2026 sera une année déterminante pour le projet minier de Mbalam. Patrick TCHOUWA, Directeur de l’Administration et des Affaires Publiques chez Cameroon Mining Company (CMC) en fait la promesse. Dans cet entretien accordé à la Cameroon Radio and Television, le DAAP fait une analyse prospective du projet, et annonce des couleurs pour 2026.
A quand la première livraison de fer sur les marchés de la sous-région Afrique Centrale ?
Laissez-moi vous dire, avec la vigueur que confèrent les faits, que le chantier minier de Mbalam s’achemine cette année qui s’achève, dans sa phase irréversible d’exécution. En fait, le développement de cet important projet minier est entré dans sa phase de croisière, marqué par plusieurs progrès concrets sur le terrain : les premiers travaux de construction ont débuté en décembre 2023, permettant ainsi la mise en place des infrastructures de base et le stockage initial de minerai dès décembre 2024. L’ambition est, bien entendu, d’atteindre 100 000 tonnes de minerai de fer par mois dès mars 2026, avant de monter progressivement à 3,6 millions de tonnes par an, puis 10 millions de tonnes sur la période 2027-2028.
C’est la preuve, s’il en est encore besoin, que le projet intégré Mbalam, longtemps discuté, parfois espéré, souvent scruté, est désormais une réalité tangible qui prend forme sur le terrain. Les machines tournent, les infrastructures s’élèvent, les équipes travaillent jour et nuit, et les partenaires industriels sont en place. Mbalam n’est pas un mythe, c’est un chantier qui se développe, qui vit.
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Le projet Mbalam, qui fait partie des chantiers miniers majeurs évoqués par le Président de la République, Son Excellence Paul BIYA et dont les premières exportations démarrent en mars 2026, permet à la République du Cameroun de bénéficier d’un financement intégral de 1,29 milliard de dollars US (sans participation de l’État ni endettement).
C’est l’occasion de redire toute la profonde gratitude de l’ensemble des équipes mobilisées pour la réussite de ce grand projet minier à l’endroit de deux Chefs d’Etat, le Président de la République du Cameroun, Son Excellence Paul BIYA, et son Excellence Denis SASSOU-NGUESSO, Président de la République du Congo, qui n’ont pas lésiné sur les efforts et sur les moyens pour donner à voir sur la mise en œuvre de ce projet intégré, qui charrie beaucoup d’espoir, tant les impacts attendus sur le plan économique, sur le plan de l’emploi et sur le plan social, sont importants.
Nous voulons souligner à grand trait que l’implication du politique à la mise en route du projet Mbalam-Nabeba a constitué un tournant décisif à la matérialisation de la vision éclairée de deux Chefs d’Etat du Cameroun et du Congo, qui ont, pour ce faire, mutualisé une synergie d’actions, et déployé une ingénierie administrative et institutionnelle rompue à toute épreuve. Leur dévouement, leur détermination et leur patriotisme, permettent de vivre les avancées enregistrées à date et de se projeter avec optimiste vers l’émergence de ces deux pays.
La vision de ces deux sages africains a été complétée par l’engagement inconditionnel du Président de la République Populaire de Chine, Son Excellence Monsieur Xi JINPING, à travers sa contribution à l’effort de mise en œuvre du mégaprojet transfrontalier, a donné une onction internationale dont les fruits seront cueillis incessamment.
Comment ne pas enfin saluer l’abnégation sans faille ainsi que les énormes sacrifices consentis par Messieurs Alexandre MBIAM, Cédric KETCHANGA, les patrons de BESTWAY FINANCE LTD à la tête du Consortium d’entreprises chargé de développer cet important chantier minier, et par Messieurs HONG WENQIANG, le Directeur Général de CAMEROON MINING COMPANY, et Idriss Confiance MBE, sans oublier Madame Pascale BATCHANDJI.
Retenons que ces jeunes entrepreneurs rompus à la tâche sont les principales chevilles ouvrières qui œuvrent, de jour comme de nuit, à la mise en œuvre effective du gigantesque projet transfrontalier, qui entend sortir la filière minière de l’ornière, pour désormais positionner le Cameroun, à travers le projet Mbalam, comme une locomotive en matière d’exploitation du minerai de fer dans la zone CEMAC.
Que gagnent le Cameroun et le Congo de ce projet intégrateur ?
Le projet intégré Mbalam s’annonce comme un moteur de croissance et de développement économique. Ses effets économiques induits en termes de recettes fiscales, de PIB, d’emplois, et d’infrastructures, en feront un pilier essentiel de l’émergence du Cameroun notamment. Il aura forcément d’importantes retombées fiscales, générant jusqu’à 4,32 milliards de dollars US de rente fiscale, dont 958,29 millions de dollars US provenant du free carry, et 1,31 milliard de dollars US liés à la transformation en acier.
Au‑delà des chiffres, il s’agit de vies humaines – des milliers de familles qui verront leur quotidien s’améliorer. Le plan social prévoit 4 000 emplois directs au pic de construction, puis 1 800 postes permanents durant l’exploitation, dont 85% pour cent réservés aux Camerounais. En tout 20 000 emplois indirects seront générés dans les secteurs connexes.
Le plan social comprend également la réhabilitation d’écoles, la construction de centres de santé et stipule également un programme de renforcement des capacités : 250 bourses d’ingénierie ferroviaire, 60 stages annuels en maintenance minière, ainsi que la mise en place d’un vaste programme d’adduction d’eau potable et d’accès à l’électricité dans les zones riveraines.
Sur le plan macro‑économique, les projections de la Direction Générale du Trésor anticipent près de 3 milliards de dollars d’exportations annuelles à pleine cadence, soit environ 5% du PIB. Le Produit intérieur brut gagnera plus d’un point de croissance tendancielle une fois le corridor totalement mis en service.
À terme, le projet Mbalam deviendra l’un des moteurs les plus puissants de la transformation structurelle du Cameroun.
Les femmes et les jeunes doivent-ils avoir un espoir particulier en ce projet décidé par les Chefs d’Etat du Cameroun et du Congo ?
Nous avons bâti pour Mbalam une stratégie d’emploi inclusive, articulée autour de trois grands principes dont en premier la priorité nationale, avec une préférence nette pour les ressortissants camerounais et, parmi eux, pour les populations des zones d’influence directe du projet. L’autre principe est la valorisation des jeunes, en particulier les primo-demandeurs d’emploi et les jeunes diplômés des filières techniques, industrielles, scientifiques, environnementales et de gestion. Et enfin, la promotion active des femmes, à tous les niveaux de responsabilité – des postes d’encadrement aux métiers techniques et opérationnels.
Dès la phase de construction, nous prenons l’engagement qu’au moins 80% des emplois seront occupés par des Camerounais ; au moins 30% de ces emplois seront réservés à des jeunes de moins de 35 ans. Un objectif minimal de 25% de femmes sera poursuivi dès la première année, avec une progression ciblée vers 35% à horizon 2030, ce qui est ambitieux pour un secteur historiquement masculin, mais réaliste si l’on investit dans la formation et l’accompagnement.
Nous nous inspirons ici des meilleures pratiques mises en œuvre par notre groupe dans la sous-région, notamment au Congo, où l’expérience de Nabeba montre qu’il est possible de passer de 30% d’expatriés à plus de 95% de main-d’œuvre locale en quelques années, en structurant des programmes de transfert de compétences et de formation continue.
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CMC a pensé une cartographie détaillée des métiers ouverts aux jeunes et aux femmes. Concrètement, les jeunes diplômés et les femmes seront particulièrement ciblés dans les techniques et d’ingénierie et regroupant les géologues, les ingénieurs des mines, les ingénieurs en environnement, les ingénieurs en génie civil, les ingénieurs en maintenance industrielle, les ingénieurs électriciens et électroniciens ; dans les opérations minières à travers les opérateurs de pelles, de tombereaux, de foreuses, techniciens topographes, techniciens laboratoire, techniciens HSE ; dans la logistique et transport avec des gestionnaires de flotte, les planificateurs logistiques, des superviseurs de sécurité routière, des responsables de pesage et de traçabilité ; en matière de support et services avec les finances, la comptabilité, les approvisionnements, les ressources humaines, la communication, l’informatique, la cybersécurité, les relations communautaires, la gestion de projets sociaux ; ainsi que dans le domaine des services externalisés : restauration, blanchisserie, entretien des camps, sécurité, services médicaux, maintenance bâtiments, services informatiques.
Dans chacune de ces catégories, nous identifierons des filières à forte employabilité féminine, par exemple l’ingénierie environnementale, la gestion HSE, la géologie, la planification, la logistique, la communication, les RH, mais aussi, de plus en plus, les métiers de conduite d’engins, là où l’expérience montre que les femmes sont souvent plus rigoureuses et plus prudentes.
Afin de transformer cette ambition en réalité, nous mettons en place un Programme Jeunes Talents Mbalam, qui reposera sur plusieurs dispositifs concrets : Des campagnes de recrutement ciblées dans les universités, les grandes écoles, les lycées techniques et les centres de formation professionnelle du Cameroun ; un programme de « graduate trainees » de 12 à 24 mois, permettant à de jeunes ingénieurs et cadres de découvrir successivement plusieurs départements – mines, maintenance, HSE, logistique, finances – avant d’être affectés à un poste définitif ; des contrats d’apprentissage et de stage pour les étudiants des filières techniques et professionnelles du Haut-Nyong, de l’Est, du Sud et de l’ensemble du pays ; un dispositif de mentorat interne où chaque jeune nouvellement recruté se verra attribuer un parrain ou une marraine expérimenté(e) ; des objectifs chiffrés avec au minimum 50 jeunes intégrés chaque année en tant que trainees ou apprentis pendant la phase de montée en puissance, avec une priorité aux jeunes issus des zones impactées par le projet.
S’agissant particulièrement des femmes, nous allons lancer un programme spécifique intitulé « Femmes & Mines – Mbalam » avec six volets : sensibilisation et attractivité avec des campagnes d’information dans les lycées, universités et associations de femmes pour présenter les métiers des mines et déconstruire les stéréotypes ; Recrutement ciblé avec des postes explicitement ouverts aux candidatures féminines, en particulier en HSE, laboratoire, géologie, RH, communication, finances, mais aussi en conduite d’engins et en maintenance ; des mesures de conciliation vie professionnelle – vie familiale : organisation des horaires, possibilités de rotation adaptée, hébergements sûrs, accompagnement pour la garde d’enfants en partenariat avec les collectivités locales ; la lutte contre le harcèlement et les discriminations à travers l’adoption d’un code de conduite zéro tolérance, mécanismes de plainte confidentiels, formations obligatoires pour l’ensemble du personnel, expatriés comme locaux ; l’accès aux marchés pour les femmes entrepreneures avec des quotas de marchés réservés aux PME dirigées par des femmes dans les domaines de la restauration, du nettoyage, de la fourniture de consommables, de la couture, de la communication, etc. ; et enfin un leadership féminin avec une identification systématique de talents féminins à haut potentiel et programme de préparation à des postes de supervision et de direction.
Pour l’heure, près de 140 employés travaillent déjà sur le site, dont une moitié issue des communautés riveraines. Chaque semaine, de nouveaux équipements arrivent. Les infrastructures avancent. Les partenaires s’engagent. Les pays impliqués convergent. Et la dynamique s’amplifie.





































