Cameroun : Comment le manque de ressources humaines ramène les Ports dans les écoles

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Le Personnel du PAK dans une salle de classe. Crédit Photo: PAK

Rencontre inhabituelle entre le Port autonome de Kribi (PAK) et les élèves du secondaire. La plateforme portuaire, le temps d’une journée, a quitté ses installations au bord de l’Océan Atlantique, pour rentrer dans les salles de classe.

Objectif, accompagner la communauté éducative dans le cadre de la Journée Nationale de l’Orientation Scolaire (JNOS). Un événement rendu à sa 17e édition cette année, organisé par le ministère des Enseignements secondaires.

Et qui cible trois objectifs: « L’information, l’orientation, et le conseil des élèves et des membres de la communauté éducative. Et la mobilisation des partenaires éducatifs autour des activités du Conseiller d’Orientation dans le secondaire », explique le MINESEC.

Pour le Port autonome de Kribi, son implication dans cet événement a pour but de : « présenter à ce public jeune, les différents métiers portuaires et prodiguer des conseils sur les formations professionnelles ».

Mais loin d’une simple présence dans un ou plusieurs établissements d’enseignement secondaire, la place portuaire dirigée par Patrice Melom, est en plein dans la mise en d’une nouvelle stratégie de recrutement. Qui oblige les entreprises portuaires à rentrer jusque dans les lycées pour attirer les futurs bacheliers vers les métiers portuaires. Un nouveau créneau qui n’est pas inédit dans le secteur au Cameroun.

La cour dans les écoles

Octobre 2018. Yaoundé accueille la 7e édition du Salon pour la promotion des études françaises (SAPEF). Un événement organisé par l’Agence Campus France et l’Institut français du Cameroun (IFC). Qui vise notamment à « apporter la meilleure information aux étudiants et aux élèves pour favoriser les parcours d’excellence », selon les organisateurs.

Au milieu des écoles et des centres de formation, certaines entreprises font désormais partie des inconditionnels. C’est le cas notamment du groupe Bolloré, dont les stands attirent du beau monde. Debout, au milieu de plusieurs élèves et étudiants, Etienne Léon Bakondon, DRH de Kribi Conteneur Terminal (filiale du groupe Bolloré), prend très au sérieux ses échanges avec ses interlocuteurs.

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« Notre présence à ce salon se justifie par deux raisons. Premièrement, c’est pour créer un vivier de compétences pour nos besoins actuels et futurs. Ensuite, c’est, en tenant compte de la diversité de nos activités, de promouvoir la jeunesse camerounais à travers nos métiers, de plus en plus exigeants en termes de compétence, et de plus en plus complexes », explique-t-il.

Aux élèves et étudiants, KCT tient un discours plutôt encourageant. « Ce que nous faisons, c’est que nous les orientons. En leur disant : allez dans les écoles spécialisées. Nous vous accompagnons. Et à travers les mécanismes internes, nous les encadrons sur le terrain pour pouvoir leur donner une compétence avérée et une compétence solide. Ceci va également de la compétitivité de nos activités, et également de notre responsabilité sociétale ».

Comment un groupe comme Bolloré, à la tête d’un fichier de 5000 employés peut-il avoir de la peine à trouver des ressources humaines qualifiées au Cameroun ? Quelle est la situation dans le marché camerounais ?

Manque de ressource

Pour le comprendre, il faut retourner dans les ports. A Douala et Kribi, les deux principales places portuaires du Cameroun, la course vers la compétitivité est désormais au cœur des activités. A Douala, le PAD a engagé un vaste plan de restructuration, qui devrait notamment aboutir à l’autonomisation du dragage, à fluidifier le trafic, et à améliorer l’exploitabilité la navigabilité du Port de Douala-Bonabéri.

A Kribi, le lancement de la deuxième phase de construction du complexe portuaire prévoit l’ouverture d’un deuxième Terminal à Conteneurs de 750m de quai, et d’autres terminaux minéralier et hydrocarbures. Ajouté à cela, la mise en place du projet d’aménagement d’une zone industrielle sur 500 ha.

Depuis le début de cette année, les deux plateformes portuaires multiplient les recrutements. Ces deux derniers mois par exemple, le Port autonome de Douala a lancé deux avis de recrutements massifs.

Le plus récent date de début octobre. Il portait sur le recrutement d’une centaine d’employés. Dont certains au rang de Directeur, des techniciens (électriciens et électrotechniciens, opérateurs de machines, matelots, hydrographes…), et des marins, pour ne citer que ceux-là.

Selon Bertrand Owono Ndi, DRH du PAD, ces emplois devraient notamment être affectés à la régie déléguée. La structure qui est désormais chargée de conduire les travaux de dragage du chenal de ce port.

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Combien d’emploi faut-il pour combler ce déficit ? Directeurs généraux et DRH n’ont pas les données exactes. A Kribi, Patrice Melom rappelle que « depuis la mise en exploitation du Port en mars 2018, au moins 1500 emplois directs ont été créés. Il en faudra certainement plus dans les cinq années à venir », conclut-il.

Réussir à Drainer les futurs bacheliers et les étudiants dans leurs quais, voilà le nouveau casse-tête des plateformes portuaires. Avec près de 400 000 nouveaux bacheliers sortis des lycées chaque année, il y a du potentiel à orienter. Mais l’arrivée du Port autonome de Limbé, dont le dossier a été relancé cette année, pourrait rendre l’équation encore plus complexe.

Frégist Bertrand TCHOUTA

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