Pour une réduction significative des morts sur nos routes : nous nous engageons !

0
Frégist Bertrand TCHOUTA

Il y a des moments où le regard du journaliste, l’enquête journalistique, les dénonciations, l’engagement éditorial…aussi forts soient-ils, deviennent vains et demandent plus. Il y a des moments où on sent qu’en plus des armes que nous avons entre nos mains, il faut emprunter d’autres. Les arracher, y compris entre les mains de ceux qui en ont, mais ne veulent pas en user.

Devant les morts à répétition sur nos routes, les accidents à la pelle, je tremble. Combien faut-il de morts sur nos routes pour que de vraies décisions soient prises. Pour qu’un changement de paradigme se fasse ? Jusqu’à quand va-t-on comprendre que les politiques actuelles sont dépassées, et nous obligent à nous adapter, à nous moderniser ?

Devant les vidéos de ce tronçon de route en feu, j’entends les cris de mes compatriotes brûlant sous les flammes. Mon esprit dessine des silhouettes de personnes piégées par le feu, appelant au secours…

Combien d’articles ai-je écrit sur des accidents impliquant des véhicules de transport de carburant ? Combien de fois ai-je enquêté sur les dangers des camions sur nos routes ? Combien d’articles ai-je rédigé sur cette route qui fait partie du tristement célèbre triangle de la mort ? Sur les signalisations ? Le respect des normes en matière de construction des routes ? Combien d’articles dois-je encore écrire ?

Après 17 ans de métier, et cinq ans de spécialisation sur les questions de transport, j’ai appris, j’ai compris. J’ai compris que ma plume ne suffit plus, la plume ne suffit pas. J’ai compris pourquoi du haut de son influence, malgré la grosseur de sa plume, Pius NJAWE avait quitté sa rédaction pour se faire le messager du danger des accidents de la circulation là où ils surviennent, sur les routes.

Plus de 10 ans après son décès, ce que je retiens de son engagement, c’est qu’au-delà du rôle des pouvoirs publics (efficace parfois, inefficace le plus souvent), le journaliste que je suis doit reprendre le flambeau et poursuivre le combat de cet homme aux mille combats.

La route est une voie pour le développement. C’est une facilité de mobilité. La route nous permet d’aller au travail, de rejoindre nos proches éloignés, de joindre un lieu de détente après une période de dur labeur, de prendre du plaisir en se déplaçant. « La route ne tue pas ! ».

Je lance dès aujourd’hui un appel à tous les camerounais (acteurs de la société civile, journalistes, experts, politiques, etc.) à s’associer à l’Observatoire Indépendant de la Route que nous mettrons en place dès ce lundi. Il s’agit d’un mouvement citoyen qui aura notamment pour objectif de faire bouger les lignes en matière de prévention et sécurité routières.

S’appuyant sur le digital, notamment l’Open Data, l’Observatoire Indépendant de la Route sera d’abord une force d’observation Capable de recenser les accidents de la route, les types de véhicules impliqués, l’état des véhicules impliqués et leur qualité, les zones les plus accidentogènes, bref, les causes majeures des accidents de la route.

Après cinq années de spécialisation sur les questions de transport, je suis en mesure d’affirmer qu’il n’existe pas de données officielles globales sur le nombre d’accidents de la route au Cameroun sur l’ensemble de l’année 2021. Pourtant au niveau central, l’Etat dispose de structures (Gendarmerie Nationale, Police, Ministère des Transports, Ministère des Travaux Publics) qui jouent un rôle essentiel en matière de prévention et sécurité routières.

L’Observatoire Indépendant de la Route sera aussi une force de proposition. Les données collectées via des canaux dont la crédibilité sera incontestable seront par la suite analysées, et des solutions idoines seront trouvées. Un cadre de réflexion sera mis en place pour trouver des mécanismes contraignants, visant à amener les pouvoirs publics à introduire dans leurs programmes un management plus efficace de la route.

La route doit cesser d’être un lieu d’accidents. Le meilleur moyen d’y parvenir c’est d’y sortir tout ce qui constitue un danger.

Frégist Bertrand TCHOUTA

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here