Lundi, 29 mai 2023. Le port Autonome de Kribi, entreprise qui gère la plateforme portuaire accueille une délégation d’experts de plusieurs départements ministériels. Le Ministère des Travaux Publics, ingénieur de l’Etat, le Ministère des Transports, le Ministère des Finances, et des experts d’autres administrations spécialisées, à l’instar de la Caisse Autonome d’Amortissement.
A Kribi, des visites d’experts de départements ministériels, ou tout simplement de ministres (la dernière en date avait été celle de Grégoire Owona, Mintss et Issa Tchiroma Bakary, Minprof en avril dernier) on en accueille régulièrement. Mais celle de ce mois de mai revêt un caractère particulier. Amener ces experts du gouvernement sur le terrain pour toucher du doigt les contraintes au développement du port.
Faible alimentation en énergie électrique ; mauvaise couverture des réseaux de télécommunications (téléphonie et internet) ; indisponibilité des matériaux locaux (ciment, gasoil) pour la poursuite des travaux de la construction de la phase 2 ; dégradation de la route Kribi-Edéa, retard dans les projets de la route Kribi-Ebolowa, du chemin de fer Kribi-Edéa, de l’autoroute Kribi-Edéa et de la construction de la phase 2 ; coût du péage élevé du péage automatique au poste de Mbeka’a ; maintien et amélioration des incitations à l’investissement ; taxation à la TVA des opérations navires et opérations de transbordement…Derrière cette grosse infrastructure portuaire construite dans les eaux profondes de l’Océan atlantique, il reste encore beaucoup à faire.
Un exemple, celui de l’offre énergétique. Selon nos informations, les capacités énergétiques actuellement disponibles suffisent à peine pour faire tourner les moteurs des 29 entreprises déjà installées ou en cours d’installations (neuf sont du secteur industriel et 20 du secteur de la logistique).
En effet, connecté depuis 2017 au réseau public d’électricité via une ligne bi-terne de 30 kilovolts reliant la centrale à gaz de KPDC au Port à Mboro, le Port Autonome de Kribi a doté sa place portuaire d’un système de secours d’une puissance de 7,8 mégawatts qui prend automatiquement le relais en cas de coupure du réseau public.
Sauf que, victime de son succès, le Port de Kribi a su attirer plusieurs industries (cimenteries, usines d’assemblage d’engins, de transformation du Cacao, de transformation du blé, etc.), gourmandes en énergie électrique, peut-être trop gourmandes pour les capacités installées.
Le gouvernement interpellé
« Si rien n’est fait à moyen terme, la capacité de la ligne électrique moyenne tension alimentant les entreprises installées dans la zone industrielle et logistique du Port arrivera à saturation », a réagi le patron d’une industrie installée dans la zone industrielle du Port de Mboro. Une phrase reprise presqu’en cœur par les patrons d’entreprises rencontrés par les experts du gouvernement qui ont fait la descente sur le Port.
« Ceci qui entraînerait alors des arrêts de production et des perturbations des opérations au niveau des quai (portiques électriques) si cette capacité n’est pas revue à la hausse », a ajouté un autre patron d’entreprise rencontré par BOUGNA.
Certains patrons d’industrie (parmi les plus pessimistes) rencontrés, estiment qu’une crise énergétique pourrait surgir dès le mois de juin 2024, si rien n’est fait. Ce qui serait alors catastrophique pour leurs activités, préviennent-ils.
Approchés sur le terrain pendant leurs visites, les experts que conduisaient les secrétaires généraux des ministères des Travaux Publics et des Transports, n’ont pas voulu s’exprimer sur ce problème. « Nous n’avons pas reçu mandat de nous exprimer à la presse. Nous sommes venus voir, nous avons vu », a déclaré l’un des chefs de la délégation.
Solution
Pour éviter le « court » circuit, le Port Autonome de Kribi annonce la construction à venir d’une ligne 225 kV d’une puissance de 211 MW reliant la centrale hydroélectrique de Memve’ele à Kribi et d’une ligne 225 kV d’une puissance de 120 MVA reliant la centrale de KPDC au port de Kribi. Aucune date n’a été donnée à ce sujet.
Au moment où l’entreprise dirigée par Patrice MELOM veut mettre en place une Zone Industrielle Intégrée au Port de Kribi, l’idée d’une crise énergétique ferait tache d’huile. Dans cet espace de 1500 ha, le PAK s’est associé à quatre géants mondiaux du secteur portuaire (Africa Global Logistics, Tanger Med Special Agency, ICTSI et CHEC) pour investir 900 millions de dollars US (environ 550,758 milliards de FCFA).
L’argent sera utilisé pour les travaux de déforestation, de terrassement des plateformes, de construction des différents réseaux, da construction d’un centre des affaires et de conférences et de construction des installations logistiques.
La Zone Industrielle Intégrée, sur laquelle le PAK compte pour renforcer l’attractivité de son Port et favoriser la montée en puissance de l’activité et des trafics d’import/export, devrait permettre de créer plus de 10 000 emplois.