François Eugène Tetsiadha (Pdt Synetracam) : « Le gouvernement sera obligé de céder sur le prix du carburant à la pompe »

0
François Eugene TETSIADHA Synetracam. Crédit Photo: bougna.net

Alors qu’une certaine cacophonie s’installe au sein des organisations syndicales en négociation avec le gouvernement, François Eugène Tetsiadha veut rester lucide. Dans ces discussions engagées après les mesures gouvernementales de restrictions, il pense que l’unique objectif des syndicats doit être d’obtenir une réduction de 200 FCFA du prix du carburant à la pompe. Une mesure inscrite dans le chapelet de mesures déposées sur la table du gouvernement, et qui, selon le Président national du syndicat des Employés des Transports terrestres et activités connexes du Cameroun (SYNETRACAM), devrait permettre de ramener sur la route des transporteurs urbains en pleine déperdition. Légaliste jusqu’au-boutiste, François Eugène Tetsiadha observe d’un mauvais œil l’option déjà choisie par les transporteurs périurbains et ruraux. Qui, depuis quelques jours, ont augmenté les prix du transport, pour compenser les pertes liées à la baisse du nombre de passagers. « C’est leur chance, même s’ils évoluent dans l’illégalité », observe-t-il. Certain que dans cette lutte que les syndicats mènent pour sauver le secteur du transport urbain de masse des griffes du Coronavirus, la grève reste la dernière option.

 

Nous entamons la troisième semaine d’une crise sanitaire qui touche toute l’économie, notamment le secteur du transport. Immédiatement après la mise en application des mesures de restriction par le gouvernement, les associations syndicales ont débuté des discussions. Où en est-on ?

Avant d’arriver au niveau des négociations, ça a été une pression de la part des leaders syndicaux que nous sommes. Il a fallu que nous servions un préavis de grève aux membres du gouvernement pour qu’ils puissent agir. Il faut savoir que le secteur des Transports, particulièrement le secteur du transport urbain de masse a été terriblement touché. Il a fallu que nous serions le coude pour pouvoir survivre.

A LIRE SUR BOUGNA.NET

Cameroun-Coronavirus : Le Ministère des Transports publie une liste de mesures restrictives spécifiques au secteur des transporteurs

A l’heure actuelle, les négociations sont avancées. Ce que nous demandons c’est la baisse du prix du carburant au prix de 400 FCFA. C’est vrai que le gouvernement a dit que pour le moment, ce n’est pas très possible, et qu’on pourrait trouver quelques ajustements au niveau des impôts et au niveau des kits sanitaires. Mais prioritairement, ce que nous attendons aujourd’hui, c’est la baisse du prix du carburant.

Certains leaders syndicaux ont déjà avancé sur ce débat, en affirmant que le gouvernement sera obligé de céder principalement sur le carburant à la pompe. Pouvez-vous confirmer ces indiscrétions à ce moment précis des négociations ?

Oui, nous pensons que le gouvernement peut céder. Jusqu’ici, nous notons quand même la mauvaise foi. Il faut savoir que cette crise vient s’ajouter à une crise qui existait déjà. Nous avons un problème du transport clandestin qui minait déjà le secteur. Donc c’est une catastrophe de plus qui s’ajoute. Et le gouvernement n’a pas jugé nécessaire de lutter contre ce transport routier clandestin. C’était une question de volonté politique. Et le gouvernement n’a pas jugé utile de le faire.

A LIRE SUR BOUGNA.NET

Cameroun-Coronavirus : Le Premier Ministre ordonne enfin la fermeture de toutes les frontières terrestres, aériennes et maritimes

Maintenant que nous avons une pandémie qui est en train de sévir, le gouvernement sera dans l’obligation, je dis bien dans l’obligation, de céder (je crois que le mot est bien choisi, même s’il est violent) pour calmer les acteurs du secteur des transports. Savoir que nous sommes déjà à bout. Nous avons pris l’habitude d’accompagner le gouvernement. Je vous rappelle que la charge du taxi c’est quatre places. Le gouvernement a soustrait une place, qui nous coûte déjà très cher. Nous demandons au gouvernement de nous appuyer dans nos charges. Une fois de plus, le gouvernement sera obligé de céder. C’est la seule solution.

Certains de vos collègues, notamment le transport périurbain et rural, et le transport interurbain, semblent n’avoir pas attendu la résolution des discussions avec le gouvernement. Sur les lignes Douala-Yaoundé, ou Yaoundé-Bafoussam, pour ne citer que celles-là, le prix du transport a augmenté. Je peux aussi citer les lignes Mokolo-Nkolbisson. Quel est votre point de vue ?

Ils ont augmenté les prix unilatéralement. Pour moi, c’est une option illégale. Si le gouvernement laisse faire, c’est parce qu’ils n’ont pas le choix. Le gouvernement, à mon avis, s’est senti obligé de céder pour qu’ils puissent augmenter. Si le gouvernement interdit leur hausse de prix, il va bien falloir qu’il les accompagne. Le gouvernement a, en quelques sortes, fermé les yeux.

A LIRE AUSSI SUR BOUGNA.NET

Cameroun Pour lutter contre la propagation du COVID-19, le transporteur Stecy interdit les paiements cash à l’entrée de ses bus

Mais nous devons relativiser. Dans le secteur urbain, c’est très différent. C’est tellement sensible. Il est difficile pour nous d’augmenter les tarifs des taxis. Je rappelle que les tarifs officiels du taxi c’est 250 FCFA en journée et 300 FCFA la nuit. Et le client n’arrive même pas à payer. On voit des gens payer 150 FCFA, proposer 100 FCFA dans 1 000 FCFA, etc. Vous voyez que l’augmentation du tarif au niveau du secteur urbain n’est même pas possible. Tout ce que nous demandons, la seule possibilité c’est de baisser les prix du carburant. Quant à ceux qui ont pu augmenter les prix, je peux dire que c’est leur chance.

Ces derniers jours, on parle de cacophonie au sein des acteurs du secteur des transports. Certains sont accusés d’avoir pactisé avec le gouvernement, de s’être désolidarisés du groupe. Qu’en est-il exactement ?

Il n’y a pas de cacophonie. Nous, les leaders syndicaux du transport routier, nous sommes sereins. Il se trouve qu’il y a certaines bases de certaines organisations syndicales qui ont pensé que leurs leaders syndicaux n’ont pas fait le travail qu’ils attendaient. Vous savez que le syndicat n’a que la force de proposition. A la rigueur, ils peuvent faire pression. Nous avons fait des propositions. De tout ce que nous avons demandé, le gouvernement n’a rejeté aucune. C’est sur la table du gouvernement. Ils sont en train de se pencher dessus. Il y a un deadline qui est fixé au 27 avril. Si rien n’est fait, d’ici le 28, nous allons entrer en grève.

S’agissant de ceux qui veulent aller en grève, je peux dire une chose. Nous sommes en démocratie, tout le monde est libre d’aller en grève. Mais il faut se rassurer d’être en règle avant d’y aller. Notamment au niveau des statuts et des autres documents administratifs.

Interview réalisée par Frégist Bertrand TCHOUTA

 

Lire aussi :

19/03/2020      Cameroun-Coronavirus : Heetch, l’application de location de motos et de véhicules VIP enlève la clé sur le contact

17/03/2020      Cameroun-Coronavirus : Le Pr. Aurélien Sosso suspend les navettes des Blue Bus dans l’enceinte de l’Université de Yaoundé 1 

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here