Pierre NYEMECK Ntamack (Pdt CGSTC) : « Il faut des équipes spéciales pour sécuriser les usagers sur les routes »

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Pierre Nyemeck Ntamack

Président de la Confédération Générale des Syndicats des Transports du Cameroun, il analyse le phénomène des « microbes », du nom de ces jeunes qui se livrent à des agressions des chauffeurs et des passagers, et à des vols de tous ordres sur les véhicules. Il donne également des pistes de solution.

Depuis quelques semaines plusieurs cas de vol, d’agressions à mains armés perpétrés sur des transporteurs sont signalés. Au niveau de la Confédération que vous présidez, êtes-vous au courant de ce phénomène ?

Nous sommes effectivement au courant de ce phénomène. C’est un phénomène qui n’a pas commencé aujourd’hui. Mais qui, ces derniers temps, prend effectivement de l’ampleur. Peut-être au Cameroun c’est passable. Chez nos voisins c’est la mort.

Dans la région du Nord, c’est pire. Les réfugiés de guerre, des militaires même déguisés en civil, je parle là de la Centrafrique, et dans certaines zones frontalières comme Maroua et Garoua, c’est une autre forme de vol qui apparaît.

Quel peut être selon vous, le profil de ces briguants ?

Ce sont des enfants qui sortent de la ville, certains originaires de la zone anglophone qui n’ont pas de boulot, qui n’ont pas à manger…Ce sont aussi des enfants des villes des métropoles comme Yaoundé, comme Edéa, Boumnyebel, Awae, Ayos, etc.

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Le chômage et la facilité amènent certains jeunes à chercher la vie facile, le gain facile. Ils font du vol leur activité lucrative, ils organisent des vols avec des modes opératoires différents.

Je dois vous faire savoir que ce n’est pas uniquement sur les aires de repos, au moment des arrêts que ces phénomènes sont observés. Il suffit qu’un camion grimpe la colline à une vitesse très lente, pour que le conteneur soit dévalisé. Ils cassent les plombs, ils cassent les conteneurs, ils déchirent les bâches, etc. Ce sont des scénarii dignes des films western.

Sur les axes routiers, il y a pourtant des postes de contrôle. Comment se fait-il que des transporteurs et des passagers soient autant en insécurité ?

La Gendarmerie fait son travail. Je ne peux pas dire que la Gendarmerie ne fait pas son travail. Qui est celui du contrôle des pièces des véhicules de la conformité des véhicules qui empruntent la route, bref, les missions traditionnelles. Nous pensons qu’elle doit faire mieux, au niveau de la sécurité des usagers de la route, en veillant à ce que ceux qui partent d’une ville pour une autre arrivent sains et saufs, sans avoir été agressés par ces voyous qui ont élu domicile aux abords de nos routes nationales.

Quelles solutions pouvez-vous proposer à la Gendarmerie par exemple ?

Qu’ils ciblent les zones à risque. Qu’ils utilisent des camions comme appâts, et ils les suivent avec des véhicules banalisés. Ce qui va permettre de mettre la main sur ces gens qui ont décidé de vivre en puisant dans la poche de leurs concitoyens.

Une plateforme existe avec les forces de l’ordre, notamment la Gendarmerie et la Police. N’avez-vous pas demandé à ce qu’une recrudescence des contrôles soit faite pour assurer aussi la sécurité des usagers pendant leurs voyages ?

Le contrôle est fait, je vous l’ai dit plus haut. Mais une fois de plus, il reste concentré sur les missions traditionnelles. Prévention routière, sécurité routière. Les cas comme celui-ci, qui rappellent ceux des coupeurs de route qu’on a connus à une certaine époque dans la région du Nord doivent bénéficier d’une attention particulière. Pour l’instant, il est ignoré. Il faut des équipes spéciales.

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