Depuis deux ans, c’est sur les épaules de ce jeune trentenaire que repose la réforme du Permis de conduire. Nommé à la Direction des Transports terrestres en juillet 2016, Divine Mbamome Nkendong est sur le point de gagner un pari présenté comme perdu d’avance. Celui de la mutation du permis en carton, en un permis de conduire informatisé, dont la fabrication imposait l’automatisation de tout le système de production. Pour rappel, le nouveau système imposait l’informatisation du fichier des auto-écoles, la production automatique de la liste des candidats à l’examen du Permis de conduire, la production automatique des épreuves d’examen, pour ne citer que ceux-là. Un an après la mise en exécution de la réforme du Permis de conduire (en août 2017), Divine Mbamome Kendong remonte au volant du véhicule qui lui a été confié il y a deux ans. Dans cette interview accordée à « Transports Magazine », celui qu’on peut appeler « Monsieur Permis de conduire » fait le bilan des actions menées à la fois au ministère des Transports, mais sur le terrain.
Monsieur le directeur, depuis 2016, le ministère des Transports a entrepris la réforme du permis de conduire. Pouvez-vous nous présenter l’environnement global de cette réforme ?
La réforme du permis de conduire, vise à assainir le circuit d’obtention et de délivrance du permis de conduire, conformément à l’objectif spécifique n°5 de la Stratégie Nationale de Sécurité Routière, en permettant à ce que, seules, les personnes qualifiées, ayant suivi une formation appropriée à la conduite automobile, et détentrices d’un permis de conduire authentique puissent être autorisées à conduire les véhicules.
Pouvez-vous retracer pour les lecteurs de Transports Magazine, l’historique du permis de conduire au Cameroun ?
Concernant l’historique du permis de conduire au Cameroun, il convient de préciser que deux 02 types de permis de conduire ont été utilisés avant la réforme lancée en 2015. Il s’agit du permis de conduire en carton et du permis de conduire informatisé. S’agissant du permis de conduire en carton, ce dernier est resté en vigueur jusqu’en 2014. En ce qui concerne le permis de conduire informatisé, ce dernier est entré en vigueur à partir de 2014 jusqu’à nos jours. Elle a ainsi bénéficié, avec la nouvelle réforme, d’ajouts d’éléments de sophistication tant sur le plan de la durabilité que sur le plan de la sécurité.
Au bout de sa formation, l’aspirant à la conduite automobile se voit attribuer un permis de conduire dont le support est désormais sécurisé. Quels sont les éléments descriptifs du nouveau permis de conduire et qu’est-ce qui fait la différence avec l’ancien support?
Parmi les éléments descriptifs du nouveau permis de conduire, nous pouvons relever deux essentiels: premièrement, le support du permis de conduire est désormais constitué de matériaux composite dont la durabilité est de 10 ans, et suivant la norme standard de l’organisation internationale (ISO-18013-1) Deuxièmement, la sécurité renforcée à travers l’ajout de 14 nouveaux éléments de sécurité à savoir : les guilloches, un motif très complexe multicolore généré par une formule mathématique, qui est pratiquement impossible à reproduire à la photocopieuse ou à recréer numériquement ; le numéro de série, le code QR, la signature du détenteur du permis, l’encre OVI qui offre un niveau de protection élevé, car la couleur de l’encre varie selon l’angle de vue, l’impression à l’aide d’une encre qui brille sous une lampe à rayons ultraviolets ; l’impression de micro texte, visible uniquement à l’aide d’une loupe et d’autres différences que je ne puis lister ici pour des raisons de sécurité.
Depuis la mise en œuvre de cette réforme, comment jugez-vous sa conduite jusqu’ici ?
Depuis la mise en œuvre de cette réforme, nous pouvons affirmer au regard de son évaluation pratique que sa conduite est satisfaisante.
Les structures de formation à la conduite automobile sont appelées à jouer un rôle de premier plan pour relever les défis du nouveau permis de conduire. Comment sont-elles désormais organisées et quel jugement portez-vous sur leurs capacités opérationnelles ?
Les structures de formation à la conduite automobile ont été formées à la prise en main de toutes les composantes de la réforme et sont par conséquent au premier plan de sa mise en application. En ce qui concerne leurs capacités opérationnelles, elles évoluent au cours de chaque session.
Dans le fonctionnement des autoécoles, la question du statut des formateurs se pose également. Quelles dispositions sont prises afin que leurs revendications soient satisfaites ?
Pour satisfaire ces revendications, nous avons pris deux dispositions à savoir : la construction d’un fichier de tous les moniteurs d’auto-écoles, ainsi que la mise en place d’une convention tripartite MINT-Syndicats-CNPS pour l’encadrement socio-professionnel de tous les acteurs exerçant dans le secteur des Transports routiers y compris les moniteurs d’auto-écoles.
On constate que sur le terrain, les Camerounais ont une méconnaissance de la nouvelle réforme du permis de conduire. Qu’est-ce qui est fait pour sa vulgarisation ?
S’agissant de la vulgarisation de la réforme du permis de conduire, le personnel de l’Administration centrale, les Délégués Régionaux et Départementaux, les OPJs, les autoécoles et les Syndicats sont chargés chacun en ce qui le concerne, en dépit des canaux de vulgarisation habituels, de veiller à l’appropriation de ladite reforme par les apprenants en particulier et par la population en général.
Enfin, quelles projections pourriez-vous faire sur le nouveau permis de conduire au Cameroun ?
Le nouveau permis de conduire est adaptable à toute forme de modification future, le plus en vue, serait le système de permis à point.
Interview publiée dans « Transports Magazine »
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