Philémon Alfred MENDO dépose une plainte contre le groupe Bolloré au Parquet National Financier du Tribunal de Paris

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Crédit Photo: PAK

Le Procureur de la République Financier, près le Parquet National Financier Parvis du tribunal de Paris vient d’être saisi par Philémon Alfred MENDO, pour une plainte pour « Dénonciation des pratiques illicites du groupe Bolloré pour l’adjudication du Port de Kribi au Cameroun ».

La plainte rédigée le 07 septembre 2020, et déposée au service courrier du Service d’Accueil Unique du Justiciable (SAUJ) dudit tribunal ce 08 septembre, s’appuie sur certaines « actes de corruption qui ont émaillé le processus d’attribution de la concession du terminal à conteneurs du Port de Kribi (Cameroun) au groupement sino-français Bolloré-CMA-CGM-CHEC ».

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Des actes de corruption qui, selon l’ancien Directeur général adjoint de Kribi Conteneurs Terminal (KCT), montrent comment « un appel d’offres (lancé en 2008) pour lequel aucune entreprise n’a voulu s’engager pour incapacité de financement (a été confié Ndlr) à un groupement monté d’intelligence entre les responsables du projet et les trois membres du groupement ».

Les motifs

Les faits, selon Philémon Alfred MENDO, remontent à 2008. Le Cameroun lance un Appel d’offres pour le financement, la construction et l’exploitation du Port de Kribi. Face au manque de propositions, l’option de recourir aux financements chinois est choisie.

« Sauf que, par un curieux hasard, le groupe Bolloré s’est vu attribuer le contrat d’exploitation. Des négociations sont menées et aboutissent aux montants suivants : Ticket d’entrée 13 milliards de FCFA (l’Etat encaissera finalement 50 milliards de FCFA à l’issue de la procédure finale) ; redevance fixe : 4 milliards de FCFA par année », cite-t-il.

« Proposition est faite de déclarer Bolloré adjudicataire, mais grâce à la vigilance de la présidence de la république, on a découvert qu’on était sur le point d’attribuer un appel d’offres dont l’objet n’a pas été respecté. Car ici, on parle seulement de l’exploitation, les volets financement et construction ayant disparu », rappelle Philémon Alfred MENDO.

La Présidence de la république finit par déclarer l’appel d’offre infructueux et lance un nouvel appel d’offres qui prend en compte la construction de la phase 2. Le 03 février 2014, le processus de sélection du concessionnaire du Terminal à conteneurs du Port de Kribi est lancé.

10 offres sont enregistrées, notamment le groupe Bolloré, Koffret, Necotrans, Dubaï Port World, Yilport, ICTSI, Gulf Tainer Company Ltd, Grup TCB, APM Terminal et Marsa Maroc.

« Alors que les candidats attendaient les résultats, le 06 mai 2014, j’ai reçu un mail à la suite d’un appel téléphonique d’un responsable du projet, me présentant une opportunité de partenariat entre la société chinoise CHEC et les sociétés françaises Bolloré CMA-CGM », raconte-t-il.

Le responsable dont il s’agit ici, c’est Joël Daniel MONEFONG, « Chief Financial Officer » du Port Autonome de Kribi. Dans la copie d’un mail envoyé le 06 mai 2014 à 10h25, avec pour objet : « Opportunité d’un partenariat avec CMA-CGM et CHEC pour la mise en exploitation du Port de Kribi », il explique comment Bolloré a fait son entrée dans le consortium.

« Dans le cadre de leur engagement de pré financer 15% du coût des travaux de la deuxième phase, sous réserve de participer à l’exploitation du TC, CHEC veut proposer au Groupement de s’associer à un des grands armateurs et/ou opérateurs mondiaux pour financer les travaux de la phase 2 et l’exploiter. A condition d’avoir l’exploitation et la maintenance pendant 5 ans de la phase 1 en gré à gré », écrit Joël Daniel MONEFONG.

« Ils ont voulu jeter leur dévolu sur COSCO qui est chinois. Mais je leur ai fait la contreproposition de s’ouvrir plutôt au groupement Bolloré/CMA-CGM pour ce montage. Ils ont accepté, et le DG Cameroun qui est avec moi ici a reçu mandat du président de CHEC pour entamer des contacts durant son séjour de deux jours (mercredi et jeudi) à Paris », ajoute celui qui était à l’époque « Chief Financial Officer » de Kribi Deep sea Port.

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L’« opportunité » est transmise à sa hiérarchie (notamment Eric MELET, Managing Director -Development & Concessions, selon les pièces jointes à la plainte), qui valide le projet, et des contacts sont immédiatement noués entre les différentes parties « sous le contrôle des responsables du projet », précise celui qui revendique une ancienneté de 11 ans et demi au sein du groupe Bolloré.

« Le 17 juin 2014, je reçois un autre mail du même responsable du projet me demandant de faire parvenir l’accord de groupement entre CHEC-Bolloré-CMA-CGM dans un délai de 24 heures, condition sine qua non pour diffuser le communiqué d’annulation de la procédure en cours aux autres candidats. Le 19 juin 2014, l’accord de groupement est transmis aux responsables du projet ».

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C’est ainsi, conclut-il dans sa correspondance au Procureur, que le communiqué portant annulation de l’appel d’offres international à manifestation d’intérêt signé le 16 juin 2014 est transmis aux candidats.

Selon Philémon Alfred MENDO, « L’annulation visait seulement l’intégration dans le processus, du groupement monté en toute intelligence entre les responsables du projet (qui avaient certainement des intérêts personnels) et les trois membres du groupement ».

Que cherche Philémon Alfred MENDO en déposant une plainte contre son ex-employeur à Paris ? Faire annuler la concession du Terminal à conteneurs du Port de Kribi, dans laquelle le groupe tient des parts ? Amener le Tribunal à imposer des amendes au groupe dirigé par Cyrille Bolloré ?

Impossible de le dire pour l’instant. En tout cas, dans sa plainte, l’ex-DGA de KCT ne le précise pas. « Je me tiens à votre disposition pour les besoins d’enquête », se contente-t-il d’écrire dans son document.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette plainte est le signe de la montée d’un cran de la crise qui oppose Philémon Alfred MENDO au groupe français. En janvier dernier, au début de la crise, le diplômé de l’ESSEC de Paris avait déjà porté des accusations similaires contre son ex-employeur. Nos démarches pour obtenir la réaction du groupe Bolloré et du Port Autonome de Kribi étaient restées lettre morte.

 

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