Le mystère qui a entouré le statut de la Société d’Exploitation du Parc à Bois du Port de Douala-Bonabéri (SEPBC) pendant une vingtaine d’années est désormais percé. La filiale du groupe Bolloré, concessionnaire du terminal à bois, restera bien sur le Port de Douala-Bonabéri.
L’acte de mariage qui le lie désormais pour quinze ans avec le Port Autonome de Douala (PAD) a été signé ce vendredi à Douala par Cyrus NGO’O, Directeur Général du Port Autonome de Douala, et Jean Luc PALLIX, Directeur Général de la SEPBC (photo).
Dans un document parvenu à notre rédaction, le Port Autonome de Douala apprend que la SEPBC devrait engager des investissements d’environ 8, 559 milliards dans le renouvellement des infrastructures portuaires.
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Il s’agit « du revêtement du sol sur 100 000 m2 pour un montant de 5 026 000 000 FCFA ; de la construction de hangars sur 2 ans à partir de 2024 pour un montant de 600 000 000 FCFA ; et de l’acquisition de matériels d’exploitation (chargeuses, reachtakers, élévateurs, tracteurs…etc.) pour un montant de 2.933 000 000 FCFA », énumère l’entreprise dirigée par Cyrus NGO’O.
Par ailleurs, la SEPBC versera au Port Autonome de Douala une enveloppe de 100 millions de FCFA au titre du ticket d’entrée ; et des redevances fixes 560 millions de FCFA par an. A ce sujet, précise l’entreprise portuaire, ces redevances fixes s’appuient sur un coût du mètre-carré fixé à « 1976 F contre 1630F/m2 actuellement, pour une superficie évaluée à 28 ha ».
Au-delà de ces revenus, « le PAD percevra 2,5% du chiffre d’affaires contre 75F/m3 de bois embarqué au Port de Douala-Bonabéri; la redevance marchandise évaluée à 1200 F/m3 de bois embarqué; le partage à part égale entre le PAD et SEPBC des pénalités de stationnement ».
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Au terme de la convention de 15 ans, ce que le PAD gagnera hors redevance sur la marchandise sera de 13.56 milliards, l’État du Cameroun 29.5 milliards et le concessionnaire 10.28 milliards de FCFA.
Le bois
Filiale du groupe Bolloré, la SEPBC garde la main sur un terminal qui a connaît une activité quelque peu morose. En cinq ans, le volume de bois exporté (export long-court) a baissé de 16,57%. Selon des données officielles, le trafic est passé d’un peu plus d’1,984 millions de tonnes à seulement 1,655 millions de tonnes en 2021 (voir tableau).
Une situation qui laisse quelque peu perplexes des observateurs qui s’interrogent sur la stratégie de cette entreprise alors que le Cameroun s’apprête à promulguer une Loi de Finances particulièrement protectionniste. Notamment pour ce qui est de l’importation des bois de grumes.
Par exemple, le document voté par les députés (il n’attend plus que la promulgation du Président de la République) prévoit que « le taux du droit de sortie applicable aux bois de grumes est fixé à 60% de la valeur FOB du volume de l’essence. Ce taux s’applique également à l’entrée des bois en grumes dans les points francs industriels » (cf. article onzième al. C).
Accusations
Pour d’autres observateurs avertis, en signant avec la SEPBC, le Port Autonome de Douala a en quelque sorte sorti du maquis une entreprise présente sur le terminal à bois depuis plus de 25 ans sans statut. Un statut qui a d’ailleurs été l’objet d’une enquête de la Commission Nationale anti-corruption.
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Chez Bolloré, des sources généralement bien informées laissent entendre que le contrat de concession du Terminal Bois du Port de Douala (TBPD) entre Bolloré Africa Logistics et le Port autonome de Douala sera mis en œuvre par une « nouvelle structure (qui) reprend le patrimoine de la Société d’Exploitation des Parcs à Bois du Cameroun (SEPBC) pour une durée de 15 années ».