Après un peu plus de trois mois de blocages dus à la crise sanitaire, les activités reprennent au Port Autonome de Kribi (PAK). Après les travaux de la deuxième phase qui ont repris il y a près d’une semaine, le PAK recommence à envisager « plus que jamais » la construction d’un terminal minéralier. En attendant le closing, Yves MELINGUI, Chef de la Cellule de l’Ingénierie Financière au Port Autonome de Kribi, sait déjà qu’ « Il s’agira de réaliser les éléments de structure communs à toute infrastructure portuaire tels que le mur de quai ou les terre-pleins. La particularité viendra des équipements de manutention et des superstructures qui devront être adaptés aux minerais à stocker et à traiter. Ainsi, dans un tel terminal, vous trouverez généralement des silos à minerai, des trémies ou des bandes transporteuses ». D’ailleurs, certaines entreprises ne semblent pas prêtes à attendre la construction du terminal minéralier pour faire passer leur fer par Kribi. C’est le cas de AVIMA Iron Ore Ltd qui a signé un MOU avec le PAK en juin dernier pour la réception, le stockage et le chargement du minerai de fer (DSO-Minerai d’exploitation directe à forte teneur de fer). Dans cette interview, Yves MELINGUI fait le point sur cet important projet, et présente ses avantages pour l’économie camerounaise.
Le projet de construction d’un terminal minéralier est-il toujours envisagé au PAK ?
La construction d’un terminal minéralier est plus que jamais envisagée ! Il faut toujours garder à l’esprit que la vocation principale du Port de Kribi est de permettre la mise en valeur des nombreuses ressources minières dont regorgent le pays et la sous-région CEMAC dans son ensemble (Nord-Gabon, Nord-Congo).
Concrètement, qu’est-ce qu’il faut réaliser sur ce terminal ?
Il s’agira de réaliser les éléments de structure communs à toute infrastructure portuaire tels que le mur de quai ou les terre-pleins. La particularité viendra des équipements de manutention et des superstructures qui devront être adaptés aux minerais à stocker et à traiter. Ainsi, dans un tel terminal, vous trouverez généralement des silos à minerai, des trémies ou des bandes transporteuses.
D’où viendraient les financements pour réaliser ces investissements ?
Il a été envisagé un schéma en Build-Operate-Transfert (BOT), avec le financement, la construction et l’exploitation du terminal par des partenaires privés avant sa rétrocession à la partie publique. Ce financement intégral par le privé est possible, dans le cas d’espèce, car le terminal minéralier s’inscrirait dans un projet logistique et industriel intégré ainsi qu’un modèle économique d’ensemble, incluant la mine et le transport routier ou ferroviaire.
Quels avantages ou plus-values avec le partenariat AVIMA ?
D’un point de vue de l’image de marque du PAK, le partenariat avec AVIMA Iron Ressources permet de mettre en valeur l’attractivité du port de Kribi pour l’implantation des projets industriels et miniers. A cet égard, il y a lieu de souligner qu’AVIMA disposait d’une alternative par le Port d’Owendo mais a manifestement privilégié la solution Kribi. D’un point de vue des avantages plus tangibles et quantifiables, ce partenariat offre des perspectives de trafic intéressantes pour le terminal polyvalent du port de Kribi. Avec la montée en puissance de l’exploitation minière, il est envisagé la construction d’un terminal spécialisé, lequel pourrait être ouvert à d’autres trafics minéraliers, à l’instar du projet de fer de Lobé, dans la localité de Kribi.
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Quid du projet CAM IRON visant l’exploitation du fer de MBALAM ?
L’exploitation du fer de MBALAM est un projet stratégique pour le Cameroun, et dont l’envergure globale est quasiment équivalente à celle du Complexe Industrialo-Portuaire de Kribi dans son ensemble. On parle tout de même de 6 milliards USD d’investissement, incluant les installations minières ; le chemin de fer et le terminal minéralier. Compte tenu de sa complexité et du fait que le marché du fer soit moins porteur aujourd’hui qu’il y a une dizaine d’années, le lancement d’un tel projet est beaucoup plus difficile que celui des projets de taille plus modeste. Néanmoins, d’après nos informations, le gouvernement est en train de rechercher un partenaire chinois qui garantirait l’off-take, c’est-à-dire l’achat du fer, et rendrait le projet bancable. Il convient de préciser que la Chine consomme à elle seule deux-tiers de la production mondiale de fer. Par conséquent, la viabilité d’un projet comme MBALAM nécessite une assez forte implication de l’Empire du Milieu !
Interview Publiée dans La Lettre du PAK
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