A 29 ans, Darryl TIOGUEU a déjà inscrit son nom dans le cercle très fermé des jeunes camerounais constructeurs automobiles. Cet habitant de Douala, capitale économique du Cameroun, vient de développer le premier véhicule électrique du pays.
Monté sur trois roues, tirées par un moteur de 15 kilowatts alimenté par une batterie de 10 kilowatts, le véhicule a une autonomie de 100 kilomètres. Un atout indéniable pour ce véhicule capable de transporter jusqu’à trois personnes assises dans la ville au trafic le plus dense du pays.
Outre l’importance de son véhicule dans la mobilité, Darryl TIOGUEU met surtout en avant le facteur économique de son invention. Son véhicule, dit-il, consomme 10 fois moins qu’un quatre roues classique.
« Si un kilowatt coûte 60 francs au Cameroun, 10 kilowatts coûtent 600 francs. Ainsi, 600 francs permettent de parcourir 100 kilomètres, alors qu’un véhicule consommant du carburant a besoin de 10 litres pour parcourir 100 kilomètres et que le coût d’un litre est de 700 francs. Un véhicule conventionnel aura besoin de 7 000 francs pour parcourir la même distance », calcule Darryl TIOGUEU.
« On peut utiliser la même logique pour construire un véhicule de transport de marchandises et de personnes. La voiture sera entièrement électrique, avec des panneaux électriques supplémentaires dans l’habitacle. La voiture pourra être utilisée sur une distance de plus de 100 kilomètres », ajoute-t-il.
Deux ans de recherche
Mais, dans cette ville à forte pluviométrie, le nouveau tricycle 100% électrique de Darryl NGANOU exposerait ses occupants aux intempéries. Sur l’ensemble de cette semaine du 27 mars au 04 avril 2023 par exemple, les prévisions météorologiques prévoient des températures oscillant entre 32 et 34°C, et des précipitations tous les jours (voir tableau).
Un défaut que le jeune camerounais pourrait combler, en faisant poser des bâches en plastique, comme le font jusqu’à ce jour certains constructeurs à l’instar de Stallantis (fondé le 16 janvier 2021 à la suite de la fusion des groupes Fiat-Crysler Automobiles et PSA) sur certains modèles comme le Jeep Wrangler.
« Il m’a fallu deux ans de formation, un an de préparation avec mon équipe et deux mois supplémentaires pour réaliser ce projet. Au niveau de la fabrication, nous avions des professionnels de différents domaines, comme le soudeur et l’électricien », révèle-t-il.
Le Cameroun des constructeurs ?
Dans ce cercle très fermé des jeunes constructeurs automobiles au Cameroun, Darryl NGANOU retrouve un certain Cédric SIMEN, concepteur de la SM237. Un quatre roues équipé d’un moteur Toyota 12 valves, dont la forme et l’allure se rapprochent d’un Jeep Wrangler de 1987.
Le jeune camerounais, à l’époque âgé de 27 ans, avait fabriqué son véhicule pièce par pièce dans son atelier situé dans la ville de Bafoussam (région de l’Ouest). Il fut d’ailleurs le premier à faire le trajet sur une route nationale avec son invention, en parcourant les 271 kilomètres qui séparent Bafoussam à Douala.
Darryl NGANOU retrouve un autre constructeur de tricycles, mais pas tout à fait jeune, mais à l’imagination fertile. Il s’agit du journaliste Banjamin ZEBAZE, qui vient d’obtenir du géant camerounais de la brasserie KADJI, l’achat de trois modèles.
Financements
Comme ses deux prédécesseurs, le nouveau tricycle de Darryl TIOGUEU se heurtera au traditionnel besoin de financement. Dans un pays où l’Etat a budgétisé un peu plus de 4 milliards de FCFA (Loi de Finances 2023) pour l’acquisition de véhicules, une dotation budgétaire destinée au financement de projets similaires contribuerait à lancer cette filière porteuse.
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De même, dans un contexte marqué par la mise en place de la politique d’import-substitution, le financement de projets de jeunes constructeurs automobiles contribuerait à limiter l’entrée sur le territoire de tricycles et véhicules de 30, parfois 40 ans sur le marché.