« Le Président de la République avait insisté pour que les camerounais fassent partie de la gestion du Port en eaux profondes de Kribi »
Membre du groupe KPMO, et membre du Conseil d’administration de TPK, une société créée à la suite de l’accord avec Necotrans donne sa lecture à l’issue de l’annulation du marché attribué au consortium Necotrans/KPMO.
Le Premier ministre a décidé de retirer le marché attribué à Necotrans et à KPMO sur le Terminan polyvalent du Port de Kribi. Quelle réaction vous suscite cette décision ?
Il faut déjà dire que c’est une surprise pour nous. Bien que depuis la faillite de notre partenaire Necotrans, on se disait qu’on pouvait y arriver. Surtout que les repreneurs de Necotrans, il y en avaient deux qui se disputaient, et Necotrans n’arrangeait pas les choses. Mais tous les deux ont essayé de se rapprocher du gouvernement pour relancer les négociations en vue de la signature du contrat, sans suite. Parce qu’ici, on a dit que c’est faute de n’avoir pas signé le contrat et finalisé les annexes. Or des courriers ont été adressés à la Primature plusieurs fois, sans réponse. Nous sommes tous surpris de cette situation. Vous ne pouvez pas imaginer qu’un travail que nous avons fait depuis deux ans, nous avons fait le tour du monde pour rencontrer les partenaires. Et que ça se termine ainsi, pas de notre fait, nous les camerounais impliqués dans le dossier, mais du fait d’un de nos partenaires.
Nous sommes d’autant plus surpris qu’à aucun moment, le gouvernement, malgré nos relances, n’a essayé de nous entendre en tant que camerounais, pour voir quelles solutions nous pouvions offrir à ce dossier. C’est vraiment dommage. Nous sommes toujours disposés. Dans la perspective de faire ce travail, nous avons déjà convaincu beaucoup d’amateurs qui sont prêts à venir à Kribi. Le premier bateau viendra en février, je ne crois pas que cette décision va arranger les choses.
La décision du Premier ministre annule-t-elle l’existence de TPK, cette société que vous avez créée à la suite de la ratification de l’accord entre KPMO et Necotrans ? Quel avenir après cette sortie ?
Normalement, le port ne va pas rester ainsi. Il y a plusieurs options qui s’offrent au gouvernement. Soit prendre un deuxième, soit déclarer la situation infructueuse. Ce qui peut être fait pour rattraper, et le Conseil d’administration du Port de Kribi l’avait déjà prédit, c’est que le Port commence à travailler en régie, avec certains aconiers de la place en attendant qu’on puisse trouver un adjudicateur pour ce terminal.
L’attribution du marché a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Un premier résultat publié a été annulé, puis les délibérations furent remises au pouvoir discrétionnaire du Président de la république. Pensez-vous qu’on soit là dans la continuité du scénario qui fait du Terminal Polyvalent de Kribi un centre de hautes convoitises ?
En tout cas, je ne fais aucun procès d’intention à qui que ce soit. Nous sommes prêts à y aller. Je pense que nous sommes les mieux placés pour pouvoir faire tourner ce port. D’autant plus que le démarrage du Port ne se fait pas par décret. Il faut convaincre les armateurs à y venir. Si les armateurs ne vous connaissent pas, ce n’est pas facile. Notre expérience à Douala, sur le conventionnel, nous permet de croire que nous avons beaucoup de chance à faire démarrer assez rapidement le Port de Kribi.
Les multinationales qui sont là ont-elles déjà travaillé dans nos côtes ? Est-ce que c’est aujourd’hui qu’elles vont décider que les bateaux doivent venir ? A beau mentir celui qui vient de loin, et tout menteur vit de celui qui l’écoute. Nous, camerounais, nous disons au gouvernement que nous sommes là, qu’ils nous connaissent. Ça ne sert à rien d’aller chercher ailleurs. Vraiment, sur ce projet, je mets au défi quiconque qui peut travailler plus que nous, les cameronais.
C’est sur cette fibre patriotique que vous comptez vous appuyer pour faire pencher le gouvernement ?
Nous pensons que avant de faire quoi que ce soit, le gouvernement saura nous écouter. Le Président de la République avait insisté pour que les camerounais fassent partie de la gestion du Port en eaux profondes de Kribi. Je ne pense pas que la donne aurait changé entre temps. Nous restons confiants.
Interview réalisée par Frégist BERTRAND
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