Les jours de l’italien ICM sont sans doute comptés sur la route Ebolowa-Akom2-Kribi. Selon nos informations, le Ministère des Travaux Publics, représentant de l’Etat dans le cadre du contrat qui lie l’entreprise au Cameroun, devrait purement et simplement dessaisir l’entreprise sur les 170 kilomètres de linéaire que compte l’infrastructure.
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Ceci, en raison de l’incapacité, pour les deux parties, de trouver un accord sur l’étude d’impact environnemental, condition posée par UKEF/Starndard Chartered Bank pour débloquer l’argent. Ce 29 mars 2023, au cours d’une réunion (des représentants de la CAA, du MINEPAT, et du MINTP y ont pris part), l’entreprise n’a pas su donner des assurances sur la suite à donner au projet.
En effet, depuis la signature du contrat des travaux en mars 2022, le banquier britannique se dit particulièrement sensible aux questions liées à la protection de la biodiversité. Notamment la présence de singes et de gorilles montrés dans les forêts qui longent le tracé actuel de la route Ebolowa-Akom2-Kribi.
Ce qui sera fait
Au Ministère des Travaux Publics, Emmanuel Nganou Djoumessi ne cache pas son agacement. « Il ne s’agit pas d’aller créer une route dans une forêt pour détruire les gorilles et les signes qui y existent. Il s’agit de bitumer une route qui existe depuis les années 1932. La route Ebolowa-Akom2 existe. Ce n’est pas la première infrastructure routière que nous construisons au Cameroun, pour dire que nous n’allons pas respecter la norme de la société internationale qui voudrait que les populations victimes de déplacement involontaire soient indemnisées. Notre bloc juridique interne intègre les indemnisations des expropriations pour cause d’utilité publique. Ce n’est pas quelqu’un d’autre qui l’exécute dans notre pays », crache-t-il.
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A en croire le maître d’Ouvrage, les premières décisions devraient porter sur la reconfiguration de l’itinéraire, et son allotissement en quatre lots « pour absolument commencer les travaux ». Une approche similaire à ce qui a été fait sur la section Babadjou-Bamenda. S’agissant de l’argent, l’Etat envisage de financer les travaux sur fonds propres. Certaines sources n’éludent pas la possibilité d’un recours à un partenaire financier.
ICM
Contacté, un haut cadre de ICM reconnaît le statut-quo dans la mise en œuvre du projet, mais relativise quant à la mise à l’écart de son entreprise dans ce projet conclu entre les présidents camerounais Paul BIYA et italien Sergio Mattarella.
« Nous avons un contrat signé et enregistré. Le problème reste la question des bailleurs et notamment de l’étude environnementale. Le Ministre est sous pression et je le comprends très bien. Il n’est pas contre notre entreprise car il sait très bien les efforts que nous avons porté sur le projet. Malheureusement, les aspects socio-environnementaux ont pris la priorité sur tout le reste », déclare-t-il.
Pour ce membre du top management de ICM, le problème rencontré est conjoncturel. « Cet aspect est désormais général dans le monde entier. On verra dans les prochains jours car les bailleurs sont en contact avec le MINEPAT et la question est montée à très haut niveau ».
Démarré en 2017, le projet de construction de la route Ebolowa-Akom2-Kribi devait être financé à hauteur de 128,293 milliards de FCFA.