L’aéroport de Ngaoundéré pris d’assaut par les troupeaux de bœufs

Depuis quelques mois, l’aéroport de Ngaoundéré savoure de nouveaux équipements installés grâce à l’appui financier de l’autorité de l’aéronautique civile (CCAA). Si ces infrastructures modernes lui permettent de contrôler les airs, la place aéroportuaire de la région château d’eau du Cameroun n’a pas encore tout le contrôle sur terre. En fait, l’emprise de l’aéroport continue d’être prise d’assaut des troupeaux de bœufs.

Alexandre Biboum, le Commandant de l’aérodrome de Ngaoundéré, explique que ce sont les vastes étendues de terres et d’herbes de l’aéroport qui attirent ces nombreux cheptels bovins. Les bergers qui rentrent dans la zone aéroportuaire y trouvent un précieux pâturages pour leurs bêtes. Encouragés dans leur quête par l’absence de clôture pour délimiter et protéger le périmètre aéroportuaire.

« Tout le temps, il faut faire face à des petits enfants de moins de 13 ans, qui ne s’expriment d’ailleurs pas en Français, et qui traînent des troupeaux de 50 bœufs. Nous sommes souvent obligés de passer par le commandant de brigade qui leur parle le Fufuldé, afin de leur dire de faire attention » Alexandre Biboum dans une interview accordée au trihebdomadaire « L’œil du Sahel ».

Eviter de voir les avions atterrir sur des bœufs, c’est la hantise de l’administration de cette place aéroportuaire en pleine restructuration. En cas d’occupation de la piste d’atterrissage ou en cas de problème lors de l’amorce de l’atterrissage final, les pilotes ont le réflexe de remettre les gaz pour reprendre de l’altitude.

Malheureusement, ils ne perdent jamais le réflexe de rédiger ce qu’on appelle un « air miss », qui génère des pénalités, parce qu’il a consommé le kérosène. « Et on doit payer. Le bouvier qui était sur la piste ne sera même pas inquiété, mais c’est l’autorité aéronautique qui va assumer. Par conséquent, l’Etat va aussi en pâtir. Au pire des cas, s’il y a crash, c’est une autre affaire », se plaint le Commandant de l’aérodrome de Ngaoundéré.

Mais il n’y pas que les bœufs. En plus d’être envahi par les animaux, la piste d’atterrissage de l’aéroport de Ngaoundéré sert aussi de route pour des piétons et des motocyclistes. Ils traversent la pistent à la recherche de bois, ou pour se rendre dans leurs champs.

Remettre la piste d’atterrissage aux avions, et renvoyer les bœufs et les piétons hors du périmètre aéroportuaire, c’est ce à quoi s’attèle la direction de l’aéroport de Ngaoundéré. « …nous avons pris des dispositions pour la sécurité et la sûreté. Chaque matin, les pompiers font la visite des pistes parce que dans la nuit, une personne peut y déposer son fagot de bois ou un bœuf peut être mort, etc. Après, ils prennent position dans les points stratégiques définis pour que tout moto-taximan ou piéton qui veut traverser soit stoppé. Enfin, cinq minutes avant l’atterrissage, les pompiers refont la visite des pistes pour dénicher des intrus », conclut le Commandant de l’aérodrome de Ngaoundéré.