d’hier en mastodonte dans la hiérarchie des secteurs les plus lucratifs.
Des 16 milliards de FCFA enregistrés en 2018, le secteur des Douanes du Sud 2 a multiplié par 10 ses recettes, atteignant les 163 milliards de FCFA en 2021. Une performance qui l’a fait passer du Top 5, au deuxième rang des secteurs les plus pourvoyeurs de recettes douanières (derrière le secteur des Douanes du Littoral 1, voir graphique). Au 31 décembre 2022, ledit secteur a rapporté 169 milliards FCFA dans les caisses de l’Etat, poussant encore les limites de ses performances.
Comment la cadette des unités douanières à compétence régionale a-t-elle fait pour se positionner au cœur de la stratégie de la Direction Générale des Douanes, et partant, de l’économie nationale ? Pour le comprendre, il faut jeter l’encre dans les eaux profondes du Port de Kribi.
Le port de Kribi
Mis en service en 2018, avec l’accostage du premier navire commercial, le Port de Kribi a bénéficié de sa structure et son infrastructure (une profondeur de quai de 16 m, un chenal de 200 mètres et une zone d’évitage de 600 mètres au départ rallongée à 1200 mètres) pour s’imposer comme la plateforme incontournable des échanges maritimes entre l’Afrique centrale et le reste du monde.
Des 6 333 691 tonnes de marchandises transportées lors de sa première année (135 880 conteneurs EVP, et 294 navires enregistrés), le trafic au port de Kribi a compté 453 escales en 2021 et devrait dépasser cette barre en 2022.
Ceci, grâce à l’arrivée sur le port de géants comme Maersk et CMA CGM, mais aussi grâce au développement de nouvelles lignes maritimes comme la ligne ASAF, une ligne maritime qui permet la « desserte des ports asiatiques par des navires d’une capacité de 8000 TEUS, avec Kribi comme port pivot en Afrique centrale. Des activités qui ont nourri le secteur des Douanes du Sud 2.
Dans une interview accordée à BOUGNA en 2021, Norbert BELINGA donnait une analyse pertinente de cette relation port-Douane. « La Direction Générale des Douanes et le Ministère des Finances considèrent à raison, que le potentiel du port de Kribi continue de croître et de ce fait, nous assignent des objectifs de plus en plus ambitieux. Il faut d’ailleurs reconnaître que ces derniers mois, nous avons souvent été largement au-dessus des prévisions. On a fait le premier milliard mensuel en mai 2018. Un peu plus de deux ans après, on est quand même parvenu à une multiplication exponentielle de nos résultats. Notre objectif est d’atteindre, avant la fin de l’année, la barre des 10 milliards de F CFA. Ce qui nous permettra de nous situer à peu près à 20% de ce que fait le Secteur Littoral I ».
L’avenir du port
L’avenir s’annonce encore plus radieux. Le 08 juin dernier, Bolloré Transports & Logistics (BTL) a inauguré son Kribi Logistics Hub (KLH). Son rachat par le groupe MSC positionne la plateforme de Kribi plus que jamais comme « The place to go » dans le Golfe de Guinée. Le 26 septembre, le PAK et du KCT ont signé un avenant à la convention de concession, confirmant la réalisation de la deuxième phase de développement du port.
Attendue pour le début de 2024, cette nouvelle phase prévoit une extension du KCT, avec la réalisation d’un nouveau linéaire de quai de 715 mètres équipé de cinq portiques supplémentaires et disposant d’une surface de stockage de 30 ha.
Une fois cette deuxième phase réalisée, pour près de 600 millions de dollars, apportés pour une large part par CHEC, le KCT verra sa capacité annuelle passer de 350 000 EVP (équivalent vingt pieds) à plus de 1 million, pendant que le KMT sera en mesure de traiter 4 millions de tonnes de marchandises par an, contre 1,2 aujourd’hui.