C’est une fin de séjour à Douala au goût amer qu’a vécu Louis Paul Motaze, le ministre des Finances (MINFI) ce jeudi, 16 mai 2019. Arrivé à l’aéroport de la capitale économique pour prendre le vol de 7 h00 qui le ramènerait à Yaoundé, le ministre des Finances a dû attendre longtemps.
« Les passagers étaient tous là, et personne pour nous expliquer pourquoi l’embarquement tardait alors que l’avion était posé depuis sur le tarmac. C’est quand je me suis rapproché des hôtesses qu’une d’elles m’a confié que le voyage accuse un retard parce que le pilote n’est pas encore arrivé », a confié une source proche du ministre à camerouninfo.net.
Courroucé par ces explications, Louis Paul Motaze, qui assure par ailleurs la tutelle financière de la compagnie nationale de transport aérien, « a décidé de prendre la route », ajoute la même source.
Retard des pilotes
Chez Camair-Co, les annulations de vols sont désormais quotidiennes. Surtout depuis que la lumière de « L’Etoile du Cameroun » est obscurcie par une crise qui dure depuis au moins trois mois. Mais cette annulation revêt un caractère particulier. Elle met en exergue la problématique de la gestion des pilotes. Notamment les retards de ces derniers, qui entraînent par ricochet, des retards des vols.
Un problème que Ernest Dikoum, le Directeur général de Camair-Co reconnaît volontiers. Mais qui doit être selon lui traité (par les camerounais) avec moins de passion.
« Vous parlez de ponctualité, c’est bien. Je vous conseille seulement d’observer à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen. Une compagnie très réputée, très appréciée par tout le monde, (était Ndlr.) à 33% de taux de ponctualité pour l’année 2018. Je suis dans le conseil d’administration des ADC. J’ai donc toutes les statistiques, mais personne n’en parle », déclare-t-il dans une interview à paraître dans bougna.net.
Au sujet des retards de pilotes, le DG de la Camair-Co se montre plutôt protecteur envers ses collaborateurs. Et accuse le gouvernement de ne pas prendre les décisions idoines pour sortir la compagnie nationale des zones de turbulence.
« Imaginez ce que les visionnaires de ce pays ont voulu faire dans les années 70. A côté de l’aéroport de Douala, le gouvernement camerounais a décidé de construire un immeuble de 11 étages qui s’appelle le Plein ciel. Cet immeuble avait été donné en usage à Air Afrique parce qu’il fallait que les équipages soient à côté de l’aéroport », dit-il.
« Aujourd’hui, Camair-Co n’a pas cet immeuble. Il avait été donné à la Camair, mais les appartements qui sont dans cet immeuble étaient faits pour rendre le travail un peu plus pratique. A n’importe quelle heure, avoir un pilote à l’heure au travail. Confronté dans la relance de Camair-Co, je ne pouvais jamais imaginer avoir des pilotes qui vont habiter Bonamoussadi, Bonabéri, ou Yassa », ajoute Ernest Dikoum.
Avant de conclure : « Imaginez-vous que lorsqu’on demande à un pilote de partir de chez-lui, s’il n’arrive pas à l’heure, parce qu’il est bloqué dans les embouteillages, cet avion ne décolle pas. Le problème de l’aviation dans un pays, ce n’est pas seulement le problème du Directeur général, ce n’est pas seulement le transport, c’est un écosystème ».
Pendant les désormais très longues heures passées sur la Route Nationale N°3, Louis Paul Motaze a largement eu le temps de réfléchir sur le dossier Camair-Co. Notamment des erreurs managériales généralement attribuées au Directeur général. Une chose est sûre, les nombreux nids de poule encore présents sur cette route (en cours de réhabilitation) l’ont aussi fait sursauter. Pour le ramener à la réalité qu’en dehors du DG, le gouvernement doit tirer sa part de responsabilité dans la crise que traverse la compagnie nationale.
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