Sur la route qui relie Garoua à Yaoundé, c’est dans notre « bougna » que le Directeur général des Douanes a pris place. Avec nous, Fongod Edwin Nuvaga a profité des plus de 860 km qui relient la capitale régionale du Nord à la capitale régionale du Centre pour faire le point sur les performances de l’administration qu’il a la charge de gérer, mais aussi pour dévoiler quelques lignes de la stratégie qu’il compte mettre en place pour permettre à la Douane d’atteindre les objectifs fixés par le gouvernement au cours de l’exercice budgétaire 2018. A savoir porter les recettes douanières à 800 milliards de FCFA. L’occasion de cette interview n’est pas fortuite. La ville de Garoua qu’il vient de quitter, a été, le temps d’une journée, le centre de réflexion de la stratégie de la DGD pour le reste des six mois de l’année. Ici, le directeur général a réuni tous ses généraux (responsables des services centraux, Chefs de Secteurs des Douanes, Chefs de Bureaux Principaux des Douanes Hors Classe Chefs de Bureaux Principaux des Douanes et Chefs d’unités). Objectif, mettre en place le plan de bataille pour ramener les près de 438 milliards de FCFA qui restent à mobiliser (extraits du discours). Dans cet élément, bougna vous propose de faire le point sur les performances de la Douane, et lève le voile sur les perspectives à court terme de cette administration.
Vous venez de présider dans le Nord, à Garoua, la troisième réunion de coordination des responsables des services centraux et déconcentrés de la Direction générale des Douanes. C’est une grande première, puisqu’on sait que habituellement, c’est dans le grand SUD, notamment à Yaoundé, qu’ont souvent été organisés ce genre d’événement. Pourquoi avoir choisi le Nord ?
Je voudrais avant de vous répondre, témoigner ma profonde gratitude à monsieur le Gouverneur de la Région du Nord qui a accepté de présider l’ouverture des travaux en dépit de son agenda fort chargé. Sa présence parmi nous témoigne de l’accompagnement qu’il apporte au quotidien aux unités douanières de son ressort de commandement. Je remercie, tout aussi particulièrement, monsieur le Délégué du Gouvernement auprès de la Communauté Urbaine de Garoua, pour l’accueil, l’hospitalité.
Pour répondre à votre question, c’est le ministre des Finances qui a bien voulu autoriser la tenue de cette réunion de coordination des services centraux et déconcentrés de la Direction Générale des Douanes à Garoua, chef-lieu de la région du Nord. Il s’agit d’un choix stratégique justifié trois facteurs plus ou moins liés.
Premièrement, il s’agit pour la Direction générale des Douanes de renouer avec la rotation des réunions de coordination. Comme vous l’avez dit, par principe, celles-ci se tiennent à Yaoundé, siège de la Direction Générale des Douanes. Par dérogation, ces réunions se déroulent en dehors comme ce fut le cas en 2009 à Limbé et en 2010 à Douala. Garoua est ainsi la 3ème ville, en dehors de Yaoundé, à accueillir la réunion de coordination des services centraux et déconcentrés de la Direction Générale des Douanes.
Deuxièmement, le Secteur des Douanes du Nord présente des performances budgétaires et non budgétaires exceptionnelles, notamment avec la réouverture des frontières avec le Nigéria et la remontée des flux de marchandises en transit. Il est question de toucher les réalités du terrain et d’encourager les initiatives porteuses de résultats. Le programme de ma visite de travail prévoyait une descente au Bureau Principal des Douanes Hors Classe et à la Brigade Commerciale de Gashiga, une descente à la Brigade Mobile de Demsa et une descente au débarcadère de Djamtari. Nous n’avons pas eu l’occasion de faire le tour du propriétaire, mais le Chef de Secteur des Douanes du Nord, pendant les travaux, nous a immerger dans la plénitude de cet environnement de travail.
Troisièmement enfin, la lutte contre la fraude et la contrebande est sanctionnée par des saisies spectaculaires de la part des unités opérationnelles du Secteur des Douanes du Nord. En l’espace de quelques semaines, les opérations spéciales de surveillance douanière ont, avec l’appui des autorités administratives, judiciaires et des forces de défense et de sécurité, donné de résultats importants concernant la lutte contre la fraude et la contrebande des véhicules. Pourvoyeuse d’importantes recettes douanières, cette matière ne doit plus échapper à notre vigilance. Elle mérite une attention et une action concertée.
Je puis souligner qu’il y’a quelques mois, le Secteur des Douanes du Nord, après autorisation de Monsieur le Ministre des Finances, a organisé une cérémonie de remise de dons en marchandises diverses de grande consommation aux ONG et associations humanitaires locales.
Au-delà de la valeur symbolique de la rencontre, il y a les questions de fond. Les performances de l’administration dont vous avez la charge, et la stratégie que vous mettez en œuvre pour atteindre les résultats fixés dans le cadre de la Loi de Finances 2018. A savoir, atteindre des recettes douanières de 800 milliards de FCFA. La réunion de coordination a-t-elle abordé ces questions ?
Effectivement. Les travaux de la présente réunion de coordination visent les objectifs suivants : Présenter les performances de recettes douanières au 1er semestre 2018 ; définir des stratégies à court terme pour la mobilisation optimale des recettes ; échanger sur les défis et les enjeux par Secteur des Douanes ; évaluer les opérations d’appui aux politiques de développement ; et évaluer l’état de mise en œuvre de la matrice d’actions des Douanes.
Je dois, avant de poursuivre, vous rappeler que ces travaux sont ouverts aux responsables des services centraux de la Direction Générale des Douanes, aux Chefs de Secteurs des Douanes, aux Chefs de Bureaux Principaux des Douanes Hors Classe des Régions de l’Adamaoua, du Nord, de l’Extrême-Nord, de Douala Port III, de Tiko, de Bertoua et de Garoua-Boulai, ainsi qu’aux Chefs de Bureaux Principaux des Douanes et Chefs d’unités d’active du Secteur des Douanes du Nord. En mettant en commun ces intelligences, nous espérons trouver la recette pour atteindre le cap de 800 milliards de FCFA de recettes douanières attendues au titre de l’année budgétaire 2018.
Au premier semestre 2018, la DGD a présenté des recettes de 362 milliards de FCFA base caisse. Par rapport au premier semestre 2017, les chiffres sont en progression de 24,4 milliards de FCFA. Mais par rapport aux attentes sur l’ensemble de l’exercice budgétaire, on peut considérer que la Douane est en retard. Parce que parvenu en milieu d’année, les recettes n’ont pas atteint la moitié des prévisions. Etes-vous inquiets ou sereins à ce sujet ?
La Direction Générale des Douanes a réalisé 362 milliards FCFA de recettes (base caisse) au 1er semestre 2018 contre 337,6 milliards FCFA à la même période en 2017, soit une hausse de 24,4 milliards FCFA en valeur absolue et 7,2% en valeur relative. Ce qui peut déjà être considéré comme une prouesse dans le contexte difficile qui est le nôtre.
Le contexte, puisqu’on en parle, sera marqué en ce 2ème semestre par la 3ème année d’application de l’Accord de Partenariat Economique Cameroun/Union Européenne, avec un impact fiscal réel. En effet, les marchandises éligibles au régime préférentiel de l’APE Cameroun/Union Européenne sont soumises aux taux de démantèlement tarifaire ci-après depuis le 04 août 2018 : les marchandises du 1er groupe passent de 50 à 75%, tandis que les marchandises du 2ème groupe passent de 15 à 30%. Les listes desdites marchandises peuvent d’ailleurs être consultées et téléchargées sur les sites Internet du Ministère des Finances (www.minfi.gov.cm) et de la Direction Générale des Douanes (www.douanes.cm).
Il apparaît donc impératif d’exploiter toutes les niches et tous les adjuvants possibles, dans l’optique d’une plus grande mobilisation des recettes douanières, mais aussi dans l’optique d’assurer un haut degré de surveillance du territoire, tout en accompagnant la compétitivité du secteur privé.
La présente réunion de coordination que nous avons tenue est décisive pour l’Administration des douanes. En effet elle se situe dans la ligne de mire du 2ème semestre de l’année en cours, avec des défis, des enjeux et des attentes plus pressants, que vous avez signalé à juste titre.
Pour les secteurs des douanes du septentrion en général et celui du Nord en particulier, le challenge demeure celui de la lutte contre la contrebande et plus généralement le commerce illicite. Dans ce cadre, le ministre des Finances vient de marquer son accord pour une mission HALCOMI 3 avec pour objectif d’appuyer les unités des douanes des Secteurs de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême Nord dans la lutte contre le commerce illicite.
Nous n’allons pas mener ce combat seuls. C’est le lieu pour moi de solliciter une fois de plus de Monsieur le Gouverneur de la Région du Nord et de toutes les parties prenantes au commerce extérieur de soutenir davantage nos unités opérationnelles engagées dans la protection de la société et la préservation des intérêts du trésor public.
[…] Fongod Edwin Nuvaga : « Nous allons exploiter toutes les niches… […]