La Commission Nationale Anti-Corruption (CONAC) a rendu public son dernier rapport sur l’état de la Corruption au Cameroun sur l’ensemble de l’année 2024. Dans ce document de 275 pages, l’organisme public cite le Port Autonome de Douala (PAD) parmi les sociétés publiques et parapubliques qui ont mené des avancées considérables dans le sens de la lutte contre la corruption.
« Pour prévenir la corruption, la CLCC (Cellule de Lutte contre la Corruption Ndlr.) du PAD a effectué des descentes inopinées dans ses structures au sein desquelles les Employés sont exposés aux risques de corruption », relève la CONAC.
Ici, les Usagers, les partenaires et les personnels ont été sensibilisés sur les conséquences que peuvent avoir les actes de corruption dans le fonctionnement d’une entreprise comme le Port Autonome de Douala.
Corruption
Société à capital public depuis le 15 juin 1999, le Port Autonome de Douala gère la première plateforme portuaire du Cameroun. Dans un récent rapport sur le port de Douala, l’Institut National de la Statistique, révèle que 70% des échanges globaux entre le Cameroun et l’extérieur sont faits par le Port de Douala-Bonabéri.
Suite au décret portant réorganisation des activités au Port Autonome de Douala, le groupe s’est enrichi de plus d’une demi-dizaine de filiales, et a lancé d’importants projets stratégiques, à l’instar du projet de modernisation et de sécurisation du combinat portuaire de Douala-Bonabéri. Un projet majeur, dont la mise en œuvre a été émaillée par des accusations de corruption.
Souvent cité comme le chef du cartel, Cyrus NGO’O, Directeur Général, a récemment profité de l’invitation à l’émission Présidence Actu (sur les antennes de la CRTV, la chaîne de télévision publique du Cameroun) pour répondre à ses détracteurs.
« Quand vous êtes à un poste de responsabilité, surtout dans un contexte où beaucoup d’enjeux sont concentrés, il faut s’attendre à trouver des résistances au changement. Quand vous êtes préparés à ce type de challenge, vous n’êtes pas surpris d’avoir des vents contraires qui s’opposent à l’action que nous menons. Mais il faut dire que nous bénéficions dans cette dynamique du soutien du gouvernement, du soutien affirmé du Président de la République. Parce qu’il faut dire que si ce soutien n’était pas affirmé, nous ne serions pas amenés à réaliser tout ce que nous avons réalisé aujourd’hui », avait-il déclaré.
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Dans son rapport sur l’état de la corruption au Cameroun, la CONAC relève quelques cas de corruption. Non pas au niveau de son Directeur Général, mais au niveau du personnel de la Direction du Dragage et de la Logistique Maritime. Le 18 juin 2024, trois personnels d’entre eux (un directeur, un chef de département du dragage et un agent administratif) ont été reconnus coupables d’actes de corruption.
Pour les motifs de « Non-respect des procédures de maturation des Marchés Publics- Atteinte au principe du juste prix dans la Commande Publique ; Délit d’initié et complicité de délit d’initié ; Atteinte à l’image et à la réputation du PAD », ils seront purement et simplement licenciés.
Lutte contre la corruption
Selon la CONAC, « le PAD a mis à la disposition de la Cellule Locale de Lutte contre la Corruption des outils permettant de réduire à leur plus simple expression les risques de corruption au sein de ses structures. Les membres de ladite Cellule ont bénéficié de renforcement des capacités grâce à deux formations sur la » corruption et méfaits assimilés » et sur le « Système de Management Anti-Corruption (SMAC) » ».
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Par ailleurs, un séminaire de cinq jours a été organisé par le Cabinet ZEJY sur la lutte contre la corruption. Les membres de la CLCC du PAD ont été sollicités pour édifier les participants sur la politique et les moyens mis en place au PAD pour lutter contre la corruption.
Aussi, le Cabinet accompagnateur dans le cadre de l’implémentation du SMAC a également sollicité les membres de la CLCC lors de ses descentes au sein des différentes structures à l’effet de présenter le chemin parcouru dans la LCC afin d’élaborer son plan d’action. Les compétences des membres de la CLCC ont par ailleurs été renforcées par leur participation à plusieurs ateliers de formation sur la LCC.
« Pour améliorer les conditions de travail des membres de la CLCC, les responsables du PAD ont été saisis en vue de la mise à disposition du matériel et d’un cadre de travail approprié. A cet effet, une adresse électronique a été créée afin de faciliter les interactions avec les parties intéressées et de disposer d’un outil de communication pour les dénonciations. Dans l’optique de mettre les membres de la CLCC du PAD à l’abri de toute tentation de corruption, des indemnités ont été payées à tous », conclut la CONAC.
Etat de la corruption au Cameroun
Bon à savoir, le Rapport sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun en 2024 est le 14è publié par la Commission Nationale Anti-Corruption (CONAC). Il dresse une synthèse des actions de lutte contre la corruption menées par les différentes Administrations publiques et parapubliques ainsi que par les Organisations de la Société Civile et le Secteur privé.
En 2024, le nombre de contributions reçues pour l’élaboration du rapport a progressé, passant de 84 en 2023 à 105. De même, la CONAC relève une augmentation significative des sanctions administratives infligées aux auteurs d’actes de corruption. En effet, en 2024, 31 Administrations ont sanctionné des actes de corruption contre 24 en 2023.
Mais force est constater, pour le déplorer, le fait que sur les 384 Collectivités Territoriales Décentralisées que compte le Cameroun, seules six ont transmis leurs rapports d’activités.
En 2024, le préjudice financier subi par l’Etat du Cameroun a dépassé les 4, 061 milliards de FCFA. Ce montant est en baisse par rapport à 2023, année au cours de laquelle la CONAC évaluait le préjudice subi à plus de 114, 035 milliards de FCFA.
Un préjudice calculé sur la base des missions d’investigation de la CONAC d’une part et des condamnations pécuniaires prononcées par le Conseil de Discipline Budgétaire et Financière (CDBF) et le Tribunal Criminel Spécial (TCS) d’autre part.