Vous avez répondu à une audience du ministre des Travaux publics pour tabler sur les problèmes de transport de marchandises sur les corridors. Pouvez-vous nous faire l’économie de cette séance de travail ?
Nous sommes satisfaits des mesures qui ont été prises, notamment celle concernant les instruments de pesée. Pour les uns, qui étaient obsolètes. Constat a été fait. Et pour les autres, la fiabilité et même la légalité des disponibilités de ces pesées qui faisaient problème. Le ministre nous a donné totale et entière satisfaction. Dans la mesure où il a décidé de commettre un audit d’une part. Et d’autre part, des mesures concrètes ont été prises pour la levée des pèses essieux mobiles pour un nouveau redéploiement. Ce n’est pas exactement ce qu’il a dit. Mais c’est ainsi qu’on peut traduire ses propos.
D’autre part, nous avons posé les problèmes de gabarit des camions de transport exceptionnel. A ce niveau également, nous avons été bien compris, bien entendus par le ministre des Travaux publics qui a donné des orientations dans le sens positif. Et nous ne pouvons que lui dire merci. Une fois encore, nous le précisons très bien. Si tous les autres membres du gouvernement pouvaient agir dans le sens prôné par le ministre des Travaux publics, nous pensons que les difficultés que nous rencontrons çà et là sur le terrain pourraient prendre une fin. Je vous le dis en toute sincérité.
Cette audience se tient quelques jours seulement après la réunion de crise que vous avez tenue avec quatre membres du gouvernement. Réunion qui a abouti à la levée du mot d’ordre de grève annoncé pour le lendemain. Peut-on dire que vous êtes là, dans la continuité des concertations avec le gouvernement pour trouver des solutions aux problèmes du transport des marchandises sur les corridors camerounais ?
La levée de la suspension de grève a connu, comme vous le savez bien, quelques remous. Vous avez vous-mêmes pu le constater sur le terrain. Mais bien avant cela, l’acte posé, à savoir la levée par le ministre des Travaux publics, des pèse-essieux mobiles au niveau de la Dibamba et de Puma a contribué largement à l’apaisement de la situation telle que vous l’avez constaté vous-mêmes.
Je veux noter, avant de poursuivre, que le ministère des Travaux publics n’a pas été concerné par la réunion de crise au ministère du Commerce parce que la disponibilité permanente du ministre permet de résoudre toutes nos difficultés chaque fois qu’il est informé. D’autre part, nous faisons partie du Comité interministériel de suivi des opérations de pesage. Les problèmes sont très souvent posés chaque fois que nous pensons qu’ils peuvent impacter sur la conduite de nos affaires.
Vous avez, au cours des travaux, jeté le doute sur l’efficacité des pèse-essieux mobile, mais aussi des stations de pesage. Il s’agit d’infrastructures qui existent depuis longtemps. Pourquoi demander, seulement maintenant, leur réforme ?
Nous avons travaillé à la préparation de la loi portant protection du patrimoine routier. Nous avons également participé à l’expérimentation du pesage à Mekong ici à Akonolinga sur les pèse-essieux hydrauliques.
Nous avons participé à la recherche du partenaire que le gouvernement du Cameroun a choisi pour la mise en place de ces instruments de pesée. Nous avons expérimenté ce pesage qui, comme vous le savez mieux que moi, est parti d’un pont bascule comme on l’appelle aujourd’hui à des pèse-essieux. C’est-à-dire d’un pesage statique à l’époque, pour un pesage dynamique qui, comme on le sait aujourd’hui, se fait sur des pèse-essieux. Bref, je suis d’accord avec vous, ce sont des infrastructures que nous avons contribué à installer au Cameroun.
LIRE AUSSI SUR BOUGNA.NET
Ce que je dis, c’est que nous avons constaté certaines disparités entre les postes de pesage existants aujourd’hui. Quand nous parlons de disparités, ça veut dire que peut-être l’entretien ne suit pas. Parce que l’expérience que nous avons fait au Cameroun sur les stations de pesée et les instruments de pesée montrent que soit l’entretien ne suite pas. Parce qu’il suffit qu’il pleuve pour que les ces instruments connaissent quelques petits problèmes. D’autre part, la métrologie ne fait pas son travail. Pour qu’à partir d’un certain nombre de pesées, 100, 200 ou 500 camions par jour, qu’on puisse fatalement procéder à une vérification des équipements. Pour voir s’ils restent efficaces à la suite de telles opérations.
Qu’est-ce qui fait concrètement problème ?
Je vous prends quelques exemples. A la station de pesage de Bikoko, nous avons fait un contrôle de pesée simultanée entre la station fixe et un pèse essieu mobile. Les rapports montrent une grande différence entre les résultats. Ce résultat nous permettait de constater que les pèse essieux mobiles sont plus sensibles. On avoisinait entre 2 et 8,5 tonnes de différences sur les spécimens de 10 camions présélectionnés.
Quelles suggestions faites-vous pour un retour de la fluidité du trafic sur les corridors camerounais ?
Nous pensons que les pèse essieux mobiles sont des instruments qui peuvent vous donner des tendances, qui peuvent être utilisés pour savoir si une route mérite d’avoir des stations de pesage. Mais pas d’aller peser des camions, et dire : il y a surcharge, et il faut payer de l’argent.
Nous pensons qu’une pédagogie spéciale doit être utilisée. Quelqu’un qui part de Bertoua, se fait peser trois fois, arrive à la Dibamba, tombe sur le pèse essieu mobile qui estime qu’il est en surcharge, il y a problème. Alors qu’il a été pesé sur trois stations. Nous avons 90% de nos chauffeurs qui ont un niveau de compréhension relatif. Nous avons fait des contrôles inopinés auprès de certaines stations. L’opérateur sur la machine est le seul à pouvoir dire : vous êtes en surcharge de 60 000 FCFA. Il n’y a aucun élément de contradiction pour le pauvre chauffeur qui est pesé. Dans certains pays, il y a des plaques à deux tableaux. Qui permettent que quand le camion passe, même au volant, le conducteur voit le résultat de sa pesée au même moment que l’opérateur. Pourtant, ici, l’opérateur c’est le Dieu du pesage. Nous sommes condamnés à payer. Et ce que nous payons, c’est la corruption. Parce qu’on vous amène à négocier, pour vous faire partir. Si vous demandez d’établir des quittances, on vous fait repasser au pesage. Nous suggérons que, dans l’avenir, au moment où le camion passe, le conducteur puisse voir le résultat de la pesée.
Vous avez parlé du transport Hors gabarit. Qu’en est-il ?
Le transport hors gabarit c’est ce que nous avons considéré comme une injustice. Les collaborateurs du MINTP de l’époque nous ont amené à accepter cette injustice. Quand vous chargez un camion dont la hauteur est au-dessus de la taille d’un conteneur de 40 pieds, vous êtes en hors gabarit en hauteur. Quand la largeur dépasse légèrement la remorque, vous êtes en hors gabarit au niveau de la largeur. A l’époque, on nous a contraint au MINTP à accepter que quand nous chargeons hors gabarit, nous payons 500 000 FCFA pour 500 KM, et le double, soit 1 million de FCFA si nous faisons plus DE 500 kilomètres.
Pour nous, c’est un forfait gratuit pour l’air que nous occupons avec ce chargement. Ce fonctionnement a installé la corruption dans toutes les stations. Les stations considères les Hors gabarit comme un élément de négociation. Parfois, on vous dit : la loi demande de payer 500 000. Mais donnez-nous 100 000 et vous passez.
Ce que je ne comprends pas, c’est ce que le transporteur paie pour la hauteur ou la largeur de la marchandise, alors que son incidence sur le poids n’es pas avérée ? C’est la surcharge qui dégrade la chaussée, et non la hauteur. Ce hors gabarit, que nous appelons transport exceptionnel, a plus d’incidence sur la prévention routière, que sur la dégradation de la route.
Le ministre des Travaux publics a notamment annoncé le démantèlement des pèse essieux mobiles. Etes-vous satisfaits de cette décision ?
Nous sommes satisfaits des décisions prises par le ministre des Travaux publics, qui a décidé du démantèlement de ces pèse essieux mobiles. Nous pensons que c’est une suite favorable. Vous savez que dans le cadre du préavis de grève, les membres du gouvernement nous ont signé un protocole d’accord. C’est la suite de cela. Et monsieur le ministre des Travaux publics a répondu favorablement à nos sollicitations.
Interview réalisée par Frégist Bertrand Tchouta
Lire aussi :