Alphonse AYISSI ABENA : « CAMI est la seule filiale Automotive en Afrique du Groupe CFAO qui licencie pour motif dit économique »

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Alphonse AYISSI ABENA, Président de la FOCACO.

Président de la Fondation camerounaise des consommateurs, Alphonse AYISSI ABENA mène depuis quelques jours, un combat contre CAMI Motors. Le concessionnaire automobile, filiale du géant mondial de la distribution CFAO Group, s’est illustré cette fin de mois d’août par le licenciement « pour motif économique » de 34 salariés. Un enfumage, pour cet acteur de la société civile qui se souvient que « tout récemment encore, plusieurs postes de directeurs commerciaux ont été créés à Douala et Yaoundé. Le dernier en date est celui de Directeur commercial Pneumatique avec prise d’effet le 1er juin 2021 ». Ce qui « écœure » surtout le Président de la FOCACO, c’est le timing du licenciement, et son caractère racial. « Parmi certains licenciés, figurent des travailleurs qui cumulent plus de 24 années d’ancienneté…C’est inhumain et irresponsable pour cette entreprise qui se dit citoyenne de mettre des chefs de famille à la porte à la veille de la rentrée scolaire », regrette-t-il.


Vous faites partie des salariés du concessionnaire CAMI MOTORS licenciés il y a quelques jours pour « motif économique ». Quel est votre sentiment

Ce sont des licenciements ciblés et abusifs que le top management de CAMI veut faire passer sous le fallacieux prétexte de licenciement économique. Tout récemment encore plusieurs postes de directeurs commerciaux ont été créés à Douala et Yaoundé, le dernier en date est celui de Directeur commercial Pneumatique avec prise d’effet le 1er juin 2021. Ces postes crées viennent en augmentation des charges d’une entreprise qui, du jour au lendemain, vient parler de difficultés économiques pour justifier le licenciement humiliant d’une trentaine de personnels sur plus de 600 employés en contrat CDI.

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C’est inhumain et irresponsable pour cette entreprise qui se dit citoyenne de mettre à la porte à la veille de la rentrée scolaire des chefs de famille. Parmi certains licenciés, figurent des travailleurs qui cumulent plus de 24 années d’ancienneté.  Le caractère ubuesque de ces licenciements m’écœure profondément.

Dans une des lettres de licenciement adressée à un salarié, l’entreprise explique qu’elle vient de clôturer une troisième année économique difficile, au cours de laquelle une recapitalisation a dû être opérée, et ce par des actionnaires n’ayant pas perçu de dividendes les deux années précédentes. A cela, s’ajoute la crise de COVID-19 et les tensions de stocks à l’échelle mondiale sur la production des véhicules légers, qui rendent incertaines les perspectives à venir. Cette raison vous semble-t-elle plausible ?

Que CAMI rende public ses bilans de ces trois dernières années 2020, 2019 et 2018. Le constat sera clair et l’opinion sera choquée de savoir à quel point la main d’œuvre locale est extrêmement mal rémunérée face aux avantages mirobolants dont jouissent les travailleurs expatriés. C’est de l’APARTHEID ;

En plus, le top management actuel (DG et DAF), en place depuis moins d’un an, ne peut pas venir contredire l’ancien Directeur Général M. Pascal LOUCHELART qui déclare avoir laissé une entreprise ayant retrouvé la rentabilité et est actuellement à CFAO Automotive Sénégal pour relever des nouveaux défis ; ces propos sont vérifiables sur son profil LinkedIn.

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En ce qui concerne, les tensions de stocks à l’échelle mondiale dues à la Covid 19, c’est une situation qui pouvait être anticipée ; CAMI doit plutôt questionner la SFCE, filiale à 100% du groupe CFAO, qui est la centrale d’achat qui gère tous les approvisionnements du groupe CFAO : Imports d’Asie et d’Europe et export sur l’Afrique.

Dans un document parvenu à notre rédaction, les salariés accusent le Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale (MINTSS) d’avoir en quelque sorte validé cette décision « inhumaine ». Pourtant, se défend-on au MINTSS, les conditions de rupture ont été négociées en bipartite (entre les Délégués du Personnel et la Direction Générale) en entreprise pendant plus de 2 mois. Et que le MINTSS n’a été saisi qu’à l’issue de ces discussions, pour constat légal, telle que prévue par la législation. Que vous suscite cette réponse ?

Le Ministre Grégoire OWONA fait du ponce pilatisme pourtant il était bien informé des velléités du top management de la CAMI dont les premières intentions étaient de se séparer d’une soixantaine de collaborateurs et c’est le Ministre du Travail lui-même qui leur aurait conseillé de réduire de moitié cette première liste condition sine qua non pour qu’il appose son visa.

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Les négociations bipartites quant à elles ont vu toutes les propositions objectives de nos délégués du personnel être balayées d’un revers de la main par la Direction Générale ; les délégués ont proposé entre autres la rupture des contrats de travail de certains étrangers afin de préserver les empois des dizaines de Camerounais et l’arrêt des prestations du fournisseur de services d’expédition inter-agences évaluées à 40 millions F CFA par mois. Des prestations qui peuvent faites par le personnel interne comme par le passé ;

Dans ce processus, qu’est-ce qui dérange ? C’est le montant des indemnités de licenciement ? Ou la décision de licencier ?

C’est la décision de licencier qui dérange le plus. Je prends un exemple factuel, l’agence bénéficiaire de Cami à Bafoussam que je connais bien était déjà en sous-effectif avec 27 employés mais cela n’a pas dissuadé la Direction générale de licencier 5 collaborateurs en plus. L’agence compte aujourd’hui à 22 personnes avec à sa tête un Directeur ayant dépassé depuis plusieurs années l’âge de départ à la retraite mais il est pourtant maintenu et les jeunes sont mis à la porte. Il est évident que la décision de licencier était à tête chercheuse.

Aujourd’hui que la décision est actée, quelles suites comptez-vous donner à cette décision ?

L’entreprise a pris la décision de licencier de manière humiliante près de 34 salariés en se focalisant uniquement sur la main d’œuvre locale plutôt que celle étrangère largement mieux rémunérée. C’est inacceptable. J’ai écrit au Directeur Général de CAMI pour contester le caractère sérieux de ce licenciement économique et j’entends faire valoir nos droits à réparation auprès de la justice camerounaise et du parlement.

Une fois de plus, j’interpelle le Gouvernement à intervenir immédiatement auprès de CAMI pour obtenir la réintégration de l’ensemble des travailleurs et travailleuses qui ont été injustement licenciés.

CAMI est la seule « filiale Automotive » en Afrique du Groupe CFAO qui licencie pour motif dit économique. Pourquoi ?

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