Pourquoi l’Onu veut voir le Cameroun réadapter le fonctionnement du Fonds routier ?

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Dans son rapport sur la sécurité routière au Cameroun rendu public au cours de ce mois d’août, l’Organisation des Nations Unies (Onu) souhaite voir le Fonds routier réadapter son fonctionnement pour répondre de manière optimale au déficit d’infrastructures routières. Cette sorte de caisse du gouvernement (créée en 1996) qui assure le financement d’une part, des programmes de protection du patrimoine routier national, des programmes de prévention et de sécurité routières, d’entretien du réseau routier, et d’autre part, des opérations de réhabilitation et d’aménagement des routes. Ceci, au moyen de deux guichets distincts et indépendants, à savoir le guichet « Entretien » destiné à l’entretien routier et le guichet « Investissement » destiné à la réhabilitation et à l’aménagement des routes et voiries urbaines.

Depuis 2013, note le rapport intitulé « Évaluation de la performance en matière de sécurité routière (EPSR) Cameroun », cette caisse de financement des routes bénéficie d’un appui annuel de près de 2,5 milliards de FCfa de l’Etat. « Des ressources importantes mobilisées pour le développement de la sécurité sur les routes… (mais qui Ndlr) n’ont malheureusement pas été utilisées avec efficacité et efficience, parfois à causes de la rigidité des conditions d’éligibilité des mesures à financer », estime l’Onu dans son évaluation.

Approché par bougna.net, le Fonds routier n’a pas souhaité réagir à cette étude. Mais le rapport annuel pour le compte de l’exercice 2016 nous permet d’avoir une idée des fonds obtenus et décaissés par le bras séculier de l’Etat et destinés au financement des travaux routiers. Par exemple, sur le budget, « Le Comité de Gestion du Fonds routier a approuvé les programmes des ordonnateurs et a adopté le budget de fonctionnement par la résolution n°0001/ FR/PCG/CG/ADM/DCO/2016 du 08 février 2016 sur la base d’une enveloppe plafonnée à 60 milliards de FCFA, à percevoir au titre de la Redevance d’Usage de la Route (RUR) », écrit l’institution.

Au 31 décembre 2016, les engagements souscrits par les ordonnateurs et validés par le Fonds routier en exécution de ce budget (y compris les ressources antérieures) ont atteint plus de 104, 544 milliards de FCFA. Pour des engagements d’environ 68, 521 milliards de FCFA.

A la lecture du rapport du Fonds routier, on note que le taux d’engagement global au cours de cette période est de 66% contre les 55% de l’exercice précédent, soit une hausse de 11 points. « Ce taux aurait pu se situer autour de 85% si le projet de marché du MINTP relatif à l’entretien confortatif de la Route nationale n°2 (Yaoundé-Mbalmayo-Ebolowa) d’un montant de 20 milliards avait été engagé », lit-on dans le document.

Qu’a fait le Fonds routier de tous ces financements obtenus ? Paul Elung Che, Président du Comité de gestion explique. « Soucieux de répondre aux attentes de plus en plus grandissantes des usagers de la route, les pouvoirs publics ont mis en place, au cours de l’année 2016, une approche d’entretien routier à forte valeur ajoutée, dont les résultats sont d’ores et déjà visibles sur nombre d’axes routiers. Il s’agit de l’entretien confortatif. En effet, ces travaux de maintenance du réseau routier permettront à terme d’améliorer significativement le niveau de service de l’infrastructure et d’assurer par le fait même la sécurité et le confort des usagers ». Sont concernés par ces travaux, les tronçons Ngaoundéré – Garoua et Yaoundé-Douala-Limbé-Idenau. « Pour ces travaux d’entretien périodique lourd, des marchés d’un montant total d’un peu plus de 18 milliards de FCFA ont reçu le visa du Fonds Routier et les paiements sont en cours », ajoute-t-il.

Pourquoi reste-t-il une inadéquation entre financements et réalisations ? Le Président du Comité de gestion défend l’institution. « Au-delà des approches novatrices mises en œuvre, le Fonds Routier continue de faire face à des problèmes de trésorerie majeurs, dans un contexte marqué par des enjeux sécuritaires importants. Au cours de l’année écoulée (2015), des seuils de 10 milliards de FCFA de décomptes en instance pour absence de trésorerie ont été atteints. Une situation qui érode inéluctablement la confiance et la crédibilité autour de la signature du Fonds Routier, sans oublier l’impact sur la performance de l’entretien routier et sur les petites et moyennes entreprises locales ».

Pour rappel, au cours de l’exercice 2016, Le MINTP a affiché un taux d’engagement de 65%, en hausse par rapport à celui de l’exercice précédent qui se situait à 56%. Le MINHDU a engagé 81 % de son budget, en hausse significative de 17 points par rapport à l’exercice précédent qui présentait un taux de 64%. Le MINT a engagé 31%, en hausse de 10 points par rapport à l’exercice précédent qui affichait un taux de 21%.

Pour apporter des solutions durables au déficit d’infrastructures routières du Cameroun, le rapport de l’Onu sur la sécurité routière recommande « une utilisation plus adaptée des ressources du Fonds routier ». Ceci pourrait par exemple passer par une implication des autres acteurs nationaux. A l’instar du secteur privé, pour le financement de la sécurité sur les routes. « Le passage à un Fonds de deuxième génération, dont le très haut accord formel du Chef de l’État a été obtenu en avril 2016 et pour lequel des discussions se poursuivent au sommet de l’État, constitue sans aucun doute, une solution pérenne au financement de l’entretien routier au Cameroun », conclut Paul Elung Che.

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