Président de l’association Securoute, spécialisée dans la sécurité routière au Cameroun, il fait partie des rares acteurs de la société civile à avoir participé à l’élaboration de l’étude sur la sécurité routière menée par l’Onu, et présentée à Yaoundé par Jean Todt. En tant qu’expert des questions de sécurité routière, il sait qu’une bonne partie des accidents de la circulation causés sur nos axes routiers sont causés par des camions laissés en panne en bordure de route. Dans cette interview exclusive accordée à bougna.net, il dévoile un pan du programme en cours de réalisation. Un programme dont l’objectif est d’éviter que des pannes anodines et parfois négligées, continuent à coûter la vie à des centaines de camerounais.
Jean Todt, le responsable des questions de sécurité routières à l’Onu a séjourné au Cameroun il y a quelques jours. Il est venu présenter un rapport sur la sécurité routière, réalisé par l’organisme international avec la collaboration des acteurs nationaux. Que peut apporter cette visite en termes de changement, dans un Cameroun où l’insécurité routière a atteint un niveau critique ?
Je voudrai d’abord rappeler que Jean Todt, l’envoyé spécial, est à sa deuxième année d’exercice du pouvoir. Le Cameroun a été choisi comme pays pilote avec l’Ouganda, pour expérimenter la sécurité routière. Notre pays a été sélectionné, parce que nous avions fait un certain nombre de bonnes pratiques et les Nations unies sont venues faire un rapport d’évaluation des programmes de sécurité routière. A partir de ce rapport, nous allons identifier certaines faiblesses qui seront corrigées avec l’appui de leur système.
Est-ce que les organisations non gouvernementales, qui participant à la mise en place des actions de sécurité routière, ont été consultées dans le cadre de cette étude ?
Absolument. Il y a pratiquement six leaders d’associations y compris moi-même, qui ont été audité dans le cadre du réseau d’association de sécurité « le coaliroute ». Les inspecteurs sont venus nous rencontrer et nous avons donné notre vision. N’oubliez pas que monsieur Todt est une personnalité issue de la société civile, parce que c’est le président de la fondation de l’automobile. Donc il accorde une importance particulière et capitale à la société civile dans le développement de la sécurité routière dans le monde.
Au cours de ces audits, au cours de la visite des inspecteurs de l’Onu au Cameroun, quel est le message que vous leur avez donné ? Quel état des lieux ?
Je ne veux pas dévoiler les secrets. Parce que le président de coalition de l’association sécurité routière dont je suis, sera reçu en audience demain à 13h au Hilton. En attendant, nous allons dans le cadre de l’atelier, juste présenter ce que nous faisons au quotidien. A savoir la sensibilisation des conducteurs, des riverains, des piétons, pour le changement des comportements des uns et des autres sur la route.
Depuis 2018, les gros engins sont impliqués dans au moins un accident sur deux. C’est un problème parce que les auto-écoles aujourd’hui, pour la plupart, ne disposent pas de matériel pour encadrer les apprenants sollicitant un permis de conduire. Etes-vous conscient de cela ? Avez-vous fait des propositions au moins pour cette étude ?
Le problème est connu. Et sans langue de bois, je dirais que c’est un risque majeur sur nos routes. Face à cette situation, un projet a été lancé visant à acquérir des engins qui vont tracter des camions en panne sur les routes. Il était aussi question dans ce projet, de créer des parcs de repos et des centres vie pour les chauffeurs. La première étape a été faite. Les engins ont été acquis. Et ces engins sont aujourd’hui au Matgénie pour homologation. Parallèlement, nous sommes en train de proposer, nous acteurs de la société civile, que le remplacement de bus qui est en train de s’opérer en ce moment et toutes ces routes qui sont en train d’être créées en dehors de la voie, puissent être maintenus afin que ça serve de parking aux camions qui tombent en panne.
Ce que vous avez relevé est un risque majeur. Il y a moins de 10 jours, que nous déplorons la mort du Sous-préfet de Figuil avec une partie de sa famille. C’est une situation extrêmement grave et nous sensibilisons les camionneurs de faire en sorte que l’état technique de leur véhicule soit suivi. Mais en tout état de cause, il y a une politique de rajeunissement du parc automobile des cars de transports professionnels et des camions qui doit être mise en place. Parce que la moyenne d’âge des camions est de quarante ans. C’est une situation très grave. Si rien n’est fait, nous enregistrerons beaucoup de morts sur nos routes, à cause des camions en état technique déplorable.
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