Membre de l’association Smart Transportation Alliance (STA), Christophe Canal travaille depuis 22 ans dans les dispositifs de retenue. Ce spécialiste de la sécurité routière et des dispositifs de sécurité routière vient d’accorder une formation à diverses administrations (police, Mintp, gendarmerie, CUY, etc.) sur la sécurité routière. Une formation dispensée grâce à l’appui de l’association Pyramide, dirigée par le camerounais Kahe Feukou. Rencontré à l’issue des deux jours de formation, il pose son regard sur la Route Nationale N°3. Notamment sur les dangers liés aux panneaux de signalisation.
Vous achevez votre séjour au Cameroun. Sur nos terres vous avez notamment animé un séminaire sur la sécurité routière organisé par l’association Pyramide, en partenariat avec l’association STA. Qu’est-ce qui a motivé l’organisation de cette formation ?
Nous avons un partenaire local ici, qui est monsieur Isidore Feukou, le Président de l’Association Pyramide. Il s’agit d’une association très active sur la sécurité routière. C’est lui qui nous a demandé de venir aider le Cameroun à améliorer son problème. On sait qu’il y a beaucoup de morts sur vos routes. Je veux parler du triangle Yaoundé-Douala-Bafoussam tristement baptisé le triangle de la mort. Si notre petite contribution peut aujourd’hui faire prendre conscience à certains décideurs, à certaines personnes qu’il faut agir, qu’il y a des solutions pour réduire le nombre de tués sur les routes, on sera ravi d’avoir réussi ce démarrage.
Vous avez présenté des exposés. L’un des plus importants a porté sur le marquage routier. Vous avez notamment montré les dernières trouvailles, et les normes en la matière. Dans certaines communes, les responsables accusent le coût de la peinture comme la cause du mauvais marquage routier. Est-ce que vous avez l’impression que les produits qui sont utilisés en France ou en Europe de manière globale, peuvent être adaptés au Cameroun ?
Non seulement ils peuvent être adaptés, mais ils sont plus économiques. Lors du premier jour de formation, nous avons abordé les dispositifs de retenue. C’est un tout petit peu dommage aujourd’hui que sur les glissières de sécurité, le Cameroun fonctionne essentiellement avec les anciennes normes NF (Normes françaises). Ce sont des normes qui datent d’il y a 40 ou 50 ans. On ne les utilise plus en France. Aujourd’hui, en fonctionnant avec les normes européennes, on peut avoir, pour un niveau de retenue supérieur, un coût de 25 à 30% moins cher qu’avec le NF.
Non seulement, je pense qu’aujourd’hui, les nouveautés qu’on a chez nous en Europe, sont meilleures, mais moins chères. Pour le Cameroun, ça serait un vrai plus. Les normes françaises ont été supplantées par les normes européennes qui ont permis de faire beaucoup d’innovation sur les dispositifs. Notamment les dispositifs de retenue, les glissières de sécurité. Et qui, aujourd’hui, ont apporté un vrai plus. Le rapport qualité-prix entre le NF et le CE n’est pas comparable. Il y a un vrai plus en utilisant le CE.
Qu’est-ce qui, selon vous, rend complexe le respect des normes en matière de marquage routier et de glissières de retenue au Cameroun ?
Sur le marquage routier, la difficulté c’est qu’il y a peu de personnes qui connaissent vraiment comment appliquer des peintures. Et aujourd’hui, donner à quelqu’un qui n’a aucune connaissance, qui n’a pas de formation suffisante, c’est une grosse perte. Je donne un exemple tout simple. Si le sol n’est pas balayé, nettoyé avant l’application, on sait que sa durée de vie va être réduite de 2/3 à 4/5. C’est juste une histoire d’application. Aujourd’hui, il y a des produits qui peuvent avoir une durée de vie importante. Simplement, il faut bien les appliquer. Il faut vraiment qu’en face, vous ayiez des gens qui ont la bonne formation.
Avez-vous un exemple qui nous permette d’élucider cette thèse ?
La route entre Yaoundé et Douala que nous avons empruntée, est une route où il y a beaucoup de circulation. Il y a une circulation variée. On a des poids lourds qui vont à des vitesses très faibles, surtout dans les côtes, et des voitures qui vont très vite. C’est un vrai problème. Le différentiel de vitesse entre ces deux types de véhicules crée des accidents. Il y a des solutions à apporter. En réduisant les vitesses pour les véhicules légers. Je pense que 110 km/h sur certaines sections ce n’est pas concevable. Quand en même temps, vous avez des grumiers qui vont rouler sur une cote à 20 km/h.
Un véhicule qui roule à 20 et un autre qui roule à 110, il y a une vitesse à laquelle on se rapproche. On n’a pas le temps de se dégager s’il y a un problème. Ce sont des petites choses.
Quelles sont les lacunes que vous avez observées sur cette route ?
La lacune N°1 c’est la différence de vitesse. La deuxième lacune, c’est qu’il n’y a plus beaucoup de panneaux. Ça veut dire que même si vous décidez de réduire la vitesse à 90 km/h, il n’y a pas de panneaux pour pouvoir le faire. Les usagers n’ont pas de panneaux pour leur rappeler régulièrement qu’il faut rouler doucement. Donc les panneaux deviennent une priorité. La troisième chose, c’est le nombre de glissières accidentées qui sont au bord des routes. Vous avez mis une glissière parce qu’il y avait un obstacle derrière. Une fois que la glissière est accidentée, l’obstacle c’est la glissière. Du coup, vous avez rapproché le danger de la route. La nécessité absolue est de réparer les glissières accidentées.