Georges RAMORASATA « TOLLCAM est une entreprise créée pour gérer le projet. Ce n’est pas une innovation typiquement camerounaise »

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Georges RAMORASATA, DG TOLLCAM Partenariat S.A.S. Crédit Photo: bougna.net

Georges RAMORASATA, ne se serait jamais attendu à un accueil aussi bouillonnant au Cameroun. Le Directeur Général de TOLLCAM Partenariat S.A.S, entreprise créée pour gérer le financement, la conception, la construction, l’exploitation et la maintenance des 14 postes de péage automatiques au Cameroun goûte (quelques jours seulement après son premier contact public avec les camerounais) à la complexité qu’il y a dans la gestion d’un projet d’une telle envergure. Soupçons de surfacturation, de détournement de fonds, délit d’initié, les sorties médiatiques et les réactions sur les réseaux sociaux montrent à suffire l’indignation (peut-être l’incompréhension) qu’ont les camerounais sur ce dossier. Pourtant, n’arrête-t-il d’expliquer : « les recettes sont les recettes de l’Etat. L’argent de l’Etat, j’en serai responsable du poste de péage, jusqu’au bureau du Trésor Public. C’est de l’argent public. Nous n’y touchons pas, nous n’avons pas le droit d’y toucher. Nous collectons, et remettons à l’Etat. Après, ce dernier nous dit : « vous avez bien travaillé, voilà les loyers, voilà la maintenance, etc. ». Rencontré en marge de la cérémonie de pose de la première pierre du poste de péage de Mbankomo ce 10 décembre, le malgache, plus rassuré qu’intimidé, rappelle que comme au Cameroun, Madagascar est un pays bouillonnant. L’expérience camerounaise, loin d’un rejet, est le signe de l’importance et de la place qu’occupe ce projet dans les cœurs des camerounais.

 

Monsieur le Directeur Général, vous venez de procéder au lancement officiel des travaux de construction des 14 postes de péage automatiques. A travers la pose de la première pierre sur le site du Poste de Mbankomo. Pouvez-vous nous rappeler les grandes lignes du projet ?

Il s’agit, et vous le savez, d’un projet qui sera réalisé sous la forme PPP, et qui portera sur la construction de 14 postes de péages automatiques. C’est le financement, la conception, la construction, l’exploitation et la maintenance de ces 14 postes de péage automatiques par la société que je vais diriger, à savoir la société TOLLCAM. Ce contrat sera réalisé avec ses sous-traitants qui sont RAZEL Cameroun et Egis Projects. Après la construction et la mise en service de ces 14 postes de péage, TOLLCAM percevra au nom de l’Etat les recettes du péage.

Dans les yeux des camerounais venus prendre part à la cérémonie officielle, mais aussi sur les réseaux sociaux, un tollé semble monter sur l’arrivée « surprise » de cette entreprise tout à fait inconnue. Qui est TOLLCAM Partenariat S.A.S ?

TOLLCAM Partenariat S.A.S est une entreprise créée pour gérer le projet. Ce n’est pas une innovation typiquement camerounaise. C’est une norme, une règle dans les Partenariats Publics-privés. Les travaux seront réalisés en sous-traitance par RAZEL Cameroun et Egis Projects, comme je vous l’ai déjà dit plus haut. Mais le projet s’exécute dans le cadre d’un partenariat Public-Privé signé entre l’Etat et le partenaire TOLLCAM qui assure le financement, la conception, la construction, l’équipement, l’exploitation et la maintenance de ces ouvrages.

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Selon le contrat, vous devez achever les 14 postes de péage automatiques dans un délai minimal de 18 ans. Au Cameroun, les chantiers ont pris l’habitude de ne pas être livrés à date. Quelle garantie donne TOLLCAM que pour cette fois, le chantier sera livré le jour dit ?

Nous avons un contrat signé avec le gouvernement. Nous sommes obligés de respecter le contrat. A partir du moment où le contrat est en vigueur, on doit le respecter. Dans le cadre du PPP, on est soumis à des pénalités si on est en retard. On est tenu à finir plus tôt que plus tard.

Il faut comprendre que dans un projet comme ça, ce ne sont pas que des bulldozers. Il y a aussi la tête qui fonctionne. Il y a déjà des bureaux d’études qui sont en train de tout calculer. Il y a des bases de données que nous avons déjà commencé à concevoir. Un système comme celui-ci, il faut des ordinateurs, il faut de l’éclairage, il faut tout étudier. Et au moment où je vous parle, beaucoup de choses ont déjà démarré.

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Je voudrai juste rappeler, pour répondre à votre question posée sur les délais, qu’on tiendra le délai à partir du moment où l’Etat nous donnera la mise en vigueur du contrat. Nous sommes en train de discuter de cela. Dès que c’est fait, on démarre tout de suite. A partir de ce moment-là, on ne sera pas en retard. Il y a des impératifs administratifs qu’on doit remplir. On ne peut pas les négliger.

Selon vos calculs, vous avez estimé en moyenne combien de véhicules sur les routes qui seront couvertes par les postes de péage routiers automatiques ?

Les études que nous avons ont été faites en 2017. Vous ne pouvez pas signer un contrat pareil si vous n’avez pas une idée du trafic. Le problème, c’est que nous nous sommes basés sur le trafic de 2017 qui évalue entre 50 et 53 000 véhicules par jour pour l’ensemble des 14 péages. Pour faire un vrai comptage, il faut une vraie campagne. Nous, ce que nous faisons, c’est que nous mettons un système électromécanique. Lorsqu’un véhicule passe sur les essieux, il est immédiatement comptabilisé. Si les essieux passent trop vite, on sait que c’est un camion.

Au cours de sa présentation, le Directeur général de RAZEL Cameroun a présenté une maquette. Avec une partie réservée au Poste de péage automatique et aux infrastructures connexes, et deux autres parties que je peux appeler annexes, réservées aux populations riveraines. Qui va payer pour cela ? Sont-elles prises en charge par les financements ?

Nous construisons le poste de péage et les infrastructures connexes. Pour les espaces marchands, nous ne pouvons pas décider à la place des communes, ni de l’Etat. Nous avons prévu ces infrastructures pour permettre aux communes d’éviter le bazar qu’on observe aux abords des postes de péage. Ces femmes, hommes, et enfants qui vendent des produits à la criée.

Moi je viens du Vietnam. Là-bas, l’Etat lance un appel d’offres pour qu’une société gère ce genre de choses. Nous ne faisons que construire la plateforme.

Parlons un peu du nerf de la guerre. Vous apportez un financement de 34,752 milliards de FCFA à amortir sur une période de 20 ans. Les recettes issues de ces 14 péages routiers sont collectées par TOLLCAM et reversées dans les caisses du Trésor Public. Vous ne faites pas dans l’aumône…

Nous sommes payés par les loyers. C’est ça le Partenariat-Public-Privé. L’Etat ne perd rien, il n’avance aucun argent. C’est nous, TOLLCAM, qui investissons. En l’occurrence les 34,752 milliards de FCFA dont vous venez de parler. Après, l’Etat nous paie en fonction des loyers déjà fixés dans le contrat.

A combien s’élève ce loyer ? Y a-t-il une marge, un pourcentage ?

Je ne peux pas vous le dire exactement. Le pourcentage c’est en fonction aussi de la période. Il y a des mois où il y a moins de recettes ou plus de recettes. Donc on s’arrange pour compenser d’un mois à l’autre, en fonction de cela. Mais comme je vous l’ai dit, il y a un loyer, nous sommes payés par l’Etat. C’est ça même le contrat de partenariat.

Donc vous ne pouvez pas dire si c’est 20 ou 30% par exemple ? Puisque même dans le cadre du pourcentage, votre loyer baisserait si les recettes baissent, et il augmenterait si les recettes augmentent.

Non, on ne peut pas le dire ainsi. En fait, en fonction des recettes, il se peut que ce soit moins. L’Etat peut dire je vous donne moins ce mois parce que je n’ai pas assez de recettes. Le mois d’après, si les recettes sont en hausse, on compense. Ce n’est pas quelque chose de figé. C’est un vrai partenariat.

Pour moi, c’est de la navigation à vue…

Non, ce n’est absolument pas une navigation à vue. Autrement, les investisseurs ne viendraient pas. L’Etat non plus n’en voudrait pas. Ça veut dire simplement qu’on ne peut pas, sur les recettes de péage, garantir qu’on va collecter 100 millions aujourd’hui. S’il y a un accident sur la RN3 qui barre la route pendant une journée, combien allez-vous avoir comme recette pendant cette journée ?

J’ai précisé que les recettes sont les recettes de l’Etat. L’argent de l’Etat, j’en serai responsable du poste de péage, jusqu’au bureau du Trésor Public. Nous tenons régulièrement des réunions avec le Ministère des Finances pour cela. C’est de l’argent public. C’est l’argent de l’Etat. Nous n’y touchons pas, nous n’avons pas le droit d’y toucher. Nous collectons, et remettons à l’Etat. Après, ce dernier nous paie. Il dit vous avez bien travaillé. Voilà les loyers, voilà la maintenance, etc.

Interview réalisée par Frégist Bertrand TCHOUTA

 

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