On connaissait le « Travailler plus pour gagner plus » de Nicolas Sarkozy (ex-président de la France 2007-2012). Aujourd’hui, il faut s’habituer au « Travailler plus pour gagner » d’Emmanuel Nganou Djoumessi.
Le Ministre des Travaux Publics (MINTP) ne l’a pas dit exactement sur ces termes. Mais à la China Railway Number 20 (CR20), entreprise chargée de construire la route Ntui-Ndjolè-Mankim (96 km), il a purement et simplement demandé d’améliorer son déploiement sur le terrain pour faciliter les décaissements des décomptes.
Une injonction donnée ce mercredi, 21 septembre au cours d’une réunion tenue au cabinet du 10e étage de l’« immeuble de l’Emergence ». Qui ne semble pas valoir uniquement pour cette entreprise, mais sur toutes les autres entreprises de BTP.
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Sur ce projet obtenu sur fond de chantage médiatico-administratif, l’entreprise chinoise montre d’inquiétantes insuffisances techniques. 11,16 mois de retard accumulé sur la section Ntui-Ndjolè (pour un taux d’exécution actuel de 7,04 %). Ceci alors que les travaux de cette section intègrent aussi l’aménagement de 73 Km de routes communales.
Retards
8,40% de taux d’exécution sur la section Ndjolè-Mankim ; mauvaise organisation de l’entreprise, absence de personnel qualifié…Causes endogènes auxquelles s’ajoutent des causes exogènes (pluies, pénurie du carburant des mois de juin et juillet derniers).
Si, au sein de l’entreprise, on relativise en annonçant « une accélération avec la station de concassage dont l’installation est presque achevée. Un essai à blanc a été réalisé le jeudi, 15 septembre 2022 », l’avis du Maître d’Ouvrage est sans équivoque : CR20 est tout simplement dépassée par les événements.
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Août 2022. Suite à une série de constats dressés par l’équipe-projet, l’ingénieur de l’Etat sert une mise en demeure à l’entreprise. Pour retirer l’épée de Damoclès sur sa tête, l’entreprise dirigée par Guo Yuhong tente de reprendre du poil de la bête.
Accélération des travaux dans certains postes (notamment le terrassement, les ouvrages d’assainissement le montage et l’achèvement de la centrale de concassage), recrutement du personnel cadre supplémentaire, augmentation de la cadence des travaux et production de certains documents d’exécution sont de mise.
Conditions
Mais, pour Emmanuel Nganou Djoumessi, ça ne suffit pas. Il faut multiplier les actions de suivi du projet; traiter les décomptes en guichet unique; procéder à la mobilisation d’un directeur des travaux et un ingénieur des études pour chaque lot; et améliorer les rapports avec la mission de contrôle.
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Ce n’est pas tout. Le Maître d’Ouvrage demande aussi l’achèvement des installations de production des agrégats, du béton hydraulique, des enrobés et l’accroissement de la production au niveau des postes de travail.
Ce mercredi, au cours des échanges entre les deux parties, l’ingénieur de l’Etat a donc été clair. La production actuelle de l’entreprise ne facilite pas les décaissements. Le Ministre des Travaux publics a réitéré à l’occasion, la nécessité pour l’entreprise d’améliorer son déploiement sur le terrain.
Rebelote
Au moment où Guo Yuhong et ses collaborateurs quittent Yaoundé pour regagner leurs chantiers, ils doivent bien se demander si cette route n’est pas maudite. Avant la crise qui a émaillé leur sélection, une autre entreprise (portugaise celle-là) quittait le chantier le feu aux fesses.
Elevolution, puisqu’il s’agit d’elle avait vu son contrat résilié après de nombreuses insuffisances constatées sur son chantier. Presque deux ans jours pour jours après le début des travaux de construction de la route Ntui-Mankim (en juillet 2017), l’entreprise n’avait réalisé que 4,56% des travaux, pour un taux de consommation des délais de 53,97%.
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Rendu sur le terrain en mars 2019 à la tête d’une délégation ministérielle, Nganou Djoumessi n’avait pas caché sa colère. Notamment après avoir observé qu’en deux ans, l’entreprise n’avait réalisé que 0,20% des travaux de terrassement.
Par ailleurs, les installations de chantier n’avaient pas dépassé les 16,67%, les travaux préparatoires stagnent à 22,38%, et la gestion sociale et environnementale ne faisait pas plus que 25,48%.
« On ne fera pas de diplomatie dans les travaux routier », avait-il lancé, avant d’opérer des modifications techniques sur le chantier. « Faire avancer les travaux sur le lot Ntui-Mankim », repositionner Elevolution (en situation de défaillance), sur le lot 3, et « déployer une entreprise plus performante sur le terrain, pour que la route soit livrée en 2020 ».
