Ibrahima YAYA : « Le GTTC est pour la répression des chauffeurs qui n’ont pas de badge professionnel sécurisé »

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Ibrahima YAYA Pdt GTTC s'exprime sur le badge professionnel sécurisé

Président du Groupement des Transporteurs Terrestres du Cameroun (GTTC), Ibrahima YAYA a accordé une interview à la CRTV. Occasion pour lui de donner la position favorable de son organisme sur l’entrée en vigueur du nouveau badge professionnel sécurisé, et d’insister sur l’importance de ce document de transport.

À partir du 2 juin prochain, le ministère des Transports va faire entrer en vigueur la mesure destinée à contrôler des badges sécurisés chez les conducteurs. Est-ce que vos adhérents sont prêts ?

Il faut rappeler que le Groupement des Transporteurs Terrestres du Cameroun est l’organisation patronale du secteur du transport. Nous sommes les propriétaires des véhicules. À ce titre donc, c’est dans notre intérêt d’identifier les conducteurs qu’on emploie pour que nous sachions véritablement qui ils sont, d’où ils viennent, pourquoi ils ont accepté de faire le travail de la conduite du transport de masse.

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C’est parce que le transport par taxi, c’est un transport de masse dans le centre urbain. Pour nous, le groupement des transporteurs terrestres, c’est pour revenir à votre question, le groupement des transporteurs est prêt pour le 2 juin.

Le gouvernement pense qu’à travers cette mesure, il sera possible de faire le tri, parce qu’il y a beaucoup d’intrus dans votre secteur. Est-ce que c’est aussi votre avis ?

Oui, vous savez, nous avons connu des moments très, très difficiles. Il y a de cela quelques mois, où il y a eu des tueries dans le secteur du transport par taxi, où il y a eu des enlèvements, etc. Mais justement, c’est parce que les conducteurs ne sont pas identifiés. Vous pouvez emprunter un taxi, vous ne savez pas qui vous conduit.

Et pendant ce temps, on vous envoie en Brousse, on vous ligote même. Et même ces passagers-là, souvent, sont dangereux, parce que les passagers, eux aussi, ils n’ont leur part. Parce que la majorité des taximen qui ont été ligotés et tués, c’est parce que nous avons des passagers véreux.

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Mais pour nous, la sécurité passe inévitablement par l’identification, non seulement des conducteurs, mais aussi et surtout des passagers. Parce que nous avons parlé la dernière fois des tueries des conducteurs par taxi, mais pour nous, ça ne suffit pas. Il faudrait que l’État mette le moyen d’identifier, même les caméras, quelque chose comme ça pour identifier les passagers qui entrent aussi dans nos véhicules, parce que c’est eux qui nous tuent également.

On ne peut pas mettre des caméras dans tous les taxis, quand même.

Oui, s’il faut mettre les caméras au niveau de l’espace d’embarquement des passagers, par exemple, c’est-à-dire l’espace aménagé par la communauté urbaine, où les gens peuvent emprunter des taxis, même bien qu’il y en a qui empruntent hors de cet espace-là, autant pour moi. Je pense bien évidemment qu’il faudra qu’on fasse quand même quelque chose pour la sécurité de nos employés qui sont les conducteurs de ces enjeux.

De manière globale, le secteur du transport par taxi au Cameroun est en essor. Est-ce que vous avez aujourd’hui l’impression que vous êtes suffisamment bien organisé pour que le service soit un service de qualité, pour que vos conducteurs soient en sécurité ?

Par rapport au service, pour moi, il n’y a pas de service de qualité aujourd’hui dans le domaine du transport par taxi. Vous voyez les taxis avec le plastique comme pare-brise, comme rétroviseur.

Vous voyez les taxis en lambeaux. Et moi, je pense qu’il y a quelque chose qui ne va pas à ce niveau-là. Deuxièmement, c’est que les organisations socioprofessionnelles du secteur du transport, dans leur ensemble, particulièrement les syndicats des conducteurs, doivent faire leur travail en éduquant, sensibilisant les conducteurs pour un changement de comportement responsable, pour changer la physionomie de nos villes. Et les grandes agglomérations, notamment Douala et Yaoundé, ne pourraient nécessiter que cela.

On accuse généralement les conducteurs par taxi de ne pas prendre soin des véhicules qu’ils mettent à la disposition des populations. On a également eu cet épisode où l’on avait demandé à ce que les taxis d’un certain âge soient retirés de la circulation. On sent quand même qu’il y a de la réticence de la part des syndicats.

C’est la mauvaise foi de ces syndicats. Tout syndicat sur l’île qui est patriote, qui veut construire et bâtir un transport fort, surtout le transport des personnes. Voyez-vous, aujourd’hui, tout ce qu’on fait, c’est pour l’être humain. Si Yango est né aujourd’hui, c’est parce qu’il n’y a pas un service de qualité dans le transport des personnes. Pour nous, nous pensons qu’il y a une mauvaise foi de certaines organisations, parce que si vous dites tous les syndicats, il y a certaines organisations socioprofessionnelles qui sont pour, mais il y a d’autres qui sont réticentes.

Moi, je pense que c’est une mauvaise foi, tout simplement, qu’ils ne veulent pas construire ce pays et qu’ils ne veulent véritablement pas développer le secteur du transport, surtout dans les grandes agglomérations. J’insiste là-dessus. Douala et Yaoundé sont des grandes agglomérations, c’est la vitrine du Cameroun, c’est la vitrine de l’Afrique centrale. Par conséquent, il faut casser les vieux véhicules afin d’amener de nouveaux véhicules pour permettre véritablement qu’il y ait une nouvelle vision, une nouvelle physionomie du secteur du transport des personnes dans ces grandes agglomérations-là.

Est-ce qu’on peut dire que c’est une mesure qui instaure des badges sécurisés pour permettre également de lutter contre la concurrence déloyale de certaines personnes qui utilisent leurs véhicules pour faire du transport de masse ?

Le fait d’avoir les badges dans les taxis n’exclut pas le transport clandestin. L’État doit prendre ses responsabilités. Parce que si on investit pour rentabiliser l’investissement, il faut travailler.

On ne peut pas avoir aujourd’hui cet investissement et qu’il y ait un Camerounais qui continuent de nous faire cette concurrence déloyale au vu et au su de tout le monde. Donc je pense que l’État, à ce niveau aussi, doit prendre ses responsabilités. Et je pense bien évidemment que le fait d’avoir les badges dans les taxis ne doit pas exclure ou bien mettre à nu le transport clandestin. C’est pour ces raisons que je profite de cette tribune pour attirer l’attention du ministre des Transports et toutes les autres organisations, notamment la police, la gendarmerie, des voix plus claires dans la lutte contre le transport clandestin qui non seulement mine la profession, mais au tout dernier l’image du Cameroun.

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