Patrick Pedersen : « Le service de location de véhicules de Heetch sera lancé en mi-juillet »

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Crédit Photo: bougna.net

Il y a quelques mois, cette entreprise spécialisée dans la location des véhicules VIP a levé 22,302 milliards de FCFA (34 millions d’euros) pour financer son expansion continentale africaine. Parmi les routes qu’elle va emprunter, figurent la Côte d’Ivoire, le Sénégal, et bien sûr, le Cameroun. Au pays de Roger Milla, la start-up française compte d’abord s’installer à Douala, avant d’ouvrir des bureaux à Yaoundé, et normalement, dans les autres régions du pays. L’entreprise qui démarre ses premiers moteurs en juillet prochain, arrive dans un marché concurrentiel. Où opèrent déjà des petites structures de location de véhicules, dotées d’un parc automobile non-négligeable, et d’une clientèle certaine. Mais dans ces bruits de moteurs, Heetch apporte deux avantages imbattables. Le capital financier, et l’organisation structurelle. Concrètement, Heetch n’aura pas de véhicules propres, mais entend recruter des camerounais, propriétaires de véhicules, s’assurer du bon état de ces véhicules, de la conformité de leur qualité de conduite, et développer des techniques qui permettent de « mettre en relation un passager qui a un besoin, et une voiture qui a un chauffeur qui recherche une clientèle ». Un modèle qui n’a pas encore été développé au Cameroun. Lorsqu’on sait que l’entreprise française cible à la fois une clientèle VIP (véhicules personnels), une clientèle medium (taxis), et une clientèle pour les moto-taxis. Invité à prendre place dans notre bougna, Patrick Pedersen, le Directeur général de Heetch pour l’Afrique, fait le point de l’installation de l’entreprise. Et explique la spécificité de cette start-up qui promet de révolutionner la location de véhicules au Cameroun.

 

Vous avez réussi à lever environ 34 millions d’euros pour lancer vos investissements en Afrique. Le Cameroun fait partie des pays que vous avez inscrits dans votre portefeuille. Quelle est la spécificité de votre offre ?

La différence qu’il va y avoir dans l’offre existante aujourd’hui c’est qu’on lance une offre de taxi-moto sécurisée. C’est-à-dire qu’on ne prendra que des chauffeurs qui ont un permis de conduire, on va leur faire passer un examen de conduite de façon à valider qu’ils savent conduire effectivement. On va vérifier la qualité des motos. On va fournir un casque aux passagers et un casque aux pilotes. Et c’est maximum un passager par moto.

Bien sûr, c’est la norme en matière de transport. Un conducteur un casque. C’est prévu par le Code de la route

Oui, c’est la norme, mais pas la norme à Douala. Il y en a qui portent trois ou quatre. A partir de là, nous serons sur une offre qui sera plus chère. Parce qu’effectivement, pour qu’un chauffeur taxi-moto trouve un intérêt à utiliser Heetch, il faut qu’il soit payé la même chose quand il prend une personne que quand il en prend quatre. Nous sommes sur un service qui sera un petit peu plus coûteux que le taxi-moto classique, mais plus sécurisé.

Avez-vous déjà une idée des prix qui seront demandés aux clients ?

Le prix, on ne peut pas le dire exactement maintenant. Nous sommes en train de terminer les études au niveau du prix. Mais on peut se dire que grosso modo, on sera à peu près deux fois plus cher. Avec la sécurité, et la traçabilité du chauffeur. Et toutes les garanties possibles.

Comptez-vous adopter la même approche de recrutement avec les véhicules. En recrutant des propriétaires, et en les soumettant à vos normes ?

Effectivement. Sur les voitures, nous allons rester sur cette norme un peu plus premium. Une offre de véhicules de bonne qualité. Donc ça ne sera pas des taxis. Nous serons plus sur le créneau d’une société comme easyride, par exemple.

Ça veut dire qu’on va lancer notre offre avec une offre de voiture plutôt haut de gamme. Et une offre de moto plutôt entrée de gamme par rapport au marché qu’on peut trouver actuellement. On finira probablement entre les deux pour avoir une offre de taxi classique. Ce qui nous permettra de couvrir les trois niveaux de gamme. Voiture plutôt climatisée en bon état. Taxi classique, et taxi moto. Mais on débute sur taxi-moto et voitures haut de gamme.

Allez-vous fonctionner avec vos chauffeurs ? Ou allez-vous continuer à fonctionner comme vous le faites en Europe, avec des conducteurs qui travaillent avec vous ?

Effectivement, nous allons faire comme nous faisons en Europe. Nous n’avons pas vocation à acheter des voitures. Ce n’est pas notre métier. Notre métier c’est la gestion des communautés.

Vous arrivez dans un marché concurrentiel, où exercent déjà des entreprises qui offrent des services de location de véhicules VIP. Qu’est-ce qui fait de l’offre Heetch une particularité ?

J’ai lu votre article dans lequel vous annoncez notre arrivée. Vous avez notamment cité le cas d’AVIS Cameroun qui peut être concurrent de notre plateforme. Je n’ai pas vu d’application AVIS qui permet de commander une voiture. Il faut aller dans une agence pour avoir un véhicule chez eux. Or chez nous, ça se fait à travers une application. C’est déjà une grosse différence du point de vue du marché. C’est-à-dire que vous n’êtes pas obligés de vous déplacer vers une agence, c’est la voiture qui vient vous chercher chez vous avec le chauffeur.

La deuxième chose qu’on apporte par rapport à ça c’est que nous ne sommes pas propriétaires de voitures comme AVIS qui a son partenariat avec le groupe CFAO, notre structure des coûts fixes n’a rien à voir. Dans votre article, vous dites qu’ils ont 460 000 voitures réparties dans 5 000 points de vente, vous imaginez en termes de mobilisation financière, ce que ça peut coûter.

<<<<LIRE AUSSI SUR BOUGNA.NET : Heetech, start-up de location de véhicules VIP fait le plein de carburant, et prend la route du Cameroun <<<< 

Nous c’est une application. Et l’application permet la mise en relation entre un passager qui a un besoin, et une voiture qui a un chauffeur qui recherche une clientèle. Typiquement, je peux dire qu’un opérateur comme AVIS peut devenir notre partenaire et utiliser notre application pour faire rouler ses voitures. Nous ne considérons pas du tout AVIS comme un concurrent, mais comme un partenaire.

Une fois de plus, il faut bien comprendre que notre métier à nous, c’est assez nouveau au Cameroun par rapport à la façon dont les gens fonctionnent. Mais nous sommes d’abord une boîte de techno. Nous fournissons une technologie, une application, et ensuite, nous avons une expertise dans la gestion des communautés.

Comme je vous l’ai dit, mettre en relation un passager qui a un besoin de déplacement, et un chauffeur qui a une voiture disponible. Ensuite, notre travail c’est de trouver les bons chauffeurs et les bonnes voitures, et de faire la communication pour trouver les passagers. Une fois qu’on a fait ça, on a un business qui tourne si bien.

Quel est votre niveau d’implantation au Cameroun, et quand devrait-on assister à la mise en circulation des premiers véhicules estampillés Heetch ?

Nous avons déjà recruté un directeur général qui est en formation dans nos filiales. Il était au Maroc et Abidjan. On recrute le reste de l’équipe au mois de juin. Donc à peu près six collaborateurs recrutés d’ici fin juin. Et on lance le service mi-juillet. D’abord à Douala. Une fois que Douala aura fonctionné, on ira sur Yaoundé.

Dans les 34 millions que vous avez réussi à lever en Europe, quelle part sera réservée au Cameroun pour développer votre service ?

Non, ça ne fonctionne pas comme ça. Ça va dépendre du succès. Tout l’argent qui est utilisé pour l’Afrique, le Cameroun aura une partie. Je n’ai pas un budget aujourd’hui qui sera réservé au Cameroun.

Pour nous, tous les pays d’Afrique subsaharienne, que ce soit le Cameroun, le Sénégal ou la Côte d’Ivoire sont aussi importants. Nous allons y mettre les mêmes moyens, les mêmes équipes. Ensuite, le niveau d’investissement sera fait sur place. Une fois de plus, je ne peux pas vous répondre sur la part qui sera réservée au Cameroun. Mais on a réservé des investissements importants.

Interview réalisée par Frégist Bertrand TCHOUTA

 

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