Alors qu’il est engagé dans un vaste processus de certification des plateformes aéroportuaires, le Cameroun doit faire face à un problème inattendu. Sa position stratégique dans le Golfe de Guinée fait de lui la cible des réseaux de contrebande qui tentent d’y faire passer différentes marchandises. Drogues, argent, métaux précieux, espèces protégées, etc.
En cinq ans, rapporte la Direction Générale des Douanes, le volume des drogues saisies dans le seul aéroport de Douala (première porte d’entrée du Cameroun) a dépassé les 6,4 milliards de FCFA entre 2020 et la mi-2025. Un chiffre inquiétant, pour ce pays qui peine à dépasser 2 millions de passagers par an.
Réuni ce 08 juillet à Yaoundé dans le cadre de sa première session ordinaire, le Comité National de Sûreté de l’Aviation civile s’est penché sur ce fléau qui pourrait doucher tous les efforts actuellement entrepris pour repositionner la destination Cameroun.
Insalubrité et insécurité
«…des défis persistants ternissent encore l’image de nos aéroports. En effet, plusieurs d’entre eux restent confrontés à des poches d’insalubrité et à des activités illicites récurrentes, malgré les nombreux rappels à l’ordre. Ces problématiques doivent désormais faire l’objet de solutions concrètes, durables et coordonnées », a déclaré Jean Ernest Masséna Ngallè BIBEHE, le Ministre des Transports.
« Nos plateformes aéroportuaires, faut-il le rappeler, sont les premières vitrines du pays. Elles sont soumises à des audits réguliers de l’OACI et doivent en permanence répondre aux exigences croissantes en matière de qualité de service offerts aux usagers. Je voudrais réitérer que la sûreté de l’aviation civile est une priorité nationale. Il est plus que jamais indispensable de protéger les passagers, les équipages, les installations et le public contre tout acte d’intervention illicite, tout en garantissant des conditions de voyage sûres, dignes et efficaces », a ajouté le ministre des Transports, sans indiquer les solutions concrètes envisagées.
Colère du Patronat
Si le CNS porte son regard seulement maintenant sur ce fléau, force est de noter que la situation perdure depuis des années déjà. Mi-novembre 2024, par exemple, le très sérieux Groupement des Entreprises du Cameroun (GECAM), principale organisation patronale du pays, s’en était indigné. Dans une lettre adressée le 19 novembre au Directeur Général de la société Aéroports du Cameroun (ADC S.A.), Célestin TAWAMBA décrivait « le délabrement flagrant et le manque d’entretien des infrastructures, équipements et services aéroportuaires ».
Prenant son stylo le 20 du même mois, Thomas OWONA ASSOUMOU, DG des ADC avait jugé « excessif » le constat fait par le Patron des patrons. Ceci, «…dans la mesure où les aéroports de Yaoundé-Nsimalen, Garoua et Maroua-Salak, disposent d’une infrastructure relativement récente, qui ne pose pas de problèmes majeurs d’entretien et de maintenance », avait-il.
« Néanmoins, des actions sont menées au quotidien pour améliorer la sécurité et le confort des passagers afin de garantir l’exploitation des aéroports conformément aux normes de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) », avait-il conclu.
Quinze mois seulement après la publication des résultats de l’audit de sûreté réalisé par l’OACI, les aéroports du Cameroun récoltent de mauvais points. Début avril 2024, dans un communiqué signé de ses mains, Jean Ernest Masséna Ngallè BIBEHE se réjouissait des résultats obtenus par le Cameroun à l’issue de l’audit de sûreté de l’aviation civile.
Audit
« Concernant l’indicateur de durabilité : le niveau moyen de mise en œuvre effective des huit éléments cruciaux du système de supervision de la sûreté de l’aviation civile au Cameroun est de 78,59% ; pour ce qui est de l’indicateur de conformité : le taux de conformité aux normes des annexes 9 et 17 relatives à la facilitation et à la sûreté de l’aviation civile, sur la base de l’ensemble des observations effectuées par les auditeurs dans les aéroports internationaux de Douala et de Yaoundé-Nsimalen est de 77,11% », avait-il écrit.
Concluant que « eu égard à ces résultats, le système de sûreté de l’aviation civile du Cameroun de 2015 à 2023 a effectivement connu une évolution de 53,15% en 2015 ; et 78,59% en 2023. Soit un taux de croissance de 25,44% ».