Frank Casteleyn (DG RAZEL Cameroun) : « Sur le Pont Sanaga, RAZEL Sur le Pont Sanaga, RAZEL a battu un record du monde »

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Construire un pont au-dessus de la Sanaga ne relève pas de l’inédit au Cameroun. Mais à Nachtigal, Razel Cameroun ne cache pas sa fierté d’avoir réalisé l’inédit. « …ici, il y a quand même un record qui a été battu. Sur la longueur de poussage du hourdis en béton armé qui est un brevet RAZEL qu’on n’a jamais fait à plus de 200 mètres. Et là on l’a fait sur 400 mètres. C’est vrai, c’est deux fois 200 mètres, ce qui égale le record du monde. C’est la première fois qu’un pont est fait par poussage des hourdis », se félicite Frank Casteleyn, le Directeur général. C’est vrai, le chantier n’est pas encore achevé (le taux de réalisation affiche 77% au compteur). Mais l’ouverture du pont à la traversée à pied est un pas significatif dans la construction de cet ouvrage. D’ici à 2020, date de livraison, il reste encore du travail. Le géant des BTP espère cependant profiter de la chance (les pluies) et du coup de pouce du gouvernement pour achever son oeuvre. Pour rappel, sur les 25 décomptes émis, seulement 22 ont (à ce jour) été payés. Rencontré à Nachtigal sur les rives du fleuve Sanaga le Directeur général de RAZEL Cameroun présente la technique utilisée pour construire le pont. Et revisite les rapports qu’entretient la firme française avec les populations de Batchenga d’une part, et le gouvernement camerounais d’autre part.

La première traversée à pied du Pont sur la Sanaga à Nachtigal a eu lieu ce vendredi. Pouvez-vous nous raconter, vraiment brièvement, les étapes marquantes de la construction de cet ouvrage ?

Voir tout le monde réuni à Nachtigal, surtout les deux côtés qui se joignent, c’est un grand symbole. C’est deux peuples, deux communautés qui se réunissent avec ce pont. Pour RAZEL, c’est un ouvrage très important. Il est historique. Pour nous, qui fêtons nos 70 ans au Cameroun, c’est un grand honneur pour nous.

C’est un ouvrage de 400 mètres de long qui a été réalisé avec structure mixte. C’est-à-dire avec des poutres en acier et un hourdis en béton armé. Qui possède six piles de culées avec une portée centrale de 75 mètres. C’est la plus grande portée dans l’axe de l’ouvrage. La charpente métallique a été faite par un sous-traitant français.

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On a commencé par la réalisation des appuis pour faire circuler les six piles. Il a fallu qu’on accède dans l’eau. Les culées sont sur les rives comme vous l’avez vu. Elles sont sur les deux bords, c’est très simple. Mais les piles sont en plein dans le fleuve. Donc pour ça, on a fait des choses assez simples. On a construit deux mi-digues. Qui permettent, une première moitié de faire les trois appuis d’un côté. Quand les trois appuis ont été montés, on a détruit cette digue. Et on en a construit une autre de l’autre côté de la rivière.

Ça nous permet, dans la digue, de forer des pieux pour pouvoir encrer les fondations du pont dans le rocher. On est allé forer à travers la digue jusqu’à atteindre le rocher qui peut peut être jusqu’à 20 mètres de profondeur par endroits. On a construit des pieux en béton armé, et carroté jusqu’aux rochers pour être bien encrés. Sur ces pieux, on a réalisé une semelle de transition, sur lesquels on a posé les piles que vous voyez.

Peut-on être certains qu’en février 2020, on aura le pont achevé et livré ?

On va tout faire pour. Il reste beaucoup de choses à faire. Il y a des accès à construire de part et d’autre. Il y a des équipements à monter sur le pont. En principe, si les pluies nous le permettent, on va terminer pour fin février 2020. Ça permettra d’ouvrir la circulation.

Vous avez expérimenté une nouvelle technologie sur cette infrastructure. Pouvez-vous nous dire en quoi elle consiste ? En quoi cette infrastructure est particulière par rapport à ce que vous avez eu l’habitude de faire ?

C’est une structure assez particulière. Avec des choses assez classiques, et des techniques un peu plus modernes. C’est un ouvrage qui est d’abord très important de par sa dimension. 400 mètres. C’est très rare. C’est un ouvrage qui reste tout de même très classique de par la qualité des travaux. C’est un grand ouvrage. Si les routes aujourd’hui, pour accéder aux nord font des grands contournements, c’est justement pour éviter de construire ce pont sur la Sanaga historiquement.

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Aujourd’hui, on est capables de le faire. Ça ouvre un nouveau corridor. On a décidé d’utiliser une méthode classique parce que nous sommes pragmatiques, et on aime les choses qui ont fait leurs preuves. Nous n’avons pas envie d’utiliser des méthodes que nous ne connaissons pas.

Par contre, ici, il y a quand même un record qui a été battu. Sur la longueur de poussage du hourdis en béton armé qui est un brevet RAZEL qu’on n’a jamais à plus de 200 mètres. Et là on l’a fait sur 400 mètres. C’est vrai, c’est deux fois 200 mètres, ce qui égale le record du monde. Mais on l’a fait en doublon de chaque côté. C’est la première fois qu’un pont est fait par poussage des hourdis.

Sur le plan financier, quels sont les impacts. On sait déjà qu’on gagne près de 200 kilomètres sur l’actuelle route. Mais sur les travaux, cette nouvelle méthode nous a-t-elle permis de faire des économies ?

Il y a eu des impacts financiers qui ont été causés par la construction du barrage de Lom Pangar. Parce que les études avaient été faites avant la construction du barrage. Quand le barrage a été construit, ça a régulé la rivière. Ça nous a amené des complications. Au niveau des fondations, il y a eu quelques surcoûts. Mais sur le tablier, il n’y a absolument pas de surcoûts.

Le Maire de Ntui, dans son allocution, a évoqué un problème avec RAZEL. Celui du choix de la carrière. Il s’agit d’un problème récurrent sur les chantiers. Qu’en est-il ? Quelle solution préconisez-vous ?

Je remercie les populations pour tout l’accompagnement qu’elles ont consenti pendant la durée de ce chantier. Il y a eu, je pense, de mauvaises personnes qui ont donné de mauvaises informations aux populations pour nuire au projet. Vous savez bien que RAZEL connaît bien la réglementation, et est respectueux de la réglementation. Je pense que les populations le savent. Il ne faut pas mélanger les choses. Le projet se passe bien. La route est en train de s’ouvrir. Je suis assez satisfait des progrès que nous avons pu faire. En travaillant avec les populations localement. Toutes les petites entreprises qu’on emploie sont ici. Les ¾ de nos employés sont issus des villages des deux rives. Ils sont avec nous. Nous travaillons ensembles.

Vous n’êtes pas engagés qu’ici à Nachtigal. Vous travaillez aussi sur d’autres chantiers sur toute l’étendue du territoire national. Quelles appréciations faites-vous de vos rapports avec le ministère des Travaux publics d’une part, et l’Etat du Cameroun de manière globale ? Notamment au niveau de l’éternel problème de paiement des décomptes ?

Tout se passe assez bien. Nous avons les difficultés habituelles. Tout n’est pas toujours aussi simple. Cette année, il y a eu de gros efforts faits par le gouvernement pour payer des arriérées. Donc RAZEL fait beaucoup d’efforts, je pense. Nous sommes une entreprise citoyenne. Nous essayons d’accompagner le pays vers son progrès. Ça fait 70 ans que nous sommes là. Nous avons fêté nos 70 ans d’existence au Cameroun l’année dernière. On a l’intention de rester un peu plus.

Moi je suis un enfant de RAZEL. Je n’ai pas 70 ans. Je ne vais pas venir ici pour créer des problèmes. Après ce qu’ont fait mes aînés, je dois continuer sur leur chemin.

Entretien mené par Frégist Bertrand TCHOUTA

 

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