Comment l’intelligence artificielle peut être mise à profit dans la durabilité des routes ? Cette question a été posée et des solutions abordées à Rabat (Maroc) au cours d’un séminaire international organisé par le Ministère de l’Equipement et de l’Eau, l’Association marocaine permanente des congrès de la route (AMPCR) et l’Association mondiale de la route (PIARC). Un séminaire placé sous le thème : « Concepts innovants d’exploitation routière, pour une mobilité sûre et durable ».
Des experts venus des quatre coins du monde se sont réunis à Rabat du 11 au 13 mai 2023 pour une sorte de brainstorming sur les questions d’exploitation routières pour une mobilité sûre et durable. Durant ces deux jours de partage d’expériences mais aussi de découverte de concepts innovants, les participants à ce séminaire international ont été édifiés sur les questions d’exploitation routière, de l’importance des Big Data dans la mobilité et la sécurité routière mais aussi sur la possibilité d’exploitation de la route pour répondre aux besoins énergétiques.
Routes
La route étant l’un des moyens de mobilité les plus utilisés en raison de sa flexibilité bénéficie d’une attention particulière. Tant sur la conception, la réalisation et aussi et surtout sur l’entretien.
S’agissant de ce dernier point, l’une des causes de destruction massive de la route est la surcharge. Pour une exploitation routière plus efficace, l’on apprend au cours du séminaire qu’on pourrait par exemple limiter les dégâts en privilégiant le système de pesage dynamique des véhicules au système statique (pont bascule) actuellement vulgaire en Afrique.
Sabri Bouknis expert tunisien explique son efficacité : « le pesage dynamique des routes permet d’évaluer la charge qui roule sur les routes et de voir comment on peut prévenir la maintenance de la route. …Cette maintenance peut être financée par les recettes issues des amendes liées aux surcharges ».
Data et mobilité
Avec la contrainte écologique et l’exode rural galopant (70% de la population mondiale sera installée dans les villes d’ici à 2050), le défi actuel est de réussir à établir une interconnexion des infrastructures routières et de mobilité. Comment y arriver ?
Avant toute chose, il est primordial de collecter les données de la route et de son usage. Ces informations de masse, analysées grâce au Machine Learning, pourra par exemple prédire la demande en transport et réduire considérablement le nombre d’accidents sur les routes. Argue ainsi Mouna Jiber, chercheur marocaine par ailleurs Chef de service au Ministère de l’Equipement et de l’Eau au Maroc.
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James Elliot Directeur d’Asset Management Ltd quant à lui propose l’expérience anglaise avec la mobilité comme service. Encore appelée MaaS ( Mobility As A Service), ce service permet aux utilisateurs de planifier, réserver et payer de nombreux moyens de transport sur une même plateforme numérique. Il révolutionne ainsi la mobilité tout en limitant les dégâts environnementaux. Ce concept qui fait ses preuves en Angleterre, Suisse, Allemagne, Canada etc. en plus d’offrir un benchmark gratuit, apporte à lui seul trois solutions : rapide, économique et durable. Une option intéressante également pour les pays en voie de développement.
Innovation
Les innovations dans la mobilité sont nombreuses. Il est primordial de repenser les habitudes et d’inventer les usages, nous informe Mounia Skalli, spécialiste mobilité par ailleurs Directrice associée MOBIDEP Conseil. Elle ajoute : « la technologie et l’innovation s’imposent comme un levier essentiel pour favoriser une mobilité urbaine durable ».
A Paris-Saclay nous apprend l’experte, l’Etablissement Public d’Aménagement a entrepris une expérimentation à Palaiseau. Dans cette rue située à sens unique bordant un immeuble mêlant commerces, restaurants et services de proximité, résidence estudiantine et logements à courte durée, est apparu le besoin d’augmenter les capacités de livraison (le matin) et de permettre un stationnement de courte durée (dans l’après-midi). Pour mettre en œuvre ce stationnement modulable, un procédé de signalisation lumineuse dynamique développé par Colas a été retenu.
Par ailleurs, pour répondre entre autres au déficit mondial en électricité (670 millions de personnes n’auront pas accès à l’électricité d’ici 2030), Bendriham Abdelghani, Directeur Adjoint Technique de l’entreprise Colas au Maroc, nous informe de ce que la route peut produire de l’électricité. En effet, en plus des moyens que nous offre la nature (eau, vent, soleil etc.), l’expert marocain évoque une autre fonctionnalité de la route. Celle de transformer l’énergie solaire à l’électricité : le Wattway. Le principe est simple, il est question d’appliquer sur les routes existantes et d’intégrer sur les nouvelles routes, des dalles Wattway.
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Ces dernières capteront l’énergie solaire qu’elles transformeront en énergie électrique. Cette technologie répond également au besoin d’autonomie énergétique. Pour conclure, c’est une solution clé en main de « prise électrique autonome » installée sur la chaussée. Wattway Pack associe des dalles photovoltaïques circulables, un système de stockage de l’énergie par batterie qui permet d’alimenter divers usages tels que la mobilité douce, le mobilier urbain connecté, la sécurité, la signalétique, l’éclairage ou un point d’accès à l’énergie pour alimenter tout type d’équipement.
Larisse TOGNA à Rabat
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