GNINAHOPHIN Pierre OUATTARA (ex-DG Atlantic Cocoa): Je laisse une entreprise qui a une reconnaissance internationale

0

Premier Directeur Général de Atlantic Cocoa Corporation, GNINAHOPHIN Pierre OUATTARA est arrivé au terme d’un séjour long de cinq ans. Années au cours desquelles le manager ivoirien s’est attelé à installer, au Port de Kribi, une usine de transformation de cacao pleine d’espoirs. Dans cette interview publiée dans « La Lettre du PAK », GNINAHOPHIN Pierre OUATTARA refait le parcours de la création de cette entreprise devenue un géant dans le Golfe de Guinée.

ACC est la toute première entreprise à avoir obtenu une AOT sur la zone industrialo-portuaire de Kribi. Qu’est-ce qui a motivé cette confiance inestimable au PAK de sitôt ?

L’Autorisation d’Occupation Temporaire
(AOT) que le Port Autonome de Kribi nous
a accordée en 2018 était le résultat d’une
confiance mutuelle entre ACC et le PAK. Au-delà de ces deux entreprises, c’est une confiance entre deux hommes, le président de notre Groupe M. Bernard Koné DOSSONGUI et le Directeur Général du PAK M. Patrice MELOM.
Notre décision de choisir Kribi comme emplacement stratégique pour implanter cette usine de transformation de cacao était basée sur plusieurs facteurs  : une position géographique stratégique ; un engagement à long terme du PAK envers
la zone industrialo-portuaire et enfin les engagements du gouvernement camerounais en faveur du développement
de l’industrie du cacao, créant un environnement propice à la croissance de notre entreprise et bien d’autres encore. En
moins de deux ans d’exploitation, ACC est déjà reconnu au niveau du marché international du cacao, preuve que nous ne
nous sommes pas trompés en nous installant à Kribi.

Quelles anecdotes pouvez-vous rapporter sur la période d’implantation du projet ?

La mise en place d’un projet n’est jamais un long fleuve tranquille. Il y a eu beaucoup de difficultés mais par la persévérance et la
grâce de Dieu, nous y sommes arrivés. En termes d’anecdotes, je peux citer les boutades de l’ancien Directeur de l’Aménagement du PAK, M. MPILA qui, à chaque rencontre me disait « M. OUATTARA j’espère que votre projet ne va pas devenir un éléphant blanc » et je lui répondais que justement, « dans une forêt comme celle-ci, seul l’éléphant qui avance peut atteindre ses objectifs, nous allons y arriver ». Et nous y sommes arrivés.

A côté de cela, je me souviens également
que lorsqu’on a fini les installations, notre
directeur de projet m’a félicité, avouant
que l’équipementier lui-même ne croyait
pas que nous irions jusqu’au bout. Tout
cela pour dire à quel point ce n’était pas
facile mais par la conviction du Président
du Groupe Atlantic et l’accompagnement
du PAK, ACC est sortie de terre et tourne
parfaitement aujourd’hui.

A propos du PAK, estimez-vous avoir eu
l’accompagnement adéquat de sa part ?

Absolument oui ! Le PAK a été un partenaire stratégique clé dans la réalisation de notre projet, à travers un soutien logistique de premier ordre ; la qualité des infrastructures portuaires et de la zone industrielle ; une expertise et un engagement sans faille tout au long de la réalisation de notre projet.

Clairement nous avons eu l’accompagnement adéquat à différents niveaux de notre installation et j’insisterai sur la mise en place de certaines utilités, notamment la ligne électrique moyenne tension qui nous alimente aujourd’hui
avec un taux de coupure relativement bas comparé à ce que nous avons dans la ville. J’insisterai également sur le soutien de l’ensemble du staff du PAK et du DG MELOM en particulier. Chaque fois que je rencontrais une difficulté et que je le saisissais, il avait une oreille très attentive et je tenais à l’en remercier sincèrement.

Quid de la phase de démarrage de l’exploitation ?

Nous avons pu faire les premiers essais en décembre 2020. Mais je dirai que nous avons joué de malchance avec le covid
19 parce que nous étions quasiment prêts quand la pandémie est survenue et nous a obligé à stopper notre élan. En mars 2020 tous les ingénieurs de BULLER sont repartis en Europe et l’on a dû attendre leur retour pour redémarrer. C’est donc finalement en décembre 2020 que les premiers essais ont été faits. Dès janvier 2021, nous avons mis l’accent sur toutes les certifications qu’il faut à une entreprise agroalimentaire qui se veut de classe mondiale pour pouvoir commercer avec
l’ensemble des clients du secteur, notamment les chocolatiers.

C’est cette mise à niveau qui nous permet aujourd’hui de vendre quasiment sur tous les continents et chez tous les autres acteurs de renom dans le domaine.

Par la suite l’on vous a souvent entendu poser un problème majeur lié à l’accès à la matière première. Comment êtes-vous parvenus à lever cette contrainte ?

L’accès à la matière première, la fève de cacao, constitue un défi majeur pour toutes les industries de notre secteur d’activité. Pour l’ensemble de l’industrie de transformation c’est un problème clé qui est d’autant plus crucial pour nous autres qui sommes installés au niveau local, puisque nous ne pouvons que nous approvisionner au niveau du pays alors que nos concurrents en Europe, aux Etats-Unis et ailleurs peuvent importer et ainsi s’approvisionner de différentes origines.

Pour faire face à cette difficulté qui demeure, ACC a déployé une stratégie sur trois axes principaux : d’abord l’optimisation de ses processus de chaîne d’approvisionnement, ensuite la signature de partenariats solides avec les acteurs locaux de l’industrie du cacao et enfin la diversification des sources d’approvisionnement. On a pu convaincre certains exportateurs qui ont commencé à nous livrer le cacao depuis 2022. Avec ces stratégies, nous avons pu réduire l’impact du déficit mais nous sommes encore loin des satisfactions. L’usine arrive à tourner à plus de 80% de sa capacité sur les mois ou la fève est disponible, notamment d’octobre jusqu’en janvier et malheureusement, quand on n’a pas de fèves, nous sommes obligés de tourner à des capacités beaucoup plus faibles.

Le principal défi et chantier majeur du nouveau Directeur Général d’ACC sera justement de multiplier des initiatives pour permettre à l’usine de tourner en permanence à sa capacité maximale quasiment toute l’année durant.

Sommairement, qu’elle est l’état de l’entreprise que vous lui laissez en gestion au moment de votre départ ?

Je l’ai dit tantôt, toutes les certifications sont déjà faites et c’est primordial. ACC est déjà un acteur majeur de l’industrie de la transformation du cacao au Cameroun, caractérisée par une usine et des process aux meilleures normes internationales de qualité et de sécurité alimentaire, avec l’obtention de certifications de premier rang dont ISO 9001 V 2015 ; FSSC 22000 V 5.1, HALAAL, KOSHER, NOVOLYZE 6 Log, RAINFOREST ALLIANCE, FAIRTRADE, et SEDEX. ACC vend à des chocolatiers de renom et c’est une marque de reconnaissance au niveau internationale. La vérité est que les produits ACC sont de très bonne qualité.

En termes de ressources humaines, nous avons au niveau de l’entreprise un effectif de jeunes camerounais que nous avons recrutés dans les meilleures écoles et universités et que nous avons formés aux métiers de la transformation du cacao. Nous sommes heureux de les voir piloter l’usine et cela fait d’ailleurs partie de mes plus grandes satisfactions à titre personnelle. ACC compte environ 400 personnels en termes d’emplois directs et des milliers d’emplois indirectes dans les champs et autres circuits logistiques.

Quelles sont les perspectives d’ACC sur le court, moyen et long terme ?

ACC vise la croissance continue et la diversification de ses produits. Nous ambitionnons le renforcement des partenariats avec les producteurs locaux et l’exploration de nouvelles opportunités d’exportation. Objectif in fine, devenir le leader national de la transformation du cacao avec un accent sur la durabilité et la responsabilité sociale.

Où et à quelles fonctions êtes-vous appelés au départ d’ACC Kribi ?

Je suis appelé à occuper un poste de haute direction au sein de notre entreprise mère en Côte d’Ivoire, où je continuerai à contribuer au développement stratégique de notre Groupe dans le secteur de la transformation du cacao à l’échelle continentale. Notre objectif sera de mettre en œuvre des stratégies de croissance et d’innovation tout en maintenant notre engagement environnemental et social.

Cette interview a été réalisée par Félicité BAHANE, Chef de la Cellule de la Communication du Port Autonome de Kribi

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here