Voir de ses propres yeux ce qui se passe sur la route Batchenga-Ntui-Yoko-Léna-Tibati. C’est la raison qui justifie la présence, au Cameroun, de Joseph Kouassi N’guessan, le Chef de la division infrastructures de la Banque africaine de développement (BAD). Le projet, financé par l’institution qui l’emploie, est à la traîne depuis son démarrage il y a deux ans (en 2017). Notamment sur les Lots 2 et 3, attribués à l’entreprise ELEVOLUTION. En février dernier, le compteur affichait un taux de réalisation de seulement 4,56% pour un taux de consommation des délais de 53,97%. L’installation de chantier était à 17%, les travaux préparatoires à 20%, les travaux de terrassement à 08%. Même au niveau de la base-vie administration, seulement 35% des œuvres étaient réalisées. Du retour du terrain cinq mois plus tard, Joseph Kouassi N’guessan a plutôt un caillou dans la gorge. Malgré plus de 10 milliards de FCFA déjà encaissés, ELEVOLUTION n’a pas évolué. Sur le terrain, le climat social avec les populations est tendu. Bref, conclut l’émissaire de la BAD, « La Banque et le gouvernement sont d’avis que les prestations de cette entreprise sont en deçà des attentes. Elles ne sont pas en adéquation avec ce qui est prévu dans les dispositions contractuelles. Naturellement, il faut tirer les conséquences de tout ça ». Pour maintenir le niveau de service sur ce chantier, le Cameroun et ses partenaires au développement pourraient envisager un redécoupage des lots. Les marchés attribués à ELEVOLUTION étant trop lourds (plus de 90 km), les lots pourraient être ramenés à de petits projets de 20 ou 30 km. L’objectif étant d’achever les travaux de manière à ce qu’il n’y ait pas de coupure entre les deux lots attribués à cette entreprise. Faut-il le rappeler, les travaux évoluent de manière satisfaisante sur le lot 1, Batchenga-Ntui, Yoko-Lena presque achevé, et Yoko-Tibati.
Vous venez d’effectuer une visite sur les chantiers de la section Batchenga-Ntui-Yoko-Léna de la Route nationale N°15. Pour faire le point des travaux de ces infrastructures réalisées notamment grâce aux financements de la Banque africaine de développement (BAD). Pouvez-vous nous faire un point des constats que vous avez fait sur le terrain ?
Nous venons d’échanger avec monsieur le ministre des Travaux publics et ses équipes sur la restitution de notre mission de terrain. Avant que je ne parte en compagnie de l’ensemble des autres partenaires impliqués dans ce projet sur le terrain, j’avais déjà échangé avec monsieur le ministre sur ce qu’on envisageait de faire pour relancer cette opération majeure. Lorsque nous nous sommes redéployés sur le terrain, on s’est rendu compte que du point de vue de l’état d’exécution physique des travaux sur le terrain, nous constatons un retard assez important pour ce qui concerne spécifiquement les lots N°2 et 3 sur la section Batchenga-Léna.
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Nous avons échangé avec l’ensemble des acteurs. Notamment les autorités locales, les populations bénéficiaires, qui nous ont fait part de leur sentiment de mécontentement sur le retard observé. Nous avons essayé, avec les équipes de l’administration, de rassurer ces populations que la BAD et le gouvernement sont à leurs côtés pour trouver les solutions nécessaires et relancer efficacement cette opération.
Cela passe effectivement par une évaluation de la prestation des contractants qui sont sur le terrain, et de leurs capacités réelles à exécuter ces travaux. Ceux qui sont performants pourront rester, ceux qui le sont moins n’ont donc plus la possibilité de rester sur le terrain. Cela fait partie des mesures que le ministère des Travaux publics, Maître d’Ouvrage, va prendre et présenter à la communauté des partenaires qui feront l’objet d’une mise en œuvre pour permettre qu’on puisse relancer ce projet.
Pour être clair, peut-on dire que le dossier de l’entreprise Elevolution sur ces chantiers est clos ?
Je voudrai signaler que c’est une décision qui appartient au Maître d’Ouvrage. La Banque et le gouvernement sont d’avis que les prestations de cette entreprise sont en deçà des attentes. Elles ne sont pas en adéquation avec ce qui est prévu dans les dispositions contractuelles. Naturellement, il faut tirer les conséquences de tout ça.
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Il est évident que le ministère, Maître d’Ouvrage en est parfaitement conscient. Il n’hésitera pas à prendre les mesures les plus appropriées pour faire en sorte que ceux qui ne sont pas performants ne puissent pas rester sur le chantier. Ça fait partie des détails techniques pour lesquels la banque reste dans l’attente des propositions qui vont être faites par la partie gouvernementale. Nous avons convenu de ce qu’il y a lieu de faire ensembles pour faire avancer ce projet.
Le ministre des Travaux publics a notamment proposé un redécoupage des tronçons pour permettre que les entreprises n’aient plus une charge lourde sur ce tronçon. Comment appréciez-vous cette proposition ?
Ça fait partie de la réorganisation technique. Comme vous le savez, c’est un projet lourd. C’était le premier programme d’investissement phase I de notre programme. Je rappelle que nous intervenons désormais dans le pays selon l’approche programmatique. Effectivement, on s’est retrouvé avec des lots extrêmement importants. Notamment le Lot N°2 qui ne fait pas moins de 96 kilomètres. Naturellement, les discussions vont porter sur comment réallouer, ou re-lotir le projet pour permettre à ce qu’on puisse avoir un saucissonnage qui permet un redéploiement, et une gestion efficace sur le terrain. Pour confirmer ce que vous dites, ça fait partie des mesures qui pourraient être prises par le Maître d’Ouvrage.
Interview réalisée par Frégist Bertrand TCHOUTA
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