Le Ministre des Transports vient de lever la suspension d’un mois infligée à Touristique Express, à la suite de l’accident du 11 mai dernier, dans lequel quinze personnes ont perdu la vie. Au moment où beaucoup de personnes se réjouissent du retour de Touristique sur les routes, nous souhaitons savoir, monsieur le Directeur Général, avez compris les motifs de la suspension, avez-vous retenu la leçon ?
Je remercie l’éternel qui nous a permis d’avoir la levée de la suspension du Ministère des Transports, notre tutelle, après l’accident survenu il y a de cela quatre jours au niveau de Tapare sur l’axe Garoua-Boulaï-Meiganga. Accident dans lequel nous avons perdu nos frères et sœurs camerounais. Je renouvelle une fois de plus à la famille mes condoléances les plus attristées. A ceux qui sont à l’hôpital, je souhaite un prompt rétablissement et je les rassure de notre présence à leurs côtés.
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D’ores et déjà, le Ministre des Transports a pris cette décision par rapport aux camerounais qui ont perdu des vies. C’est son devoir régalien, je ne peux que le comprendre. Pour nous, c’était une période difficile. Heureusement, de la suspension à ce jour, où la levée est prononcée, nous avons eu des séances de travail avec ses techniciens. Nous avons mis un point d’honneur à lever toutes les anomalies. Nous avons élaboré une feuille de route. Ensemble, nous allons travailler pour mettre à ce que nos frères, nos passagers, nos clients, la population qui croit en ce qu’on fait soit rassurée de la sécurité et du confort que nous leur offrons.
Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?
C’est une relance, c’est une réouverture. Dans tout ce qui est relance et réouverture, je me dis qu’il y a une pause. Cette pause nous a permis de nous placer devant un miroir, pour voir qui est Touristique. Je crois que nous avons suffisamment contemplé notre corps pour savoir qui nous sommes. Je crois que nous portons cette responsabilité, de ce joyau national. Parce que quand on voit ces services régaliens sociaux que rend Touristique sur les lignes septentrionales, entre le Nord et le Sud, ça nous permet de dire toute notre fierté sur la structure, à l’endroit du personnel, du rôle que nous jouons, et de l’accompagnement du Ministère des Transports.
Cette actualité macabre a permis de mettre la lumière sur une entreprise qui semblait évoluer loin des rayons de soleil, loin du paysage médiatique. Comment pouvez-vous présenter à ceux qui vous lisent, cette entreprise ? Qui est Touristique Express ? Combien de bus avez-vous, combien de chauffeurs ?
Nous avons beaucoup de bus. Pour couvrir Kousséri jusqu’à Nkongsamba, il faut avoir beaucoup de bus. Sur l’une de nos récentes publications, nous avons déclaré avoir transporté en 2022 pratiquement 2 millions de camerounais. Pour faire cela, il faut avoir un matériel roulant très important.
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Par ailleurs, il faut un personnel navigant beaucoup plus important. Je vous donne une idée. Pour qu’un bus quitte de Maroua à Douala, il faut quatre chauffeurs. Un chauffeur jusqu’à Ngaoundéré, un chauffeur jusqu’à Bertoua, un chauffeur jusqu’à Yaoundé, et le dernier, jusqu’à Douala. Nos chauffeurs sont spécialisés par tronçons. S’il fallait faire le ratio entre les bus et les chauffeurs, rassurez-vous, on en serait à un chiffre très élevé.
Par contre, l’accident, c’est quelque chose qui vient de manière imprévue. Malgré toutes les dispositions que nous prenons, des fois, on l’encaisse. Aujourd’hui, il faut rester serein, et permettre que les passagers puissent avoir ce qu’ils ont acheté chez nous. Qu’est-ce qu’ils achètent ? C’est le déplacement d’un point A à un point B sains et saufs, avec leurs bagages.
La suspension de Touristique Express a cristallisé l’actualité. L’opinion était divisée entre les accidento-sensibles et les partisans d’un modèle économique qui protège les grandes entreprises. Sur les lignes que vous desservez, on a observé une augmentation des tarifs du transport, et, parfois, une porosité de l’offre fournie par vos concurrents. Pensez-vous que cela ait pesé sur la levée de la suspension de Touristique Express par le Ministère des Transports ?
Je ne crois pas que cet élément ait forcé la décision du Ministre des Transports. Je ne sais même pas s’il y a un élément qui a forcé la main de monsieur le Ministre. S’il faut s’avancer sur ce terrain, je parle bien du terrain des actes et faits qui ont contribué à rassurer l’autorité, notre tutelle, c’est le travail que nous avons fait ensemble depuis la suspension. Quand je parle de nous, je parle du Ministère, de notre partenaire le GTTC, de beaucoup d’autres partenaires qui étaient à nos côtés, et de nous-mêmes à Touristique Express.
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Je profite d’ailleurs de la tribune que vous nous offrez pour adresser nos remerciements à toutes ces entreprises et groupements qui nous ont accompagné pendant cette difficile période. Je vais me répéter, c’est le fruit des travaux que nous avons fait avec le Ministère des Transports qui a levé la suspension.
Pour ce qui est de nos passagers, de Kousséri à Nkongsamba, qui ont connu des désagréments, nous ne pouvons que leur présenter nos excuses. C’est un désagrément profond qui a été causé à l’issue de cet accident. Nous les rassurons que le dispositif pris avec le Ministère des Transports nous ramène sur la scène avec beaucoup plus d’arguments, avec une exploitation modifiée dans le cadre de notre système d’excellence opérationnelle, pour permettre qu’on produise le meilleur de nous-mêmes sur ce que nous disposons.
Le Ministère des Transports, avec Camtrack a lancé, en 2022, un programme visant à équiper les bus de transport interurbains notamment de caméras de surveillance. Touristique Express fait partie de ces entreprises qui traînaient le pas. Au sortir de cette crise, allez-vous vous arrimer ?
Comme je vous le disais plus haut, nous avons eu des séances de travail avec les techniciens du Ministère des Transports. Rassurez-vous, sur tout ce qui est énuméré, nous avons revisité. Ensemble, avec le Ministère des Transports, nous serons amenés à être cette vitrine du transport interurbain que nous nous sommes fixés.