Deux mois seulement après le démarrage des travaux, l’entreprise CFHEC est priée d’éteindre les moteurs de ses engins sur la phase 2 de l’autoroute Yaoundé-Douala (145 km). Contrainte par les populations de la localité de Bibodi, qui revendiquent le paiement de leurs indemnisations.
Une information que confirme le Ministère des Travaux Publics (MINTP), qui rappelle que c’est « depuis le 17 décembre 2024 » que dure cette interruption « du fait du non-paiement des indemnités liées à l’expropriation des populations situées sur les emprises ».
Dans le but de lever cette contrainte, Emmanuel Nganou Djoumessi a présidé, ce 09 janvier, une réunion de concertation avec des représentants desdites populations. Objectif : « sensibiliser et solliciter l’adhésion totale des populations riveraines des départements du Nyong et Ekelle et de Ngog-Mapubi en faveur de la réalisation de la deuxième phase de l’autoroute Yaoundé-Douala ».
« Aucun bien et maison ne sera détruit sans indemnisation des propriétaires », a martelé Emmanuel Nganou Djoumessi. D’ailleurs, pour montrer sa bonne foi, le membre du gouvernement a pris des recommandations fortes. « Identifier et indemniser de manière anticipée les populations concernées par les emprises utiles de l’infrastructures, identifier et indemniser partiellement les populations situées dans les 100 mètres de chaque côté de l’autoroute et demander à l’entreprise China First Highway Engineering Company de poursuivre les travaux ».
Rebelotte…
Engagés dans les travaux de déforestage et de terrassement au moment d’être contraints d’éteindre les moteurs de leurs engins, les ingénieurs de la CFHEC doivent bien se demander ce qui ne tourne pas rond dans la tête du Cameroun. Ce 02 octobre 2024, Henri EYEBE AYISSI, Ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières (MINDCAF) avait fait le déplacement de Bibodi, pour prendre part à la cérémonie de lancement des travaux de construction de la phase 2 de l’autoroute Yaoundé-Douala.
« La question des indemnisations est absolument très préoccupante. Vous noterez la présence de monsieur le Ministre du Cadastre et des Affaires Foncières, qui est une caution à la mise à disposition de l’entreprise de tous les sites dont elle aura besoin pour l’exécution des travaux. Notamment l’emprise des travaux, ensuite les sites destinés à la logistique et la base vie », avait expliqué, à l’époque, Emmanuel Nganou Djoumessi dans une interview accordée à BOUGNA.
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« Les mesures d’anticipation ont déjà été prises. Je tiens à rassurer les populations qui verront leurs biens impactés, qu’aucune maison, aucune habitation, aucune exploitation ne sera détruite sans qu’il n’y ait eu versement d’une compensation conséquente ».
« La vocation dans la réalisation d’une infrastructure routière ou autoroutière est qu’elle contribue à l’amélioration des conditions de vie des populations traversées, qu’elle contribue à l’impulsion de la croissance et non de venir accentuer les mauvaises conditions de vie des populations concernées. Ces populations seront indemnisées conséquemment », avait-il conclu.
Pourquoi avoir lancé les travaux sans avoir bouclé avec le dossier des indemnisations ? Comment comprendre que deux mois après ledit lancement, les sites ne soient pas encore « mis à la disposition des entreprises » ? Naseri Paul BEA, Gouverneur de la région du Centre, tente une explication. « La Commission d’évaluation des indemnisations. Elle a déjà achevé son travail et le dossier suit son cours dans les Services du Premier Ministre pour la signature du décret d’indemnisation. La liste des bénéficiaires a été préalablement affichée ».
Sur ce projet lancé en 2016, ce n’est pas la première fois que les populations riveraines crient aux expropriations sans indemnisation. Sur la phase 1 de l’autoroute, les ingénieurs de CFHEC avaient déjà arrêté les travaux, en raison du non-paiement des indemnisations. Le Cameroun ne semble donc pas avoir tiré les leçons du passé.
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C’est quelque chose d’extraordinaire. Ça leur coûte quoi de dédommager les populations victimes d’expropriation ? On ne peut pas construire des routes en laissant ceux qui ont céder leurs patrimoine foncier affamés.