Thomas OWONA ASSOUMOU, Directeur Général de la société Aéroports du Cameroun (ADC S.A.), a donc finalement répondu à la lettre à lui adressée par Célestin TAWAMBA, président du Groupement des Entreprises du Cameroun (GECAM).
Une lettre dans laquelle le patron de la principale organisation patronale du pays relevait un certain nombre de dysfonctionnements dans les plateformes aéroportuaires du Cameroun, à l’instar de l’inefficacité du système de gestion des bagages à l’aéroport de Douala.
Dans sa réponse de ce 20 novembre, le Thomas OWONA ASSOUMOU accuse les aéroports de départ d’être à l’origine desdits dysfonctionnements. « Bien que ADC S.A. soit en front-office, il convient de relever que la gestion des bagages est une activité qui implique également les compagnies aériennes, dont les procédures ont un impact significatif sur les délais de livraison des bagages. De même, le mauvais chargement à l’aéroport de départ, peut occasionner des retards sur les délais de livraison des bagages à l’aéroport de destination », écrit-il.
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Cette année 2024 en effet, plusieurs plateformes aéroportuaires ont enregistré des dysfonctionnements dans leur système de gestion des bagages. Début janvier 2024 au Maroc, le terminal 1 de l’aéroport Casablanca Mohammed V (dédié à la compagnie nationale Royal Air Maroc et ses partenaires), des retards « significatifs » ont été observés dans l’acheminement des bagages en transit. Ceci, suite au changement du dispositif de contrôle auquel est soumise cette catégorie de bagages.
Début octobre, à l’aéroport de Bruxelles, le système de traitement des bagages a été perturbé « pendant une heure », en raison d’une coupure du courant électrique. Un incident devenu récurrent, puisqu’en fin avril et en mi-juillet, la même plateforme aéroportuaire avait été confrontée aux mêmes problèmes.
Exemples
Mauvais étiquetage (absent ou erroné), temps d’escale trop court, transport d’objets interdits, bagages mal empaquetés ou même vol des bagages, sont les raisons qui peuvent conduire à un dysfonctionnement dans le système de gestion des bagages. Mais plusieurs cas permettent d’affirmer que ces raisons ne suffisent pas pour perturber le système de gestion des bagages. C’est le cas notamment du Japon. Avec plus de 3 000 bagages traités par jour, l’aéroport international de Kansai se réjouit de n’avoir jamais perdu de bagages en trente ans d’existence. A l’Agence France Presse, reprise par le site geo.fr, Tsuyoshi Habuta, superviseur chez CKTS, l’une des sociétés de manutention de l’aéroport, explique que « Nous nous contentons de suivre les procédures et les règles et de faire ce que nous avons à faire ».
Desservant les régions d’Osaka et de Kyoto, l’aéroport de Kansai accueille 25 millions de passagers par an, et devrait atteindre les 40 millions de passagers dès l’année 2025. Si la technologie a fortement contribué à l’efficacité dans le traitement des bagages, le management de cette plateforme pense que le dévouement et l’engagement des hommes n’est pas négligeable. « Nous remettons les objets fragiles, les poussettes, les planches de surf et les skis directement aux passagers », explique Tsuyoshi Habuta. Les bagages sont placés sur le tapis roulant « dans les 15 minutes qui suivent l’arrivée de l’avion afin de réduire le stress des clients », ajoute-t-il. Pas de formation spéciale donc. Ce qui justifie le titre de « Meilleur aéroport du monde pour la livraison des bagages » décerné en avril par Skytrax, un organisme d’évaluation des aéroports basé au Royaume-Uni.
Paris 2024
Si l’exemple japonais semble lointain et inaccessible, le cas de la France pourrait mieux nous inspirer. Pendant les récents Jeux Olympiques de Paris, le pays d’Emmanuel Macron a mis en place une stratégie efficace pour gérer les 114 000 bagages attendus, dont 17 000 hors format.
Au total, 3 000 salariés du groupe Aéroports du Paris (ADP) ont été mobilisés pendant cette période, soit plus de la moitié des effectifs et 1 500 autres se sont portés volontaires pour venir en renfort temporairement.
« On a choisi la simplicité. La ligne est toute droite, il n’y a pas de coude, il n’y a pas de tri. C’est pour ça que l’opération est manuelle, il n’y a pas de machine qui repère le code-barres pour savoir si on va le mettre pour Atlanta, pour Nairobi ou pour Pékin. Tout cela se fait de façon manuelle pour éviter la panne et faire en sorte que chacun reparte avec son bagage », avait expliqué Edward Arc-Wright, directeur général exécutif du groupe ADP.
Tout a été étudié de près pour cette « bagage factory » y compris évidemment la possibilité d’une canicule en août, ajoutait Sébastien Malaussène. « Au-dessus de vous, il y a des manches à air blanches qui sont positionnées volontairement au-dessus des machines de sûreté. Donc on a un objectif de garantie de température au maximum à 25/26 degrés sous les tentes. Il faut savoir que les machines sont aussi capricieuses. Au-delà de 40 degrés, on a des problématiques pour les faire fonctionner, donc on a un objectif de températures bien en deçà pour garantir que l’exploitation se passe bien », avait-il conclu. Ce qui avait permis à la France d’aborder les JO avec une relative sérénité.
Solutions
Pour répondre à ces problèmes, plusieurs plateformes ont pris des mesures fortes. A l’aéroport Mohammed V par exemple, une cellule de coordination regroupant en plus de RAM Handling, l’ensemble des partenaires aéroportuaires (Gendarmerie Royale, DGSN, Douanes, …) a été créée. Elle est chargée de mettre en place les actions et les moyens nécessaires à même d’accélérer le retour à la normale du traitement des bagages en correspondance.
Le dispositif d’actions adopté a porté sur le renforcement du personnel de toutes les parties prenantes, notamment celui du handler et de ses sous-traitants. L’exploitation de nouvelles zones de tri et de contrôle des bagages au niveau du T2 et du T3. Et l’accompagnement des agents du handler et leur formation sur l’utilisation du système de tri bagages automatique du T1.
Au Cameroun, selon Thomas OWONA ASSOUMOU, « ADC S.A. a récemment procédé au remplacement des systèmes de traitement des bagages par des équipements neufs dans les aéroports de Yaoundé-Nsimalen et de Garoua ».
« Pour les autres aéroports, et particulièrement celui de Douala, ADC S.A. assure au quotidien l’entretien et la maintenance des systèmes de convoyeurs à bagages, en attendant la réalisation du projet de rénovation de l’aérogare passagers qui prévoit l’installation de nouveaux équipements ».