Kahe Feukou, « Plus les bus seront surchargés, plus on aura de morts dans les accidents de la circulation »

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« Plus les bus seront surchargés, plus on aura de morts dans les accidents de la circulation »

Écrivain, Expert en normatif des dispositifs de la signalisation routière, et Président exécutif de Pyramide Prévention, il analyse les causes des nombreux accidents de la circulation observés sur nos routes depuis le début de l’année.

La RN4 vient à nouveau de faire parler d’elle. Avec un accident de la circulation qui a fait plusieurs morts. A ce jour, quel bilan faites-vous de cet incident ?

Faisant suite au grave accident de la circulation qui survenue dans la nuit du 5 juillet 2018 sur la route RN4 Yaoundé-Bafoussam. Un mini de transport interurbain de 30 places a fait une sortie de route dans la localité de Ntoundou (60 km de Bafia en allant vers Makenéné). Avec un lourd bilan selon notre source présente sur les lieux, à l’hôpital de Ndiki, il est nous a été confirmé que les quatre rescapés ont rendus l’âme. Le bus de type « Coaster » de l’agence Takala voyages était en partance pour Bafoussam.

Bien que ce drame ce soit produit et que nous attendons les résultats de l’enquête pour élucider ce qui s’est réellement passé, d’autres analyses peuvent nous éclairer sur le fait que les accidents de la route continuent à faire toujours plus de victimes.

 

Depuis 2018, c’est le quatrième ou cinquième accident grave qui est enregistré. Quelles peuvent être les causes de cet accident ?

La problématique des normes doivent être posée. Que fait l’Etat en ce qui concerne l’application des normes? Que fait l’agence des normes?

Le Cameroun aurait-il créé sa propre norme dans le domaine du transport qui nous conduit à chaque fois à des drames. Il se peut que le Cameroun ait son propre code de la route. Pour revenir sur le drame cité plus haut, Le minibus fabriqué par l’usine japonaise pour 26 places assises avec 26 ceintures de sécurité, lorsqu’il arrive au Cameroun, les institutions en charge du transport leurs attribuent des places de plus à 30 voire 35 pour certains modèles. C’est ce qui justifie le fait que les ceintures de sécurité sont découpées. Dans de tels drames, il peut y avoir des survivants. A condition que ceux-ci soient protégés par des systèmes de retenus en l’occurrence la CEINTURE DE SÉCURITÉ.

Des pratiques de ce genre ont envahi les systèmes de transport camerounais d’où le phénomène de surcharge dans les taxis et autres modes de transport de masses. Cela s’appelle de la surcharge institutionnelle.

Plus les bus vont être inondées de passagers de plus, plus on assistera à des cas d’accidents où il y aura trop de morts. Nous pouvons limiter le nombre de morts dans des accidents en faisant simplement respecter les normes sur les sièges automobiles et le nombre de places assises. N’oublions pas que même les bébés, les enfants et les adolescents sont des personnes qui doivent occuper obligatoirement une place assise.

Je pense que la faute revient au ministère des Transports. C’est lui qui délivre les cartes grises automobiles sans pratiquer le respect de la norme. Il serait judicieux que le ministre des transports se penche sur ces cas. Cela concerne plusieurs types de véhicules en circulation. Même les gros porteurs sont concernés. Le voyage est inconfortable dans certains bus gros porteurs sauf ceux dits « VIP ». Plus les bus seront surchargés institutionnellement, plus il y aura des morts de trop en cas d’accidents de la route.

 

Les accidents de la circulation sont de plus en plus meurtriers. Mais les accidentés, ou leurs proches, déplorent la prise en charge, au moins de la part des assureurs. Les assureurs sont-ils passifs dans cette situation, ou complices de ces dérives ?

Les sociétés d’assurances ont aussi une lourde responsabilité dans ce phénomène de surcharge aussi appelé « Bâchage ». Comprendre que les assureurs vous délivrent une police d’assurance pour des places assises conformes. Le phénomène de surcharge croît dans tout le pays, pourtant ils n’interpellent pas les services en charge du transport pour faire respecter la Code de la route et le code du transport.

Comment est-on arrivé à contourner les normes au Cameroun ? Qu’est-ce qui, d’après vous, justifie cette évolution en marge du cadre normatif ?

Les pays voisins appliquent les normes en places assises dans les transports urbains et interurbains, mais au Cameroun, c’est tout le contraire. L’Agence Nationale des Normes doit se pencher sur ce problème.

Interview réalisée par Frégist BERTRAND

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