Chassé à Douala…Bolloré redessine sa carte maritime dans le Golfe de Guinée

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Nouvelle carte maritime de Bolloré. Crédit Photo: Bougna

Nouvel épisode dans l’ « Affaire Bolloré-Port autonome de Douala ». Dans un communiqué rendu public ce vendredi, le groupe français informe sa clientèle qu’« A compter du 1er janvier 2020, le Terminal à Conteneurs de Douala (Cameroun) est géré en régie déléguée par le Port Autonome de Douala pour une période annoncée d’un an. Cette transition est susceptible d’affecter la fluidité des opérations ».

Pour acheminer ses bateaux plus facilement vers le Cameroun, Bolloré propose un « Plan de transport alternatif… plus compétitif en coûts et délais ». Celui de contourner le Port autonome de Douala, et d’accoster au Port autonome de Kribi, où il gère le Terminal à conteneurs, via sa filiale Kribi Conteneurs Terminals (KCT).

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Une plateforme qui propose « Une large gamme de services depuis l’Asie et l’Europe opérées par les plus grandes compagnies maritimes ; des procédures de dédouanement simplifiées et dématérialisées ; et un terminal stratégiquement situé pour l’acheminement des marchandises vers les centres économiques du Cameroun ainsi que les pays de l’hinterland (Tchad, République centrafricaine) », conclut le géant français.

Stratégie

A première vue, cette sortie de l’ex-locataire du Terminal à Conteneurs du Port de Douala apparaît comme une réponse coup pour coup à son ex-propriétaire, le PAD. Notamment après sa mise à la porte quelque peu brutale, et à contre-courant des décisions de justice. Mais à y regarder de plus près, on comprend très vite qu’au-delà du sentiment de « vengeance », Bolloré veut surtout garder ses intérêts (et ceux de ses clients) au Cameroun.

Des intérêts qui se chiffrent en dizaines de milliards de FCFA. Entre 2005 et 2018 par exemple, le Chiffre d’Affaires de DIT a presque doublé. Passant de 22,5 milliards de FCFA à environ 50 milliards en 2018. Et sur cette même année, les bénéfices enregistrés par l’ex-gestionnaire du Terminal à Conteneurs ont atteint 11 milliards de FCFA.

Effet Bolloré ou pas, il y en a, au sein de la communauté portuaire internationale, qui commencent à s’inquiéter de la période transitoire au Port autonome de Douala. C’est le cas par exemple de la Mediterranean Shipping Company (MSC), géant mondial du transport par conteneurs. Dans un message adressé à ses clients, la filiale camerounaise du suisse reconnaît qu’« En raison du transfert entre DIT et la RTC, le temps de déchargement des navires est prolongé, ce qui rallonge les temps d’accostage des navires (7 jours en moyenne). Toutes les compagnies maritimes souffrent actuellement de cette situation ».

Enfin, conclut MSC Cameroun, « Le taux de rotation de notre navire entre LOME et DOUALA est sérieusement affecté. Cela pourrait augmenter le temps de transit de votre cargaison vers DOUALA ».

Régie déléguée

La sortie de Bolloré peut-elle jeter à l’eau les « bons débuts » de la Régie déléguée du Terminal à Conteneurs du Port de Douala (RTC) ? Au sein de la communauté portuaire nationale, les avis sont plutôt partagés. « Je ne peux affirmer ni infirmer péremptoirement que cet avis de Bolloré pourrait impacter le trafic à Douala. En fait chaque armateur va faire ses calculs (Bolloré n’en est pas un) afin de se décider soit d’aller à Kribi, soit d’aller à Douala. Il y’a des raisons réelles d’hésiter actuellement mais après un mois les craintes vont s’estomper car nous avons confiance à RTC qui va s’affirmer au jour le jour », réagit le patron d’une association syndicale sur la place portuaire de Douala.

Il ajoute que l’avenir du Terminal à conteneurs du Port de Douala ne dépend pas de Bolloré, mais de la capacité qu’aura RTC à maintenir ou non une cadence au moins similaire à celle de DIT.

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D’autres acteurs ne sont pas tout à fait d’accord avec cette perception. « En considérant que Bolloré est un logisticien qui a développé des partenariats avec ses clients en Afrique,  on pourrait bien anticiper qu’un certains nombres suivent sa réorientation stratégique. Ainsi on peut véritablement penser que cela ait un impact significatif sur les volumes de  trafic en conteneurs à destination du port de Douala, et par conséquent, les activités de RTC », contredit un transitaire resté sous anonymat.

Qui conclut en déclarant que « Même s’il y a lieu de voir quelles ont été les mesures prises par l’autorité portuaire pour sécuriser son trafic et limiter l’impact éventuel d’une décision, il faudrait bien savoir que le port ou la RTC, se fondant sur son statut, ne saurait avoir le savoir, l’expérience, l’agilité, la flexibilité et la rigueur managériale d’un opérateur privé à l’échelle mondiale comme Bolloré pour développer, du moins à court terme, un réseau de clients capable de booster son activité ».

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Alors que certains s’apprêtent à prendre leurs calculettes, il y en a qui ont jeté l’ancre dans les eaux de Kribi depuis longtemps. Maersk et CMA CGM, N°1 et N°2 mondiaux des armateurs utilisent déjà Kribi comme zone de transbordement. Les conseils de Bolloré pourraient ne pas tomber dans des oreilles de sourds.

Frégist Bertrand TCHOUTA

 

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